L’élection de l’ancien ministre australien des Finances constitue une première, l’OCDE n’ayant jamais été dirigée par un citoyen d’un pays de la région Asie-Pacifique.
Elu vendredi à la tête de l’OCDE, l’ancien ministre australien des Finances Mathias Cormann est un fervent défenseur des bienfaits du libre-échange, dont le bilan mitigé en matière de climat inquiète vivement les ONG.
Né en septembre 1970 en Belgique, le quinquagénaire diplômé de droit dans ce pays, parle couramment le français, l’anglais, le flamand et l’allemand. Il a émigré en Australie, au milieu des années 1990 où il est entré en politique.
Vice-président du parti libéral de centre-droit, il a fini par prendre les rênes du ministère des finances de 2013 à 2020.
Son arrivée à la tête d’une institution qui regroupe 37 pays représentant 60% de la production économique mondiale constitue une première, l’OCDE n’ayant jamais été dirigée par un citoyen d’un pays de la région Asie-Pacifique.
Mais elle inquiète les associations de défense de l’environnement qui dénoncent ses positions climato-sceptiques et ses liens étroits avec l’industrie minière australienne.
Plus d’une vingtaine d’ONG ont ainsi écrit une lettre ouverte pour s’insurger contre sa candidature à la tête de l’OCDE.
En cause, des déclarations de M. Cormann, qualifiant d’extrémiste l’objectif d’émissions nettes de CO2 réduites à zéro d’ici 2050. Ou appelant les jeunes Australiens participant à une manifestation mondiale de défense de l’environnement à «rester à l’école».
L’ancien ministre a aussi fait campagne contre le système de tarification du carbone destiné à réduire les émissions de l’industrie australienne, qui a été abrogé en 2014.
Opposé dans la dernière ligne droite à la populaire ex-commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström, M. Corman a verdi son discours pour séduire une OCDE soucieuse de donner la priorité aux questions climatiques au côté du développement économique.
Il a ainsi déclaré que le changement climatique figurait parmi les principaux défis de l’Organisation, au même titre que l’éducation, les compétences et «la réduction des différences en matière de politique fiscale».
M. Cormann a aussi vanté son parcours à cheval entre deux continents, soulignant avoir «partagé (sa) vie à parts égales entre l’Europe et l’Asie-Pacifique».
Selon des sources proches de l’OCDE, il a de fait bénéficié de la volonté de l’organisation héritée du plan Marshall de s’ouvrir vers l’Asie, et a su «donner des gages en matière environnementale».
Malgré dix ans passés au parlement australien et sept aux manettes des finances, un record, M. Cormann est peu connu du public australien. Il est cependant un acteur influent du parti libéral au pouvoir et a contribué à l’ascension de l’actuel Premier ministre Scott Morrison.
Sa campagne pour conquérir la tête de l’OCDE a suscité la controverse en Australie lorsqu’il est apparu qu’il utilisait un jet de l’armée de l’air pour sillonner l’Europe afin de plaider sa cause auprès d’autres dirigeants, un exercice critiqué comme coûteux et injustifié alors que des dizaines de milliers d’Australiens étaient bloqués à l’étranger en raison de la pandémie.
Le gouvernement australien l’a défendu en soulignant vouloir épargner à M. Cormann le risque de contracter le COVID-19 sur des vols commerciaux.