2022, année chinoise

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

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Le début 2022 s’annonce compliqué en Chine entre ralentissement économique, tensions géopolitiques et incertitude sanitaire. Mais le Tigre d’eau pourrait réserver bien des surprises.

En ce début d’année, la Chine inquiète. Économiquement d’abord. Après un rebond spectaculaire en 2020, 2021 ne fut qu’un long ralentissement. Bien sûr l’activité progresse toujours à un rythme très impressionnant par rapport aux grands pays occidentaux: proche de 8% l’année dernière, à comparer à la cible de 5,5% aux Etats-Unis et 5% en Europe. Mais le quatrième trimestre était faible – sans doute à peine plus de 4,5% – et 2022 s’annonce juste au-dessus de 5,5% de croissance selon les dernières estimations officielles, une misère pour le pays.

En toute fin d’année, les autorités semblent avoir pris le problème immobilier à bras le corps et les signaux sont plus encourageants, avec une reprise de la production de logements. Reste le plus important, le volume de crédit, en baisse constante l’année dernière. Celui-ci reste encore atone malgré deux bonnes nouvelles en décembre avec la baisse du taux de réserve obligatoire des banques et celle du taux «Prime» pour les prêts à un an. Son évolution sera un élément clé pour 2022, tant pour l’activité du pays que pour la croissance mondiale.

La deuxième inquiétude est politique. La conjonction, cette année, de l’échéance du XXIe congrès du Parti cet automne lors duquel un historique troisième mandat de cinq ans pourrait être accordé à Xi, et de l’engagement toujours réitéré avec force d’une prochaine réintégration de Taiwan à la Chine, fait grandir les tensions dans le détroit qui sépare le continent de l’ile rebelle. Après tout, quel plus beau cadeau Xi pourrait-il donner lors de sa prolongation qu’une Chine enfin réunifiée?

La Chine reste ancrée dans la stratégie «Zéro-Covid» et ne parait pas donner sa chance à sa campagne de vaccination, pourtant massive.

Ce sujet reste un des points de crispation majeurs avec les Etats-Unis, qui répètent qu’ils ne seront pas sans réagir en cas d’action coercitive de Pékin. Mais quel niveau de coercition sont-ils prêts à tolérer: un blocus des ports de l’ile? Un débarquement sur les ilots Kinmen et Pratas, très proches du continent et sans poids économique majeur? cette «zone grise» sera très scrutée en 2022 et l’importance technologique de Taiwan pourrait accentuer la nervosité des protagonistes à l’approche du congrès.

La troisième inquiétude est sanitaire. La Chine reste ancrée dans la stratégie «Zéro-Covid» et ne parait pas donner sa chance à sa campagne de vaccination, pourtant massive. Le risque est grand d’aggraver les perturbations de la chaine logistique mondiale et donc les tensions inflationnistes en bloquant par périodes des pans entiers du pays, tout en restant sous la menace d’une vague épidémique générée par un variant incontrôlable.

Cette année sera celle du «Tigre d’eau» en Chine. Courageux mais imprévisible, souhaitons que le Tigre soit tempéré par l’élément aquatique et trace la voie vers un rebond de la prospérité. Après tout, en 1962, dernière année du Tigre d’eau, la crise des missiles de Cuba avait précédé une période de détente, la croissance aux Etats-Unis avait été supérieure à 5%, l’Europe avait créé la Politique Agricole Commune… tandis que les Rolling Stones voyaient le jour!

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