Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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L’inflation tenace en Suisse se reflète dans les incertitudes conjoncturelles et les prévisions des entreprises qui s’assombrissent. La grande banque Credit Suisse a une nouvelle fois semé des inquiétudes.

Les incertitudes dominent. La Bourse suisse n’a pas réussi à convaincre dans le courant de la semaine. Des données d’inflation peu réjouissantes et des perspectives mitigées d’entreprises pèsent sur le moral des investisseurs. Les titres de Credit Suisse se sont une fois de plus trouvés dans la tourmente. Jeudi, la publication du rapport de gestion a en effet dû être repoussée en raison de commentaires de la surveillance boursière américaine SEC. La bonne nouvelle de la veille, comme quoi la grande banque avait reçu les licences nécessaires pour développer ses opérations de gestion de fortune en Chine, n’a donc pas fait long feu. La situation est moins délicate pour le technicien sanitaire Geberit. D’une part, la force du franc et la hausse des coûts de production ont pesé sur le chiffre d’affaires et le bénéfice, les amenant à des valeurs inférieures à celles de l’exercice précédent. D’autre part, l’année 2023 devrait rester difficile en raison du ralentissement conjoncturel. Malgré cela, les investisseurs peuvent néanmoins se réjouir d’une légère augmentation du dividende. Après avoir réduit ses propres prévisions dès le début de l’année pour l’exercice 2022/23 qui s’achève en mars, le groupe technologique Logitech table désormais également sur un recul du chiffre d’affaires pour le premier semestre de la prochaine période sous revue. Swiss Steel, le fabricant d’acier, fait lui aussi face à un environnement défavorable. En répercutant partiellement la hausse des coûts sur les clients, il est toutefois parvenu à augmenter le chiffre d’affaires, et ce malgré un recul de la production. Dufry apporte une lueur d’espoir. Le groupe de duty free est repassé plus tôt que prévu en territoire positif. Après une année record en 2022, le fabricant de machines à filer Rieter est confronté à une baisse des nouvelles commandes. En outre, la hausse des coûts de production pèse sur sa rentabilité. Celle du groupe de médias TX Group a également fortement souffert, car les chiffres d’affaires des places de marché numériques ne sont plus compris dans son résultat. Il en résulte même une perte.

Forte hausse de l’inflation en Suisse. L’indice suisse des prix à la consommation a augmenté de 0,7 point de pourcentage en février par rapport au mois précédent. L’inflation annuelle a ainsi grimpé à 3,4%, notamment en raison du trafic aérien, de la parahôtellerie et des voyages organisés vers l’étranger. La situation s’est en revanche détendue pour les baies, les voitures neuves et le mazout. Bien que la Suisse souffre moins fortement de la hausse des prix (entre autres grâce à la force du franc), l’inflation n’est pas prête de s’estomper. Il faut donc s’attendre à ce que la Banque nationale Suisse maintienne sa politique monétaire restrictive. La prochaine décision en matière de taux d’intérêt en Suisse aura lieu le 23 mars.

L’économie tournant à plein régime, la Réserve fédérale américaine reste restrictive. Le chef de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, a indiqué cette semaine qu’il fallait s’attendre à la poursuite de la politique monétaire restrictive. L’inflation a certes reculé ces derniers mois, mais comme les données économiques sont toujours très solides et que l’activité économique s’est améliorée selon le rapport économique de la Fed, de nouvelles hausses des taux devraient être nécessaires. Les derniers chiffres du marché de l’emploi, selon lesquels le nombre de postes créés en février a été deux fois supérieur aux attentes, reflète également le fait que l’économie est en plein essor.

Le bitcoin sous pression. Des problèmes présumés de liquidité chez la crypto-banque américaine Silvergate ont fait chuté le cours du bitcoin dans le courant de la semaine, ce dernier tombant temporairement sous la barre des 22’000 dollars US. Silvergate s’est retrouvée dans le viseur du régulateur américain en raison de soupçons de fraude et de blanchiment d’argent. Ses titres ont perdu 71% rien que cette année. Par rapport au plus haut niveau en 2021, elles affichent même une perte de 98%.

L’action Adidas est stable malgré un effondrement des bénéfices. L’arrêt de la collaboration avec le rappeur Kanye West, dont la séparation entraîne encore des coûts cette année, pèse sur le groupe d’articles de sport. Les estimations parlent d’une perte de 1,2 milliard d’euro de chiffre d’affaires et de 500 millions de bénéfice opérationnel. En 2022, les affaires n’ont également pas tourné rond en Chine en raison des différentes mesures contre le coronavirus. Il convient à présent de pallier l’effondrement du chiffre d’affaires de 36%. Malgré des perspectives assombries, l’action s’est toutefois bien maintenue, le plus gros semble donc être intégré au cours.

Graphique de la semaine

Rares sont les jours où le Credit Suisse ne fait pas les manchettes. Malheureusement, cette grande banque est rarement associée à de bonnes nouvelles. Cela se reflète notamment dans les «credit default swaps» (CDS). Il s’agit de dérivés grâce auxquels les investisseurs peuvent se prémunir contre le risque de défaillance d’un débiteur. Pour les obligations CS, il faut actuellement payer 3,6% par an pour éliminer ce risque sur cinq ans – contre 0,6% seulement pour sa concurrente UBS. Et la tendance n’est pas prête de s’inverser, ce qui indique que les investisseurs sont sceptiques quant aux plans de redressement de cet établissement.

GROS PLAN

Le négoce se poursuit quoiqu’il arrive. La bourse suisse SIX a maintenu son produit d’exploitation à un niveau stable en 2022. Suite à la disparition d’effets exceptionnels, le bénéfice est nettement plus élevé à celui de l’exercice précédent.

LE PROGRAMME

Décision de la Banque centrale européenne (BCE) en matière de taux. La prochaine décision en matière de taux d’intérêt de la BCE aura lieu le 16 mars. Le marché s’attend à une hausse du taux directeur de 50 points de base à 3%.

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