La prime moyenne atteindra 334,70 francs, principalement à cause de la pandémie. La hausse relative la plus faible en Romandie sera dans le canton de Genève, avec une augmentation de 4,7%.
Les primes maladie bondiront en 2023 de 6,6% en moyenne, après quatre ans de stabilité. En cause, la pandémie de COVID-19, qui a fortement pesé sur les coûts de santé, et un effet de rattrapage. Critiques et propositions de réformes ont fusé tous azimuts.
La prime moyenne atteindra 334,70 francs, en hausse de 6,6% par rapport à 2022, a annoncé mardi l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) sur la base de projections. Selon les cantons, la hausse oscille entre 3,9% et 9,5%, le canton de Neuchâtel enregistrant la plus forte du pays.
Globalement, la prime moyenne des adultes s’étoffera de 6,6% à 397,2 francs et celles des jeunes adultes de 6,3% à 279,90. Pour les enfants, la hausse sera de 5,5% et la prime moyenne atteindra 105 francs. Il s’agit de la plus forte augmentation annuelle depuis 2010.
Une hausse «désagréable et difficile», a reconnu Alain Berset face aux médias, en soulignant que «les primes maladie sont le reflet des coûts de la santé». La crise du COVID-19 a généré 500 à 600 millions de francs de coûts directs (hospitalisations) et 264 millions pour la vaccination, à charge des assureurs. Les coûts indirects, tels que les interventions médicales reportées, ont décollé au deuxième semestre de 2021.
«Contrairement à ce qu’on aurait pu attendre, les coûts n’ont pas augmenté en 2020 ni au début 2021», a expliqué M. Berset. Mais depuis le deuxième semestre 2021, il y a un effet de rattrapage et la tendance se poursuit en 2022. Il ne s’attendait pas à une telle hausse, a-t-il admis.
Les primes étant calculées à l’avance, sur la base d’estimations, il apparaît aujourd’hui que les niveaux de primes en 2021 et 2022 étaient insuffisants pour couvrir les coûts. «Conformément à la loi, un rattrapage est indispensable», écrit l’OFSP. «Ce qui s’est passé entretemps n’était pas prévisible», selon le ministre de la santé.
Les cantons mais aussi les organisations sectorielles de la santé et des consommateurs ont exprimé un mécontentement général suite aux annonces de l’OFSP. La Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé (CDS) «déplore mais comprend» la forte hausse, mais craint qu’elle ne se poursuive.
La ministre vaudoise de la santé et vice-présidente de la CDS Rebecca Ruiz a déploré «le lobbying permanent» des acteurs de la santé. Le conseiller d’Etat genevois Mauro Poggia a lui dénoncé l’opacité du mécanisme de fixation des primes. Les cantons de Fribourg et Valais ont d’ores et déjà annoncé vouloir augmenter les subsides.
La faîtière des médecins suisses (FMH) a critiqué le blocage d’importantes réformes, comme le nouveau tarif Tardoc toujours pas approuvé. Du côté des assureurs-maladie, Santésuisse et Curafutura demandent aux politiques d’agir pour réduire l’offre médicale excessive et promouvoir les génériques.
L’Union syndicale suisse (USS) appelle à un financement durable du système de santé. La Fédération romande des consommateurs (FRC) regrette que des mesures sur le prix des médicaments soient «torpillées» au Parlement.
Si les réserves des assureurs ont permis d’atténuer une partie de la hausse des primes, leur marge de manoeuvre s’est révélée plus limitée cette année. Outre les coûts de prestations, les pertes sur les marchés financiers en raison de la guerre en Ukraine et de la hausse des taux d’intérêt ont aussi diminué les réserves, et donc affecté le niveau de solvabilité des assurances.
Même avec des réserves réduites, les assureurs respectent toujours le seuil minimal fixé dans la loi, rassure l’OFSP. Selon les projections des assureurs en juillet dernier, les réserves disponibles devraient descendre de 12,1 milliards de francs début 2022 à 9,5 milliards début 2023.
Une diminution des réserves excédentaires des caisses maladies saluée par la Conférence des directrices et directeurs cantonaux de la santé (CDS) et les cantons. Tous attendent néanmoins que cette réduction se poursuive.
L’OFSP fixe les montants des primes sur la base des données transmises par les assureurs. Les primes ne sont donc pas fixées de manière politique», a affirmé Alain Berset.
Au-delà de la pandémie, les coûts de la santé vont continuer d’augmenter à l’avenir, ne serait-ce qu’en raison de l’évolution démographique. Des mesures ont déjà été prises, comme la réduction des tarifs des laboratoires et des prix des médicaments ainsi que dans le domaine des évaluations des technologies de la santé (ETS).
Pour le Conseil fédéral, la balle est maintenant dans le camp du Parlement. Début septembre, il a transmis aux chambres un deuxième paquet de mesures visant à promouvoir les réseaux de soins coordonnés et mis en consultation un contre-projet à l’initiative du Centre «Pour des primes plus basses» ainsi qu’une modification de l’ordonnance sur l’assurance-maladie en faveur notamment des génériques.