Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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L’«inversion» de la courbe des taux US fait la une. Sur les marchés obligataires, une telle évolution permettait de savoir, par le passé, si une récession était imminente.

Que signifie la courbe des taux aux USA? Ces derniers temps, les obligations avaient la cote. Les cours tendaient clairement à la hausse et les rendements étaient, tel un miroiropposé, le reflet d’une nette baisse. Cette évolution est due, ces derniers temps, à la faiblesse des données économiques indiquant que la croissance va en diminuant. Par ailleurs, les banques d’émission se sont braquées à fond en mars, reléguant aux calendes grecques toute attente d’uneéventuellehausse des taux.

Comme en été 2016, les rendements obligataires en Europe ont fléchi s’approchant des planchers historiquement bas. En effet, le rendement des obligations de la Confédération a enregistré cette semaine -40 points de base,et celui des obligations d’Etat allemandes à 10 ans est repassé sous la barre du zéro. Les taux américains se sont trouvés en ligne de mire ces derniers jours, et plus précisément, la courbe (structurelle) des taux.

En effet, vendredi dernier, le taux sur 10 ans était, pour la première fois depuis 2007, inférieur à celui sur 3 mois. En temps normal, c’est l’inverse: le risque d’échéances à plus long terme est rémunéré à un taux plus élevé. Mais à présent, la «courbe des taux» est majoritairement «à l’envers» ce qui surprend tout le monde, sauf Google qui avu quadrupler les recherches du terme «inversion» sur ses pages Internet.

En fait, pourquoi la forme de la courbe des taux est-elle si intéressante? Tout simplement parce qu’une inversion de la structure des taux d’intérêt aux Etats-Unis a toujours constitué par le passé un indicateur fiable d’une récession imminente. Depuis le début des années 1960, rien que huit signaux de cet indicateur ont généré 87,5% de bonnes occurrences, avec donc une seule fausse alerte. La différence entre les taux à 10 ans et ceux à 2 ans était également négative dans chacun de ces occurrences, ce qui n’est pas (encore) le cas dans la situation d’aujourd’hui. Toujours est-il que là n’est pas l’unique «faiblesse» de cet indicateur un peu surestimé.

Même si une récession, c’est à dire une croissance économique négative pendant deux trimestres consécutifs, a pu être détectée à ce jour avec une certaine fiabilité, il reste encorela question du timing. Car, le seul fait que la courbe des taux s’est inversée ne révèle en soi rien du moment précis auquel la future phase defaiblesse économique vase produire. Lors des sept derniers signaux corrects, le préavis allait de six mois à plus de deux ans. En règle générale, les marchés des actions effectuent un dernier rallye juste avant une récession, c’est à dire dans la dernière phase d’une hausse économique et boursière. Et si les investisseurs se vouaient aveuglément au signal de la structure inverse des taux, ils passeraient à côté des gains de cours.

Force est de constater queles taux sont plus que jamais influencés par les banques d’émission. En raison de la politique monétaire encore extrêmement expansionniste en Europe et au Japon, les rendements, même aux USA, sont plus faibles qu’en temps «normal», et ce pour toutes les échéances. C’est pourquoi dernièrement aux Etats-Unis, les taux d’intérêt à long terme étaient souvent inférieurs aux taux à court terme.

Par ailleurs, le feu tricolore des autres indicateurs de récession est «seulement» au jaune à l’heure actuelle. Par exemple, les écarts de crédit n’ont pas augmenté de manière notable et les indicateurs économiques avancés ont tendance à faire profil bas, mais pour l’instant, ils ne sont pas encore dans le jaune. Cela voudrait dire que le niveau des taux réels est anormalement bas pour une récession économique imminente. A court terme, on devrait d’abord attendre de voir si l’inversion de la courbe s’installera dans la durée. Et même si elle se manifestait, la courbe inversée pourrait, cette fois-ci,bien êtreune alerte particulièrement précoce.

Graphique de la semaine

Pas de taux: le freinage des banques d’émission a laissé des traces: aux USA les rendements des obligations d’Etat à 10 ans sont pour la première fois depuis 2007 sous les taux à 3 mois. Cf. Gros plan.

GROS PLAN

Bitcoin-Future bye-bye. Pas de succès: la Bourse d’options de Chicago (CBOE) a suspendu le négoce Bitcoin par manque de demande. Mais les grands investisseurs peuvent encore se replier sur la Bourse concurrente, la CME.

Lyft va en Bourse. Plus de temps: Lyft, l’entreprise aux USA de mise en contact d’utilisateurs avec des conducteurs réalisant des transports, va en Bourse. La nouvelle émission demandée rapporterait plus de 20 milliards de dollars.

LE PROGRAMME

Indice suisse des directeurs d’achat. Ce n’est pas un poisson d’avril: les enquêtes des di-recteurs d’achat de l’industrie seront à l’ordre du jour dans le monde entier, le 1er avril. Les dernières indications laissent entrevoir un affaiblissement à un niveau comparativement élevé pour la Suisse.

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