Pas de nouvelle hausse de taux attendue aux Etats-Unis, sauf surprise de la Fed

AWP

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«Le but pour la Fed sera de conserver la possibilité d’augmenter encore les taux du fait des incertitudes croissantes», estime la cheffe économiste de KPMG Diane Swonk, alors que la réunion du FOMC reprend ce mercredi.

Pour la troisième fois en quatre réunions, la Réserve fédérale (Fed) pourrait annoncer mercredi qu’elle laisse ses taux inchangés mais une surprise n’est jamais à exclure, tant l’économie américaine reste solide et l’inflation persistante.

La réunion, débutée mardi, a repris mercredi «à 09H00 (13H00 GMT) comme prévu», a précisé un porte-parole de la Fed.

La décision sera annoncée mercredi à 14H00 (18H00 GMT) dans un communiqué publié à l’issue de la réunion du comité de politique monétaire (FOMC).

Après avoir ralenti pendant plusieurs mois, l’inflation s’est stabilisée, à 3,4% en rythme annualisé, sur les trois derniers mois, selon l’indice PCE, privilégié par la Fed.

Mais dans le même temps, la consommation ne faiblit pas et la croissance s’envole, multipliée par deux sur le dernier trimestre, après un premier semestre déjà très solide, pour atteindre 4,9% en rythme annuel.

En parallèle, le chômage reste obstinément bas, à 3,8%, avec la persistance d’un manque de main d’oeuvre dans divers secteurs clés.

Malgré tout, la tendance pour les analystes, dans leur immense majorité, selon l’évaluation de CME Group, est que la Fed ne touchera pas à ses taux, compris actuellement dans une fourchette de 5,25% à 5,50%.

«Le but pour la Fed sera de conserver la possibilité d’augmenter encore les taux du fait des incertitudes croissantes», souligne Diane Swonk, cheffe économiste de KPMG, dans une note.

«Personne ne sait comment la guerre au Proche-Orient affectera les chaînes d’approvisionnement ou si nous réussirons à éviter la fermeture des services publics», en cas d’absence d’accord sur le budget au Congrès américain, continue-t-elle.

Car tout le paradoxe est là: si l’économie américaine paraît plus solide que jamais, alors qu’elle était attendue en début d’année en légère récession, les nuages s’accumulent à l’horizon, tant au niveau national que mondial.

La guerre entre Israël et le Hamas, qui a débuté le 7 octobre, pourrait en effet entraîner une hausse des prix du pétrole, surtout si elle venait à s’étendre à d’autres pays de la région.

équivalent d’une hausse des taux

La Banque mondiale estimait lundi qu’en cas de conflit généralisé au Proche-Orient, le prix du pétrole pourrait ainsi dépasser les 155 dollars, un niveau inédit.

Une telle hausse des prix de l’énergie entraînerait aussitôt celui des matières premières vers le haut, avec le risque en bout de ligne de faire repartir l’inflation.

Au niveau national, l’élection d’un «speaker» à la Chambre des représentants, Mike Johnson, après trois semaines d’atermoiements au sein du parti républicain, permet d’envisager un vote sur le budget fédéral pour 2024. Mais il y a fort à parier que le bras de fer entre républicains et démocrates repartira de plus belle, alors que le déficit public s’envole.

Autant de soubresauts dont il est pour l’instant difficile de mesurer l’impact potentiel sur l’économie américaine, ce qui devrait inciter la Fed à la prudence.

D’autant que, dans le même temps, est venue s’ajouter une augmentation des rendements des bons du Trésor à 10 ans, qui servent de référence, et qui ont flambé en septembre et en octobre et dépassé les 5%. Ils étaient toujours à 4,88% mardi.

«Dans les faits c’est un resserrement bien plus marqué des conditions d’accès au crédit qu’une hausse des taux», a rappelé Mme Swonk, «beaucoup estiment à la Fed que la hausse des rendements est l’équivalent d’une hausse des taux supplémentaires».

Et pour cause: les rendements des bons du Trésor à 10 ans entrent en partie dans le calcul des taux des différents prêts, en particulier immobiliers.

Au point de considérer que le cycle de hausse est définitivement terminé?

Pas si certain car, comme l’a rappelé mi-octobre Jerome Powell, président de la Fed, le chemin est encore long pour ramener l’inflation à la cible de 2%, visée par l’institution.

Elle reste pour l’instant à un niveau «encore trop élevé» et «quelques mois de bons chiffres ne sont que le début de ce qu’il faudra pour être certain que (le taux) d’inflation baisse durablement».

«Le chemin risque d’être semé d’embûches et de prendre du temps», a-t-il averti.

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