La Chine offre un univers d'opportunités passionnant, mais il est essentiel d'adopter une approche à la fois stratégique et tactique.
La deuxième quinzaine de juillet a été marquée par de fortes ventes d'actions chinoises en raison de la nouvelle réglementation de l'Etat dans certains secteurs, notamment la technologie et l'éducation. Certains noms du secteur de l'éducation ont vu la valeur de leurs actions réduite de plus de 70%, tandis que certains noms du secteur des technologies ont chuté de plus de 50%.
Etant donné que la Chine représente près de 40% de l'indice MSCI Emerging Markets, cela signifie-t-il que les investisseurs doivent revoir leurs allocations aux marchés émergents? Le rythme de croissance économique de la Chine au cours de la dernière décennie a attiré des flux d'investisseurs vers les actions des marchés émergents (ME), à la recherche de rendements que l'on ne trouve pas sur d'autres marchés d'actions. Malgré le débat sur l'atterrissage brutal ou en douceur de ces dernières années, la croissance du PIB de la Chine est restée supérieure à celle de la plupart des autres pays. Cependant, les récents changements réglementaires ont eu un impact considérable sur la capacité de certains secteurs à réaliser des bénéfices, et ont durement touché certains grands noms.
gagnent le salaire minimum et bénéficient d'une assurance.
Education: les capitaux étrangers sont interdits et les structures de soutien scolaire pour certains âges sont obligées de se convertir en organismes à but non lucratif. Internet: des mesures sont prises dans huit «domaines problématiques», notamment la sécurité des données, la violation des droits des utilisateurs et la perturbation de l'ordre du marché. Livraison de nourriture: les plateformes en ligne doivent s'assurer que les livreurs gagnent le salaire minimum et bénéficient d'une assurance. Musique en ligne: le régulateur antitrust doit mettre fin aux accords de licence exclusive entre les plateformes de streaming et les maisons de disques.
Les analystes ont attribué cette poussée réglementaire à la philosophie de «reprise en main» du président Xi et de son gouvernement, motivée par la politique intérieure et internationale visant à avoir la main sur qui contrôle et utilise les données, qui fournit les capitaux et qui réalise les bénéfices. Certaines mesures répressives, comme la réglementation d'Internet, sont en cours depuis un certain temps et sont sans doute nécessaires, car le rythme de l'innovation technologique a largement dépassé la législation. D'autres réformes, comme celles de l'éducation, sont entrées en vigueur du jour au lendemain.
En outre, l'impressionnante croissance économique de ces dernières décennies a entraîné une augmentation des inégalités, ce qui constitue un véritable problème affectant la politique intérieure. Le parti communiste chinois tient à offrir ce qu'il appelle une «prospérité commune», c'est-à-dire une redistribution plus équitable des richesses, semblable à la politique de «nivellement par le haut» du Royaume-Uni. Un autre moteur international pour la Chine est l'augmentation des tensions avec les Etats-Unis, qui a accéléré la volonté d'évoluer vers l'autosuffisance, notamment dans le secteur technologique.
ou réduire leur exposition régionale dans une perspective top-down.
Bien qu'elle soit devenue la première puissance économique ces dernières années, la Chine a toujours posé des problèmes aux investisseurs, notamment en raison du fort interventionnisme de l'Etat. Cela peut entrainer dans la tourmente ceux qui sont fortement investis sur le marché chinois, tant au niveau régional qu'au niveau des entreprises. Cette route cahoteuse signifie que les investisseurs voudront augmenter ou réduire leur exposition régionale dans une perspective top-down, afin de profiter de la performance exceptionnelle des actions, comme observée en 2020, et de se protéger contre la nervosité constatée en juillet dernier. Dans le même temps, d'un point de vue bottom-up, les investisseurs ont la possibilité d'identifier les sociétés qui ont un énorme potentiel de croissance et d'éviter les entreprises fortement impactées négativement par la réglementation. La Chine offre un univers d'opportunités passionnant, mais il est essentiel d'adopter une approche à la fois stratégique et tactique.
A moyen terme, la Chine continuera de faire face aux défis posés par ses relations avec les Etats-Unis. Toutefois, à plus long terme, le 14e plan quinquennal, qui privilégie la qualité de la croissance au volume, met l'accent sur la consommation intérieure, l'autonomie technologique et les réformes. Ces éléments, ainsi que l'objectif de la Chine d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2060, soutiendront les entreprises de qualité qui se concentrent sur ces domaines. La Chine reste très attractive à long terme. Si les événements récents mettent en évidence les risques liés à l'investissement sur ce marché, la trajectoire reste globalement positive et la sélection active des valeurs peut offrir des opportunités d'investissement intéressantes.
Si les arguments en faveur d'un investissement actif en Chine sont toujours valables, la protection des portefeuilles demeure une préoccupation majeure. Il s'agit donc d'ajuster le positionnement sur les marchés émergents, au fur et à mesure que les problèmes sont identifiés et que l'impact des réformes de l'Etat se fait sentir. Les actions chinoises ont déjà souffert à court terme et elles connaîtront probablement des difficultés similaires dans les années à venir, mais un investisseur actif éclairé peut réaliser des gains importants à long terme.