Un nouvel acteur émerge sur le marché de l’or

Emmanuel Garessus

3 minutes de lecture

La Poste s’allie à philoro dans la vente d’or au guichet. Christian Brenner, de philoro Suisse, analyse la réaction des clients à la guerre en Israël.

L’or est en ébullition. L’once a fortement réagi à l’éclatement de la guerre en Israël. Christian Brenner, directeur du négociant philoro Suisse, vient par ailleurs d’annoncer un partenariat avec La Poste qui permet aux clients d’acheter ou de vendre de l’or au guichet du «géant jaune». Il répond aux question d’Allnews:

Est-ce que vos clients ont fortement réagi à l’éclatement de la guerre en Israël?

Nous avons assisté à une réaction positive à court terme, mais elle s’est rapidement dissipée. Toutefois, après une hausse d’environ 60 dollars l’once, de nombreux clients ont décidé de vendre leur or physique. Il s’agit souvent de ventes d’urgence destinées à accroître le cash ou à prendre des bénéfices. La taille des transactions est souvent modeste, par exemple de quelques vrenelis.

Quelle est la relation entre acheteurs et vendeurs?

Le rapport est habituellement de 15 achats pour 1 vente. Il s’est déplacé actuellement pour atteindre 12 pour 6. Les acheteurs ont diminué mais les vendeurs sont 6 fois plus nombreux. Et les ventes de bijoux en or ont été multipliés par 10.

Les taux d’intérêt se sont fortement accrus cette année, mais l’or a bien résisté. Comment l’interprétez-vous?

L’ennemi de l’or, c’est un taux d’intérêt élevé car cela rend d’autres classes d’actifs plus attractives, y compris les obligations et même le livret d’épargne. Malgré la hausse des taux, l’or est resté étonnamment stable. Cela me rend très optimiste pour l’avenir si le pic des taux devait prochainement être atteint ou si une pause pouvait survenir.

«Les ventes de bijoux en or ont été multipliés par 10».
Comment a réagi la prime sur les pièces d’or?

Les primes ne se sont pas accrues, au contraire. J’ai l’impression qu’en raison de l’accalmie survenue au troisième trimestre les négociants sont prêts à réduire leur prix pour générer du chiffre d’affaires. La disponibilité de l’or est très bonne sur le marché. Cela n’a pas toujours été le cas, si je pense au moment de l’éclatement de la guerre en Ukraine.

Comment se sont développés vos propres affaires?

Nous sommes très actifs, y compris dans le développement de nouveaux produits. Nous avons introduit un crypto-vreneli sur le marché suisse, une innovation mondiale. C’est un produit physique, sous forme de pièce d’or, avec en surface une nouvelle interprétation du vreneli, avec un chip NFC. Si je place un smartphone sur ce chip, j’obtiens une image numérique NFT du vreneli. L’acheteur dispose ainsi, dans le même produit, de deux classes d’actifs, l’or et le NFT.

Qu’en est-il de votre propre centre de production d’or?

Nous allons inaugurer un centre de production ultra moderne en Autriche le 6 décembre. Il nous permet de participer à l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’achat d’or à un réseau de distribution majeur, avec des filiales locales, et un centre d’affinage pour produire de nouvelles barres d’or. L’or raffiné émet moins de CO2 que celui d’une mine. Aucun autre groupe privé n’est dans une pareille situation.

Etes-vous un concurrent des grandes raffineries suisses?

La Suisse est effectivement davantage connue pour son chocolat, son industrie alimentaire, sa pharma et son horlogerie, que pour son or. Pourtant l’industrie des métaux précieux est le 2e plus grand exportateur suisse après la pharma. Les trois quarts des barres d’or produites proviennent de Suisse.

Nous-mêmes sommes responsables de 5% de la production mondiale d’or. C’est peu, par rapport aux groupes suisses, mais ce n’est pas négligeable.

Nous profitons ici de nos achats de bijoux en or et de leur transformation, ce qui devrait représenter 120 tonnes d’or de production par an.

Quels sont vos autres projets d’expansion? Est-ce le canal de distribution en ligne?

Le commerce électronique dispose d’un grand potentiel, mais nos clients apprécient l’achat dans nos succursales. Nous avons l’intention d’augmenter notre réseau physique et nos collaborations. Le 10 octobre à 10h10, nous avons annoncé un partenariat avec La Poste qui permet d’acheter de l’or au guichet ou par internet.

La Poste profite d’un degré de confiance considérable auprès de sa clientèle et d’un système de distribution rapide et efficace. A l’avenir, avec la qualité de service de philoro, un nouvel acteur émerge sur le marché de l’or qui promet d’être d’emblée l’un des négociants d’or les plus attractifs.

Pourquoi irais-je acheter de l’or à La Poste?

Philoro Suisse dispose de succursales à Zurich et à Saint-Gall. A l’avenir, nous envisageons une présence de Genève au Tessin et à Schaffhouse grâce à notre partenariat avec La Poste. Le projet de collaboration avec La Poste se trouve en phase pilote dans quelques succursales. Le client apprécie ici un contact direct, lequel sera assuré par La Poste elle-même.

La coopération comprend un autre aspect. La Poste accueillera aussi les clients qui leur apporteront des bijoux en or et en argent pour les peser, les évaluer et les vendre.

Dans cette perspective, nous avons réalisé une étude avec l’Université de Saint-Gall. Il en ressort que 90% des évaluations de bijoux sont réalisés avec une méthode qui remonte à 600 ans avant Jésus-Christ, à savoir une balance et l’oeil d’un humain. Philoro emploie une méthode différente, la spectrométrie de fluorescence des rayons X. Il en ressort que le client reçoit 15 à 20% d’argent supplémentaire avec cette méthode révolutionnaire. Les clients sont pourtant satisfaits du prix qu’ils obtiennent avec l’ancienne méthode parce qu’ils ignorent l’existence d’autres instruments et parce qu’ils ont acquis leurs bijoux il y a de nombreuses années. Ils ne connaissent pas la capacité de l’or à préserver la valeur d’achat et qu’en 20 ans, l’or a gagné 500%.

Comment se développe la part de marché des banques dans les achats d’or physique?

Une étude de l’Université de Saint-Gall, à partir de 2000 personnes, montre qu’elle est passée en quelques années de 90% à 60%, au profit de spécialistes comme philoro, en partie parce que plusieurs banques n’offrent plus ce service.

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