USA: les créations d’emplois plus de deux fois inférieures aux attentes

AWP

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Seulement 199’000 emplois créés en décembre, alors que les analystes tablaient sur 440'000 postes. Joe Biden se réjouit d’une baisse du taux de chômage sous les 4%.

Des créations d’emplois décevantes en décembre, un taux de chômage en nette baisse: le marché de l’emploi aux Etats-Unis a terminé l’année 2021 sur une note mitigée, reflétant les défis qui attendent Joe Biden en cette année d’élections. Ce qui n’a pas empêché le président américain de saluer un «jour historique».

«Le plan économique Biden fonctionne et remet l’Amérique au travail», a-t-il affirmé lors d’une allocution depuis la Maison Blanche.

La première économie du monde n’a créé que 199’000 emplois au cours du dernier mois de 2021, loin des 440’000 attendus par les analystes. Et le taux de participation au marché du travail est resté inchangé à seulement 61,9%.

Ces chiffres sont d’autant plus décevants que les données ont été collectées avant que le variant Omicron ne se répande dans le pays comme une traînée de poudre, provoquant fermetures de théâtres, de cinémas, de restaurants ou encore d’écoles et imposant une quarantaine à des centaines de milliers de personnes par jour.

La reprise du marché du travail est plus que jamais soumise aux aléas de la pandémie et ce rapport pourrait ainsi présager des chiffres plus sombres en janvier quand l’effet Omicron sera pris en compte.

Mais Joe Biden a mis en avant le taux de chômage qui a continué à baisser fin 2021, tombant à 3,9% et se rapprochant ainsi de son niveau d’avant la pandémie (3,5%), contre 6,7% en décembre 2020. Bémol, le taux de chômage des personnes noires s’élève à 7,1%, et à 4,9% pour les hispaniques.

L’administration Biden a aussi mis en exergue le fait que depuis décembre 2020, 6,4 millions d’emplois ont été recréés, un record.

Mais il manque toujours 3,6 millions d’emplois par rapport au pic de l’emploi de février 2020.

Pour le président américain, retrouver le plein emploi et contrôler la poussée inflationniste, est fondamental en cette année électorale alors que sa politique économique est sous le feu des critiques de l’opposition et jusque dans son camp démocrate.

«Le rapport sur l’emploi de décembre est le PIRE de la présidence de Joe Biden et juste le dernier signe que sa crise économique se poursuit», ont réagi les républicains de la Chambre des représentants.

«Pure bêtise. C’est la seule explication aux chiffres de l’emploi sous l’administrateur Biden. (...) L’agenda socialiste raté de Joe Biden tue l’économie américaine», a tonné le sénateur républicain Rick Scott dans un tweet.

«Corde raide»

Certains analystes attribuaient vendredi la dichotomie entre faibles créations d’emplois et baisse marquée du taux de chômage en partie à l’augmentation du nombre de travailleurs indépendants qui ne seraient pas encore comptabilisés dans les statistiques.

Ils estiment aussi que ce rapport ne devrait pas changer le cap de la banque centrale américaine dont les responsables semblent déterminés à entamer des hausses de taux d’intérêt dès que possible pour contenir l’inflation, malgré le risque de ralentissement économique.

«Dans le contexte d’une situation sanitaire qui se détériore rapidement, l’accalmie de l’activité économique au premier trimestre va obliger le président de la Fed (Jerome) Powell à marcher sur la corde raide lors des prochaines réunions», a résumé Gregory Daco, économiste chez Oxford Economics.

«Je suis convaincu que la Réserve fédérale agira pour atteindre son double objectif de plein emploi et de prix stables et veillera à ce que les augmentations de prix ne s’enracinent pas sur le long terme, avec l’indépendance dont elle a besoin», a commenté Joe Biden.

Les Etats-Unis enregistrent actuellement plus de 550’000 nouveaux cas de COVID par jour, selon les estimations des CDC, principale agence de santé publique. Et sur la semaine achevée le 1er janvier, Omicron représentait 95% des nouveaux cas.

Ce variant est moins mortel que les précédents mais la vague d’infections compromet le retour au travail.

Hausse des salaires

L’année 2021 a été marquée par un profond déséquilibre entre l’offre pléthorique d’emplois et la demande, en particulier pour les bas salaires, la pandémie ayant aussi modifié les aspirations des travailleurs américains.

Et cette tendance devrait se poursuivre au moins au début de l’année.

De même que le phénomène de «Grande démission» qui bat son plein depuis le printemps: des salariés essentiellement non qualifiés démissionnent en masse pour trouver un meilleur emploi. En novembre, ils étaient encore 4,5 millions, selon les données du bureau des statistiques.

Pour les employeurs, le marché du travail est ainsi devenu un casse-tête.

Et pour attirer les candidats, ils ont augmenté les salaires et multiplié les avantages sociaux: en 2021, le salaire horaire moyen a augmenté de 4,7%, une hausse néanmoins insuffisante pour compenser la hausse des prix à la consommation.

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