Accalmie des vents budgétaire et monétaire en 2022

Anne Barrat

2 minutes de lecture

Pour Jean-Marie Debeaumarché de CPR AM, le curseur de la croissance dépendra de la vitesse de normalisation de la politique monétaire.

Une météo plutôt ensoleillée pour 2022, avec un baromètre favorable aux actions, une inflation élevée mais contrôlée, telles sont les prévisions du scénario privilégié des experts de CPR AM, le spécialiste de la gestion pour compte de tiers du groupe Amundi. Pas complètement dégagée toutefois : des nuages pourraient s’amonceler sur le front de l’inflation, qui conduirait à un resserrement monétaire plus rapide et plus fort qu’anticipé, menaçant alors la bonne tenue des marchés actions.

«Hormis un scénario sanitaire extrême, le risque n°1 pour les marchés actions en 2022 réside sans doute moins dans des possibles déceptions sur la croissance, que dans un dérapage plus marqué de l’inflation, explique Jean-Marie Debeaumarché, gérant au sein de l’équipe Gestion Diversifiée et Convertibles. Ce dérapage appellerait un resserrement monétaire et budgétaire plus dur et rapide que le scénario que nous privilégions : une normalisation des taux progressive, une inflation transitoire et une croissance modérée des marchés actions.»

Les banques centrales ont rassuré les marchés, qui leur vouent une confiance «quasiment aveugle», en leur promettant un resserrement graduel.
Un environnement de croissance solide même moins soutenue qu’en 2021

Les banques centrales ont rassuré les marchés, qui leur vouent une confiance «quasiment aveugle», en leur promettant un resserrement graduel. Le Fed a annoncé qu’elle mettrait fin à ses achats d’obligations sur les marchés en mars prochain ainsi que trois hausses des taux directeurs, dont la première pourrait intervenir plus tôt que prévu. La BCE a de son côté confirmé la fin de son programme d’urgence Pandémie, se gardant la flexibilité d’accroître son autre programme d’achats classiques dès mars 2022 si besoin était. Ces annonces ont permis aux marchés actions de finir 2021 sur une note très positive : le S&P progressait de 3,38% sur décembre, l’Eurostoxx 50 de 5,81%. Une tendance qui devrait se poursuivre en 2022 sur le front des actions selon Jean-Marie Debeaumarché: «Même si le chemin sera sans doute plus étroit pour les actions en 2022, elles restent la seule classe d’actifs à offrir un potentiel d’appréciation en terme réel (ajusté de l’inflation). Dans notre scénario central, un mouvement de rotation sectoriel pourrait se matérialiser, qui serait favorable aux valeurs plus cycliques et «value» (secteurs de l’énergie, des bancaires et financières, des infrastructures et des segments et liés à la transition énergétique). Si un scénario de durcissement monétaire plus dur l’emportait sur celui de normalisation progressive, les méga caps (les 7 tops plus grosses représentant un peu moins de 30% du S&P 500 au 31 décembre 2021, une concentration inédite), pourraient être pénalisées par leur niveau de valorisation, même si ce dernier est en partie justifié par la qualité des émetteurs en question.»

Son de cloche différent du côté du fixed income: «Investir dans l’obligataire? Il est difficile d’être acheteur de taux long aujourd’hui, et pas plus en 2022, sauf à avoir une vision très pessimiste de la croissance et/ou du risque sanitaire. Ce qui ne nous empêche pas de prendre des positions tactiques sur des obligations indexées sur l’inflation, que l’on pourrait renforcer si l’inflation augmentait plus vite que les taux d’intérêt.»

Mais une visibilité réduite

Une inflation qui augmenterait plus vite et/ou plus fort qu’anticipé est un scénario que ne peut être écarté souligne l’expert de CPR AM en pointant les risques de crise énergétique et les éléments politiques et géopolitiques qui réduisent la visibilité tout en contraignant la vision complaisante de la Fed. Ce scénario alternatif (25% de probabilité) verrait un resserrement monétaire précipité donc une hausse des taux longs plus marquée, donc un contacte moins favorable aux actions». Sans complètement écarter un autre scénario alternatif (15% de probabilité), celui du retour en force de la crise sanitaire accompagné de mesures fortes de restriction d’activité et, à la clé, une baisse des taux et des marchés actions.

Quel que soit le scénario, une exposition au dollar est de mise conclut le gérant de CPR AM.

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