Matières premières: le cacao au plus haut en 45 ans, le nickel flanche, l’or mollit

AWP

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Vendredi à New York, la tonne de cacao a culminé à 3’893 dollars. Lundi à Londres, elle a atteint le pic de 3’385 livres. Ces sommets s’expliquent par «la baisse attendue de la production en Côte d’Ivoire», selon l’expert de Commerzbank.

Le cacao a battu de nouveaux records de prix cette semaine à Londres comme à New York, galvanisé par des approvisionnements serrés des pays producteurs, notamment la Côte d’Ivoire, en raison de conditions météorologiques défavorables.

Lundi, à Londres, la tonne de cacao a culminé à 3’385 livres sterling, un prix record enregistré depuis le début du contrat en 1989 et qui dépasse donc les précédents sommets atteints pendant la guerre civile en Côte d’Ivoire.

A New York, elle a touché vendredi 3’893 dollars, un nouveau record depuis fin 1978, soit 45 ans.

Ces sommets s’expliquent par «la baisse attendue de la production en Côte d’Ivoire, de loin le plus important producteur de cacao avec plus de 40% du volume de la récolte mondiale», affirme Carsten Fritsch, de Commerzbank.

Selon l’analyste, la récolte du trimestre en cours pourrait s’avérer inférieure de près de 30% à celle de l’année dernière, d’après les producteurs de cacao.

Cette baisse de production est due aux conditions climatiques défavorables dans les régions productrices.

«Au début, le temps était trop sec pendant une période prolongée, ce qui a gêné le développement» des jeunes pousses, explique M. Fritsch.

Des pluies abondantes ont ensuite entrainé le développement de maladies dans les cultures, notamment celle des cabosses noires - qui provoque le noircissement et la pourriture des cabosses de cacao.

En parallèle, le phénomène climatique El Niño fait grimper les prix de certaines matières premières agricoles dont le cacao, produit dans des régions exposées comme l’Afrique de l’Ouest.

Vers 16H00 GMT (17H00 à Paris) à Londres vendredi, la tonne de cacao pour livraison en mars 2024 valait 3’329 livres sterling, contre 3’358 livres sterling une semaine plus tôt en fin de séance.

A New York, la tonne pour livraison en décembre 2023 valait dans le même temps 3’883 dollars, contre 3’852 dollars vendredi dernier.

Le nickel ploie

Le nickel a poursuivi sa baisse sur la semaine, touchant un nouveau plus bas depuis plus de deux ans, dans un contexte d’approvisionnement solide, notamment depuis l’Indonésie, et de demande morose.

Jeudi, le métal a en effet atteint un plus bas prix depuis octobre 2021, à 17'885 dollars la tonne, renouant avec ses niveaux de prix de 2021, bien loin de ses sommets stratosphériques atteints au début de la guerre en Ukraine.

«Alors que non seulement le zinc, mais aussi le cuivre et l’aluminium ont pu regagner du terrain ces derniers temps, le prix du nickel reste faible», note Thu Lan Nguyen, de Commerzbank.

Le prix du métal sur le London Metal Exchange (LME) est en effet en baisse presque constante depuis le début de l’année 2023. Depuis janvier, le nickel a perdu près de 40%.

«Cela suggère qu’un scepticisme considérable demeure quant aux perspectives de la demande, alors que le soutien est récemment venu principalement du côté de l’offre», explique-t-elle.

La «solide croissance de l’offre en Indonésie» garantit en effet toujours un approvisionnement abondant en nickel, selon l’analyste.

Pour les analystes d’ANZ, les métaux comme le nickel «semblent susceptibles de rester sur-approvisionnés à court terme, ce qui devrait maintenir les prix à la baisse».

Sur le LME, la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s’échangeait à 18'230 dollars vendredi, contre 18'374 dollars le vendredi précédent à la clôture.

L’or patine

L’or a terminé la semaine en très légère baisse, en continuant de flirter avec la barre des 2'000 dollars l’once, qu’il a de nouveau brièvement franchie vendredi dans la foulée de la publication de chiffres sur l’emploi américain en-deçà des attentes, qui ont fait s’effondrer le dollar, actif concurrent du métal jaune.

«Le rapport sur l’emploi a donné un grand coup de pouce à l’or, car les investisseurs y ont vu une preuve supplémentaire qu’une nouvelle hausse des taux ne serait pas nécessaire» pour la Réserve fédérale américaine (Fed), indique Craig Erlam, d’Oanda.

En conséquence, le dollar a chuté, renforçant l’attrait comparatif de l’or, également considéré comme une valeur refuge.

Vendredi, le métal précieux a atteint 2'004,10 dollars l’once avant de redescendre -son plus haut sur la semaine restant mardi, à 2'007,95 dollars.

Mais la barrière des 2'000 dollars reste un «obstacle psychologique important» pour le marché, remarque l’analyste d’Oanda.

La guerre entre Israël et le Hamas reste un facteur à la hausse pour le cours de l’or. «Les marchés financiers continuent d’évaluer le risque d’une escalade, stimulant la demande pour l’or» comme valeur refuge, rappelle Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades.

Mais cet effet se fait moins sentir, car le conflit est perçu par les investisseurs comme contenu, modère Han Tan, analyste chez Exinity.

La demande mondiale d’or a par ailleurs encore baissé au troisième trimestre d’après le rapport trimestriel du Conseil mondial de l’or (CMO) publié mardi.

L’environnement de taux élevés des principales banques centrales, la force du dollar américain qui diminue le pouvoir d’achat des acquéreurs et l’inflation persistante ont en effet découragé les investisseurs, professionnels comme particuliers.

L’once d’or s’échangeait pour 1'992,89 dollars, contre 2'006,37 dollars sept jours plus tôt en fin d’échanges.

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