USA: chômage au plus bas depuis décembre 1969

AWP

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Le taux de demandeurs d’emploi tombe à 3,6% en avril grâce à de solides embauches dans de nombreux secteurs.

Un record historique depuis décembre 1969 qui masque de grandes disparités: le taux de chômage américain est tombé à un plus bas en avril avec des créations d’emplois solides dans de nombreux secteurs.

A 3,6%, le taux de sans-emplois a perdu 0,2 point de pourcentage par rapport au mois de mars. Et, les créations d’emplois ont de nouveau été très soutenues à 263’000, selon les données publiées par le département du Travail vendredi.

«EMPLOIS, EMPLOIS, EMPLOIS! Les emplois ont déferlé en avril, le taux de chômage est tombé à son plus bas niveau depuis 1969», s’est félicité Donald Trump dans un tweet.

Ces créations ont largement dépassé les attentes des analystes (200’000). Ceux-ci prévoyaient en outre un taux de chômage stable de 3,8%.

Cette vigueur du marché de l’emploi américain va conforter la Banque centrale (Fed) dans son attitude de prudence monétaire, voire de résistance vis-à-vis de la Maison Blanche qui a réclamé que l’institution, pourtant indépendante, baisse les taux d’intérêt pour doper l’économie.

A ce stade, celle-ci ne semble guère avoir besoin d’un coup de pouce monétaire alors que la croissance du premier trimestre a grimpé à 3,2% en rythme annuel.

Comme l’a dit Jerome Powell le président de la Fed mercredi à l’issue d’une réunion monétaire qui a laissé les taux inchangés: «il n’y a pas de raison impérieuse d’aller dans un sens ou dans un autre».

Ce plus faible taux de chômage depuis décembre 1969, où il était à 3,5%, reflète de solides embauches dans de nombreux secteurs, allant des services professionnels aux entreprises au bâtiment en passant par la santé ou l’assistance sociale.

Si le secteur manufacturier n’a créé que 4’000 nouveaux emplois le mois dernier, celui des services a affiché son meilleur score depuis trois mois avec 202’000 embauches.

Alors que le marché boursier est reparti vers des records, le ministère du Travail note que les services financiers réembauchent largement depuis deux mois.

Les emplois publics aussi ont fait bonne figure, s’inscrivant avec 27’000 embauches, au plus haut depuis huit mois, probablement dû au projet de recensement en cours qui va nécessiter beaucoup de personnels.

Bémol

Bémol à ce tableau: un léger recul pour le deuxième mois d’affilée du taux de participation au marché du travail, qui est passé de 63% en mars à 62,8% en avril, a un peu aidé à faire baisser le taux de sans-emplois. Cela représente près de 500’000 personnes de moins sur le marché du travail.

Le nombre de chômeurs a fléchi de 387’000 pour atteindre 5,8 millions, tandis que les travailleurs ne trouvant qu’un emploi à temps partiel restent nombreux à 4,7 millions.

Les salaires poursuivent leur hausse régulière, la rémunération horaire moyenne ayant augmenté de 6 cents, ce qui installe la hausse sur un an à 3,2%. C’est significativement au-dessus de l’inflation, celle-ci s’étant inscrite à 1,5% en mars sur an, selon l’indice PCE.

Le ministère a légèrement révisé en baisse les créations d’emplois pour mars qui s’établissent finalement à 189’000 contre 196’000 estimées initialement.

Le taux de chômage est un peu plus élevé chez les hommes (3,4%) que chez les femmes (3,1%). Alors que celui des blancs est tombé à 3,1%, celui des noirs est resté à 6,7%, soit plus du double.

Pour Michael Pearce de Capital Economics, «la progression continue du marché du travail va rassurer la Fed sur l’état solide des fondamentaux de l’économie».

Cet économiste s’attend toutefois, comme la Fed et le FMI mais à l’opposé des prévisions de la Maison Blanche, à ce que la croissance de la première économie mondiale ralentisse sur le reste de l’année, de même que les créations d’emplois.

«C’est un bon rapport sur l’emploi, mais les embauches ne peuvent continuer à ce rythme», a pour sa part tempéré Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics.

Sur cette lancée, le taux de chômage devrait toutefois bientôt tomber à 3,5%, son plancher depuis un demi-siècle, assure Gregory Daco, d’Oxford Economics.

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