Après le séisme boursier – Value ou Growth?

Jarrid Klug, DWS

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Dans la perspective actuelle, les conditions sont bonnes pour que la pratique qui consiste à cibler les titres décotés continue à surperformer celle qui privilégie les actions de croissance.

La faillite de la Silicon Valley Bank et la reprise en urgence de Credit Suisse par UBS ont ébranlé les bourses pour la première fois de l'année. Les Etats et les banques centrales ont certes réussi à calmer rapidement les marchés en intervenant avec détermination. Mais qu'est-ce que cela signifie pour les styles d'investissement Value et Growth?

La politique monétaire des banques centrales est un facteur d'influence décisif. Celles-ci sont déjà assez proches de la fin des hausses de taux dans le monde entier. A première vue, c'est un point pour Growth. Les taux d'inflation devraient toutefois rester élevés dans un avenir prévisible. Le marché de l'emploi toujours tendu en raison de l'évolution démographique, la restructuration des chaînes d'approvisionnement nécessaire en raison de l'augmentation des risques géopolitiques ainsi que la décarbonisation de l'économie sont autant d'éléments qui plaident en ce sens. Ces facteurs augmentent les besoins en capitaux qui, dans un système d'économie privée, ne peuvent être satisfaits que s'il existe une perspective de rendement. Et celle-ci suppose une hausse des prix, qui devrait soutenir les taux d'inflation à moyen terme. La probabilité de retomber dans une phase de taux zéro semble donc limitée.

L'avantage de Value

On pourrait objecter que les récents événements ne sont que les signes avant-coureurs d'une nouvelle crise financière, qui obligerait finalement les banques centrales à inonder à nouveau les marchés de liquidités. Mais jusqu'à présent, rien ne laisse présager un risque systémique. Il semble plutôt s'agir d'un phénomène limité aux Etats-Unis. Les chiffres trimestriels des premières banques régionales américaines, qui ne sont certes pas grandioses, mais pas non plus catastrophiques, avec une baisse des dépôts à un chiffre, ont fourni des arguments supplémentaires en faveur de ces estimations. Donc pas de point pour Growth. Les investisseurs devraient donc se préparer à un environnement de marché des capitaux avec une inflation plus élevée et des taux d'intérêt plus élevés en conséquence, c'est-à-dire un cadre fondamentalement différent de celui des années précédentes, dans lequel il est plus important de veiller à la valorisation et au rapatriement du capital. Par conséquent, Value devrait mieux se porter.

Actuellement, le marché évalue les banques européennes à un ratio cours/bénéfices moyen d'à peine sept. Ce chiffre traduit le scepticisme quant à la pérennité des bénéfices réalisés par les instituts de crédit en raison de l'augmentation drastique des taux d'intérêt par la Banque centrale européenne (BCE). Mais il s'agit en fait d'une véritable opportunité pour Value. Certes, les premiers instituts de crédit attirent à nouveau les dépôts des clients avec des offres alléchantes au niveau de 3%, mais à l'échelle, les coûts des dépôts des banques augmentent encore très lentement.

Des couts faibles du dépôt

En moyenne, les coûts des dépôts des banques européens sont nettement inférieurs à 1%. Avec un taux de refinancement principal de la BCE actuellement de 3,75%, cela représente une marge très correcte, surtout si l'on considère ce avec quoi les instituts de crédit ont dû vivre de fait au cours des dix dernières années. A titre de comparaison: aux Etats-Unis, les frais de dépôt moyens s'élèvent à un peu moins de 2%, sachant que les Certificates of Deposit de six mois, semblables à une obligation d'épargne, coûtent déjà 5%.

Pour les banques européennes aussi, les coûts des dépôts augmenteront à terme. Toutefois, cette augmentation sera beaucoup moins dynamique que de l'autre côté de l'Atlantique. En effet, les clients européens se sont habitués à ne pas recevoir d'intérêts sur leurs dépôts, ou seulement des intérêts très bas, dans le cadre de la politique de taux zéro après la crise de l'euro. Cela permettra aux banques de maintenir les marges actuelles plus longtemps que ne le prévoit actuellement le marché.

Dans la perspective actuelle, les conditions sont donc bonnes pour que Value continue à surperformer Growth. Et le marché européen des actions, et en particulier le secteur bancaire, offre toujours une opportunité intéressante de profiter d'une réévaluation.

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