Réforme de la zone euro: accord des ministres des Finances de l’UE

AWP

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Les réformes, décidées après 18 heures de négociations dans la capitale belge, doivent encore être approuvées par les chefs d’Etat et de gouvernement.

Les ministres des Finances de l’UE se sont accordés mardi sur une réforme de la zone euro pour mieux faire face aux prochaines crises financières, bien moins ambitieuse toutefois que celle voulue par le président français Emmanuel Macron.

L’accord conclu entre les 27 ministres de l’Union européenne – sans le Royaume-Uni pour cause de Brexit – a pour objectif de doter les autorités européennes d’une boîte à outils plus efficace en cas de choc majeur pour l’économie européenne.

Ces propositions renforcent certes le système financier européen mais n’incluent aucune des grandes visions évoquées par le passé telles qu’un ministre des Finances de la zone euro ou une sorte de FMI européen.

De même, sur un budget spécifique de la zone euro, l’une des idées phares d’Emmanuel Macron, les discussions n’ont pas autant progressé que l’aurait souhaité Paris.

Les réformes, décidées après 18 heures de négociations dans la capitale belge, doivent encore être approuvées par les chefs d’Etat et de gouvernement lors d’un sommet en fin de semaine prochaine à Bruxelles.

«Nous avons un bon résultat. La réforme de la zone euro avance à pas décisifs. Merci à tout ceux qui ont aidé», a déclaré le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz, sur Twitter.

«Nous avons franchi une étape importante cette nuit, qui renforcera considérablement la zone euro», s’est félicité de son côté le Français Bruno Le Maire.

Les ministres européens discutaient depuis des mois de la proposition française visant à créer une sorte de capacité budgétaire pour les pays ayant adopté la monnaie unique, qui aurait pu être utilisée en cas de crise ou de choc économique grave.

M. Macron avait fait de l’idée d’un budget de la zone euro une partie intégrante de sa vision pour relancer l’UE après la crise de la dette, le choc du Brexit et la montée des populistes.

Mais les 27 ministres se sont mis d’accord sur une version beaucoup plus édulcorée de son idée, la liant strictement au renforcement des réformes soutenues par l’UE, sans en faire une aide en cas de ralentissement économique inattendu.

Réticence néerlandaise

M. Le Maire s’est néanmoins félicité de cette première étape. «Nous avons enfin une vraie perspective, pour la première fois, d’un budget de la zone euro avec des fonctions de convergence et de compétitivité et nous continuons à travailler à la fonction de stabilisation», a-t-il dit.

Cette fonction stabilisatrice voulue par Paris permettrait notamment de venir en aide à un pays de la zone euro particulièrement touché par un choc économique spécifique (comme pourrait par exemple l’être l’Irlande en cas d’un Brexit dur, c’est-à-dire un départ du Royaume Uni de l’UE sans accord).

«Nous savons qu’il y a une certaine opposition. Par conséquent, c’est à nous d’essayer de convaincre nos partenaires», avait reconnu M. Le Maire, avant cette réunion-marathon lundi.

Les Pays-Bas se sont sans surprise montrés les plus réticents face à cette idée de budget, entraînant dans leur sillage un certain nombre de pays du nord de l’Europe – souvent qualifiés de «ligue hanséatique».

L’achèvement de l’union bancaire a été un autre défi difficile, l’Allemagne restant fermement opposée au lancement d’un système européen de garantie des dépôts bancaires des épargnants, pourtant défendu par la Banque centrale européenne.

Berlin craint en effet que ses épargnants et ses banques soient mis à contribution pour venir en aide à des établissements du sud de l’Europe mal gérés et imprudents.

Les ministres se sont mis d’accord pour en discuter à nouveau en juin 2019.

Il a été en revanche plus facile de trouver un accord sur l’extension des responsabilités du Mécanisme européen de stabilité (MES), le pompier des pays de la zone euro qui connaissent de graves problèmes d’endettement.

Les ministres sont convenus de le doter d’une nouvelle fonction: celui de prêteur en dernier ressort en cas de défaillance d’une grande banque jugée systémique pour l’ensemble de la zone euro.

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