Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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La bourse semble s’être accommodée à la guerre en Ukraine, mais maintenant, ce sont l’inflation et les taux d’intérêt qui causent souci. D’où la volatilité de la bourse suisse et la morosité du côté des cours boursiers actuels et des chiffres trimestriels à paraître.

La bourse suisse à la recherche de la bonne direction. Le mois d’avril est le mois boursier le plus fort, d’un point de vue statistique, mais cette année, le cycle saisonnier risque de changer, même si les marchés des actions semblent s’être habitués à la guerre en Ukraine et malgré la menace d’un boycott des livraisons de pétrole et de gaz russes par l’Union européenne. En effet, les investisseurs s’inquiètent de plus en plus de l’inflation. Par ailleurs, la politique monétaire des banques centrales crée des incertitudes. Dans ce contexte, les valeurs défensives telles que Novartis et Roche se sont trouvées en ligne de mire des investisseurs. Vendredi matin, il en résultait une hausse hebdomadaire d’environ 1,5% pour l’indice directeur suisse (SMI).

Ce n’est pas la fin des haricots pour tout le monde. Les derniers résultats sur l’exercice écoulé sont en passe d’être publiés. Cette semaine, un certain nombre d’entreprises des secteurs secondaire et tertiaire ont encore publié leurs chiffres. Malgré une croissance de 25%, le fabricant de composants pour avions, Montana Aerospace, essuie une perte de près de 50 millions d’euros. S’agissant des Jungfraubahnen, elles se situent sur le chemin de la reprise. Bien que la plupart des clients internationaux affichent encore absents, la perte totale s’est réduite de 9,7 millions à 162’000 de francs. Quant au leader mondial des isolants pharmaceutiques, SKAN, il a enregistré un bond des bénéfices de 86,1%.

Il ne faut pas croire que les carottes sont cuites pour toutes les entreprises: d’une part, les assemblées générales battent encore leur plein. D’autre part, les chiffres du premier trimestre vont arriver. Le groupe industriel Sulzer avait déjà présenté, ce mercredi, les derniers chiffres de son cahier des commandes (+14,5% en glissement annuel). Le groupe industriel Bossard, le fabricant d’arômes et de parfums Givaudan ainsi que le spécialiste des matériaux de construction Sika suivront la semaine prochaine. Ce n’est pas pour autant que les investisseurs ont de quoi se réjouir: à notre avis, le repli conjoncturel aura impacté la marche des affaires de nombreuses entreprises. Par ailleurs, les perspectives s’annoncent plutôt prudentes, sous forme d’avertissements sur bénéfices ou d’abaissements des prévisions.

Réduction prochaine du bilan de la Fed. La Réserve fédérale américaine veut intervenir plus agressivement contre l’inflation aux USA. Selon les procès-verbaux des dernières réunions du FOMC, publiés mercredi soir, les gardiens de la monnaie comptent réduire le total du bilan d’environ USD 95 milliards par mois. De plus, ils prévoient de booster les taux d’intérêt et en mai, il pourrait même y avoir une hausse de 50 points de base. Ce sont de mauvaises nouvelles pour les valeurs technologiques, considérées comme étant particulièrement sensibles aux taux d’intérêt. A la suite de ces nouvelles, le Nasdaq 100 a perdu presque 3% par moment.

L’euro s’affaiblit de nouveau. Qui ne connaît pas l’histoire de la lutte de Don Quichotte contre les moulins à vent? En ce moment, la Banque nationale Suisse devrait se souvenir du chevalier de La Mancha. Parallèlement aux soucis monétaires et géopolitiques qu’ont les investisseurs à l’heure actuelle, le fait que Marine Le Pen remonte dans les sondages en vue de remporter les élections présidentielles françaises alimente aussi la demande en franc suisse. Cela oblige la BNS à procéder à des interventions de change: les dépôts à vue ont augmenté de 5,7 milliards de francs dans la semaine du 1er avril, un niveau plus atteint depuis mai 2020. La pression sur le cours de la paire EUR/CHF ne diminue toutefois pas: la monnaie unique européenne est récemment repassée sous la barre de 1.02 francs.

La hausse des prix se poursuit dans la zone euro. Les prix à la production ont de nouveau augmenté à un rythme record (+31,4%) en février, et cela, hors répercussions de la guerre en Ukraine. De ce fait, les consommateurs l’ont mauvaise. En effet, aucune accalmie ne se profile pour soulager leur porte-monnaie.

Graphique de la semaine

Les retombées de la guerre en Ukraine sur la conjoncture économique sont de plus en plus visibles. Ainsi, le baromètre Sentix de la zone euro a reculé de 11 points pour s’établir à -18 au mois d’avril. En raison de la situation économique actuelle, le moral atteint son plus bas niveau depuis l’été 2020. Au vu des difficultés accrues en matière d’approvisionnement, du contexte inflationniste et du durcissement de la politique monétaire des banques centrales, les investisseurs en bourse estiment que les perspectives de l’économie européenne n’ont jamais été aussi mauvaises depuis 2011.

GROS PLAN

Nouveau président au CA d’UBS. La grande banque UBS a un nouveau «capitaine». L’irlandais Colm Kelleher succède à l’allemand Axel Weber. L’ancien banquier de Morgan Stanley a été élu à 97,7% des voix comme président du CA lors de la dernière assemblée générale en date.

LE PROGRAMME

Décision de la BCE en matière de taux d’intérêt. La réunion d’avril de la Banque centrale européenne aura lieu jeudi prochain. Malgré la hausse de l’inflation, les gardiens de la monnaie ne devraient pas décider d’une hausse du taux directeur.

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