Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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La stabilité des prix est mise à mal. La BNS a surpris tout le monde en relevant ses taux directeurs. De son côté, la Fed a aussi fortement freiné sa politique monétaire accommodante. Par conséquent, les mouvements enregistrés aux bourses ne cessent de fléchir.

«Inflation wars – Les gardiens de la monnaie attaquent». La BNS a déclenché un tollé cette semaine en relevant le taux directeur jeudi de -0,75% à désormais -0,25%. Cette hausse a pour but d’éviter que l’inflation en Suisse (mai: +2,9%) ne se propage pas davantage aux biens et services. Les gardiens de la monnaie, autour du président Thomas Jordan, donnent la priorité à la stabilité des prix au détriment de leur politique pour affaiblir le franc suisse. Toujours est-il que la BNS n’exclut pas explicitement d’intervenir à l’avenir encore sur le marché des changes. De ce fait, la BNS s’aventure hors du sillage que la BCE avait tracé depuis fort longtemps. Cette mesure courageuse ne sonne certes pas encore le glas des taux négatifs, mais marque officiellement l’inversion des taux d’intérêt en Suisse.

La Fed aussi a sorti l’artillerie lourde dans sa lutte contre l’inflation car les prix à la production aux USA ne cessent d’augmenter de manière exponentielle (mai: +10,8%). Lors de leur réunion de juin, les gardiens de la monnaie ont procédé, comme il fallait s’y attendre, à la plus forte hausse des taux d’intérêt depuis 1994 (+75 points de base). La marge de fluctuation se situe donc désormais entre 1,50% et 1,75%. Entretemps, la BCE a convoqué une réunion d’urgence en milieu de semaine pour montrer qu’elle prend très au sérieux la menace d’une hausse des rendements dans les pays périphériques (voir le graphique de la semaine).

La tendance baissière se poursuit. Alors que les météorologues enregistrent une «tempête de ciel bleu», les bourses ont affaire à de gros nuages noirs. L’inflation élevée oblige les banques centrales à durcir leur politique monétaire, ce qui alimente les craintes de récession des investisseurs. Les mauvaises nouvelles s’amoncèlent aussi du côté des entreprises. En effet, la grande banque Credit Suisse, par exemple, semble figurer dans une liste de suivi dressée par l’autorité britannique de surveillance des marchés financiers (FCA). Le gérant de fortune Bellevue a mis en garde contre un effondrement de ses bénéfices au premier semestre et le fournisseur automobile Autoneum a abaissé ses prévisions concernant ses marges pour 2022. La grande échéance prévue vendredi pour les options et les futures sur indices boursiers («sabbat des sorcières») est par ailleurs source de volatilité. Le SMI s’est donc une nouvelle fois affaibli ces jours-ci: la tentative de reprise en milieu de semaine a fondu comme neige au soleil à cause de la hausse surprenante des taux d’intérêt par la BNS. Les investisseurs ont tâché de se défaire notamment des valeurs cycliques telles que Geberit ou Sika. Les poids lourds défensifs que sont Nestlé, Novartis et Roche soutenaient toutefois l’indice directeur suisse. Une baisse hebdomadaire de 5.5% s’en est suivie vendredi matin.

Les bourses ont de nouveau du fil à retordre. Bon nombre d’entreprises ont présenté de solides résultats au premier trimestre, mais au deuxième, la donne risque de changer. Au vu de l’inflation et des problèmes dans les chaînes d’approvisionnement, les estimations des bénéfices nous semblent trop optimistes et sont donc source de déceptions. Nous conseillons aux investisseurs de garder la tête froide et de maintenir leur stratégie de placement à long terme. Actuellement, il n’y a point de raison pour nous écarter de notre positionnement défensif. La hausse surprenante des taux d’intérêt par la BNS pèse certes à court terme sur le marché suisse, mais nous la considérons toutefois comme positive. De plus, une part accrue de liquidités dans le portefeuille nous offre la possibilité de saisir des opportunités d’entrée.

L’or tacle le bitcoin. L’aversion accrue au risque des boursicoteurs donne depuis longtemps du fil à retordre aux crypto-monnaies. La nouvelle selon laquelle le crypto-prêteur Celsius Network a gelé les fonds de sa clientèle a créé un vent adverse supplémentaire. Le bitcoin a ensuite fléchi jusqu’à USD 20’081: son niveau le plus bas depuis décembre 2020. Pour l’année en cours, il enregistre ainsi une perte de valeur de plus de 50%. Force est de constater de nouveau que, contrairement à ce que pensent de nombreux crypto-enthousiastes, le bitcoin n’est pas (encore) un bon diversificateur de portefeuille comme l’or par exemple. Le métal jaune est en hausse de 0,8% depuis le début de l’année.

Graphique de la semaine

La Banque centrale européenne (BCE) se voit confrontée au dilemme suivant: les rendements des obligations d’Etat italiennes à 10 ans ont grimpé de 2,5 points sur l’année pour atteindre temporairement 4%, leur niveau le plus élevé depuis 2013, alors que ceux de leurs homologues allemands n’ont augmenté que de 1,8 point pour atteindre un peu plus de 1,6%. Face au niveau élevé de l’inflation, les autorités monétaires se voient contraintes de resserrer leur politique monétaire. Or, la hausse des taux d’intérêt est un poison pour les pays très endettés comme l’Italie, car elle augmente le poids de la dette et détériore les conditions de financement.

GROS PLAN

Les donnés pour morts vivent plus longtemps. L’Airbus A380 de Lufthansa a décollé pour la dernière fois à l’automne 2021. Depuis lors, la flotte se trouve sur un cimetière d’avions. En réaction à la demande accrue de voyages aériens, la maison mère de Swiss envisage désormais de réactiver ses jumbos géants.

LE PROGRAMME

Sommet de l’UE. Les 23 et 24 juin, les chefs de gouvernements européens se réuniront pour des discussions informelles sur une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’UE.

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