«Le Parlement devrait avoir le courage de défendre les patients plutôt que les intérêts de certains acteurs de la santé».
«Une autre claque», «coup d’assommoir», «douche froide», la presse était amère au lendemain de l’annonce de la hausse des primes 2023. Elle tentait mercredi de trouver les responsables de cette montée en flèche, pointant un système défaillant et une faillite politique.
«Jusqu’où va-t-on accepter de laisser pourrir les fruits de la santé publique?», questionne Arcinfo. Certes, le Covid est passé par là, commente le quotidien neuchâtelois. Mais le nœud du problème réside ailleurs, «car c’est tout le système qui est grippé».
L’organisation opaque et mystérieuse des caisses et le poids de l’industrie pharmaceutique, qui profite du niveau de vie helvétique pour gonfler «honteusement» ses marges ou encore la concurrence en sont des symptômes. Et le monde politique semble «impuissant» face à ce phénomène. «La population commence à perdre patience», prévient le journal.
«Il est tentant de vouloir jeter des anathèmes sur les divers acteurs du système, analyse de son côté Le Temps. Or la réalité du terrain est plus complexe».
Les dépenses continueront d’augmenter: «les progrès technologiques de la médecine, auxquels toutes et tous veulent avoir accès, et le vieillissement de la population y contribueront toujours». Mais il est possible de limiter la hausse ces prochaines années.
Pour cela, «le Parlement devrait avoir le courage de défendre les patients plutôt que les intérêts de certains acteurs de la santé». Les assurances faîtières des caisses Santésuisse et Curafutura devraient quant à elles mettre un terme à leur «puérile rivalité» afin d’entériner un nouveau tarif de prestations, «tant l’actuel Tarmed est dépassé».
La Tribune de Genève pointe elle une «faillite politique générale» sur ce poste budgétaire qui pèse «lourdement» dans les ménages. Pour le journal, les raisons de la hausse sont connues depuis des années, mais personne n’a pu «inverser la tendance», forçant nombre de personnes à renoncer à des soins. Une réalité jugée indigne d’une région «prospère comme la nôtre».
Dans le Jura, on se demande s’il est normal que l’assurance obligatoire des soins soit gérée par des privés sans droit de regard des assurés. «Ne devrait-on pas trouver une solution qui permette aux payeurs de primes de donner leur avis?», interroge le Quotidien Jurassien. Les usagers seraient ainsi responsabilisés afin de rendre le système «plus efficient et plus transparent».
Outre-Sarine, la presse alémanique se désole des conséquences de la hausse sur la population. «Le choc des primes arrive au pire moment», commente la Neue Zürcher Zeitung. L’essence, l’électricité, le gaz: tout est devenu plus cher.
Les nouvelles primes vont toucher de plein fouet la classe moyenne inférieure qui n’a de justesse pas droit aux subsides, écrit le Walliser Bote. Le journal valaisan désigne le prix «deux fois plus élevé» qu’ailleurs des médicaments comme facteur de hausse.
«Cela doit changer. Les politiques doivent enfin résoudre le blocage des réformes», argumente-t-il. «La pression sur la classe politique augmente», renchérissent les journaux Tamedia alémaniques. Pour eux, il est plus que temps de mettre en place des réformes structurelles afin d’endiguer les coûts.