ASEAN - Potentiel économique et menaces politiques

Daryl Liew, SingAlliance

2 minutes de lecture

L'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) a été créée dans les années 1960 dans le but de promouvoir la paix et la prospérité économique dans la région.

Tous les deux ans, les sportifs des 11 pays de l'Asie du Sud-Est participent aux Jeux de l'Asie du Sud-Est, événement sportif régional couvrant plus de 30 sports différents. La 32e édition de ces jeux vient de s'achever à Phnom Penh; c'est la première fois que le Cambodge accueille l'événement. Bien que très compétitifs, les jeux se déroulent généralement dans la bonne humeur et permettent de nouer des amitiés et relations entre les participants.

À l'instar de l'Union européenne, la région s'enorgueillit aussi d'une union politique et économique: l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) a été créée dans les années 1960 dans le but de promouvoir la paix et la prospérité économique dans la région. L'ASEAN compte actuellement dix pays membres, le Timor oriental (11e pays participant aux SEA Games) et la Papouasie-Nouvelle-Guinée ayant tous deux le statut d'observateurs.

D'un point de vue économique, l'ASEAN est un bloc régional important. Avec une population totale combinée de plus de 650 millions de personnes, l'ASEAN a généré en 2022 un PIB d'environ 10'000 milliards de dollars américains, ce qui représente environ 6,5% du PIB mondial. Plus important encore, l'ASEAN abrite également certaines des économies à la croissance la plus rapide au monde – la croissance du PIB du Vietnam a fait un bond de 8%, tandis que celle des Philippines a atteint 7,6% en 2022. Avec une classe moyenne en pleine expansion et des coûts de main-d'œuvre relativement bas, la région apparaît comme un marché attrayant pour les entreprises cherchant à vendre leurs produits et implanter leurs installations de production.

L'hésitation de l'ASEAN s'explique du fait que le groupement a une politique explicite de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays membres.

La Chine est le premier partenaire commercial de l'ASEAN et leurs échanges ont régulièrement augmenté pour atteindre près de 1000 milliards de dollars américains en 2022, en partie grâce à l'accord de libre-échange ASEAN-Chine. Compte tenu des tensions géopolitiques actuelles entre la Chine et l'Occident, cette tendance devrait se poursuivre; la Chine se concentre davantage sur le commerce intra-asiatique. Les dix pays membres de l'ASEAN sont également signataires du Partenariat économique régional global (RCEP), avec la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Le RCEP est un accord multilatéral de libre-échange que les signataires ont fait adopter après l'échec de l'Accord de partenariat transpacifique (TPP) lorsque le président Trump a retiré les Etats-Unis du pacte commercial en 2017.

Malgré sa réussite économique, l'ASEAN a été critiquée pour ne pas avoir pris de mesures plus décisives concernant des questions régionales importantes. La plus notable est la crise des Rohingyas au Myanmar, où le groupe ethnique minoritaire a été victime de violences et de violations des droits de l'homme à la suite du coup d'Etat militaire de 2022. L'hésitation de l'ASEAN s'explique du fait que le groupement a une politique explicite de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays membres. En tant que telle, l'ASEAN ne s'implique pas dans la politique intérieure de ses membres. La violence flagrante au Myanmar l’a toutefois amenée à la modifier sensiblement, en négociant en 2021 avec ce pays un «consensus en cinq points», invitant le gouvernement militaire à cesser toute violence et entamer un «dialogue constructif». Malheureusement, le Myanmar n'a pas honoré sa part de l'accord de paix et peu de progrès ont été réalisés pour parvenir à une résolution pacifique. L'Indonésie assurant la présidence de l'ASEAN cette année, le Président Jokowi en a fait une priorité. Il reste à voir si l'Indonésie peut obtenir l'aide de l’extérieur pour faire pression sur la junte militaire du Myanmar afin qu’elle revienne à la table des négociations.

La crise du Myanmar et, dans une moindre mesure, le différend territorial en mer de Chine méridionale, illustrent certains des problèmes au sein de l'ASEAN et l'absence de consensus dans le groupe. A espérer qu'une solution soit trouvée sous la direction dynamique du Président Jokowi pour libérer le potentiel économique de la région.

A lire aussi...