Réforme modeste pour la zone euro, qui va se doter d’un budget

AWP

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Les avancées annoncées aujourd’hui permettront de renforcer le système financier européen. Mais elles restent moins ambitieuses que la vaste refonte de l’UE défendue par la France.

Les dirigeants de l’UE se sont entendus vendredi lors d’un sommet européen à Bruxelles sur une réforme modeste pour la zone euro, qui comprend la création d’un instrument budgétaire destiné aux 19 pays ayant adopté la monnaie unique.

Si ces avancées permettront de renforcer le système financier européen, elles restent moins ambitieuses que la vaste refonte de l’Union monétaire défendue par la France.

Les idées les plus audacieuses, comme un ministre des Finances de la zone euro, ou la création d’un «Fonds monétaire européen» sur le modèle du Fonds monétaire international, ont d’ailleurs été écartées lors des 18 mois de débats acharnés entre les ministres des Finances de l’UE qui ont précédé ce sommet.

«Il y a eu des discussions longues et tout à fait controversées», a rappelé vendredi la chancelière allemande Angela Merkel.

Le point le plus sensible du texte est un accord pour poursuivre les discussions en vue de créer un budget pour la zone euro, prudemment appelé «instrument budgétaire» afin d’apaiser les inquiétudes des pays les plus réticents, Pays-Bas en tête.

Les ministres européens se sont vu confier un mandat pour s’entendre d’ici juin 2019 sur les caractéristiques essentielles de ce budget.

«Il y a un an, beaucoup considéraient que c’était impossible. Ces dernières semaines, nous avons pu convaincre nos partenaires les plus réticents», s’est félicité vendredi le président français Emmanuel Macron, qui s’est beaucoup battu pour cette idée.

Ce budget, dont le montant reste à déterminer, doit s’inscrire dans le cadre du budget pluriannuel de l’UE. Il aura pour but de faciliter la convergence parmi les 19 pays ayant adopté la monnaie unique.

C’est bien loin du projet de M. Macron, qui souhaitait un budget propre à l’Union monétaire de plusieurs dizaines de milliards d’euros, avec une fonction stabilisatrice pour venir en aide aux pays ayant subi un choc économique.

«A moitié satisfait»

«Oui, ce n’est pas la fin de l’histoire et il n’y a pas 100% du projet. Ce serait mentir de le cacher», avait anticipé l’Élysée dès jeudi. Mais «avoir créé un accord politique, c’est déjà bien».

La plupart des réformes approuvées vendredi avaient été validées au préalable par la France et l’Allemagne, moteurs de l’unité européenne, qui représentent près de la moitié de l’économie de la zone euro.

Puis le processus s’est enlisé en raison de l’affaiblissement du gouvernement allemand et de l’irritation de petits États européens. Emmenés par les Néerlandais, ces pays craignaient que l’avenir de l’UE soit dicté par les plus grandes puissances du bloc.

Ils se sont regroupés au sein d’une «Ligue hanséatique» à l’esprit libéral, qui tire son nom de la confédération médiévale des villes marchandes situées près de la mer du Nord et de la mer Baltique.

Ces pays (dont les Baltes, la Finlande et l’Irlande) totalisent à eux tous le même PIB que la France, mais leur influence s’est accrue ces derniers mois, avec l’appui discret de Berlin, contribuant à revoir largement à la baisse les ambitions pour la zone euro.

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte s’est félicité qu’un «compromis ait pu être trouvé avec des éléments de la proposition des Français et d’autres» pays, même si certains auraient aimé qu’on «aille beaucoup plus loin».

«Nous avançons, mais pas assez rapidement», a pour sa part regretté le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, quand le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sanchez se disait lui «à moitié satisfait».

Un accord sur l’extension des responsabilités du Mécanisme européen de stabilité (MES), le pompier des pays de la zone euro qui connaissent de graves problèmes d’endettement, a été bien plus facile à obtenir.

Ce MES se verra doté de nouveaux pouvoirs pour évaluer la situation économique des pays de la zone euro, en coopération avec la Commission.

Il deviendra aussi une sorte de prêteur en dernier ressort pour les banques en grande difficulté.

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