L’été prend lentement mais surement les commandes des esprits boursiers, les traders de Wall Street sont partis dans les Hamptons pour le long weekend du 4 juillet, Wall Street plane à des niveaux records et les Etats-Unis semblent plus divisés que jamais.
La grande et belle loi arrachée aux forceps au législateur américain hier par qui vous savez l’illustre parfaitement. Jacques Chirac parlait de «fracture», aux USA comme tout est plus grand qu’ailleurs, on parlera plutôt d’un grand canyon. Dans une campagne stratégique et sous haute pression de 48 heures, le président Trump assure l’adoption de son ambitieux projet de loi sur les impôts et les dépenses juste avant le week-end du 4 juillet. Face à la résistance des républicains conservateurs inquiets des dépenses et des dispositions pro énergies renouvelables, Trump conclut une série d’accords privés et promesses vagues, proposant des actions exécutives pour répondre à leurs préoccupations, notamment de nouveaux tarifs sur les pièces d’éoliennes et un ralentissement de la délivrance des permis. Lui et ses alliés, dont le directeur budgétaire Russ Vought, rassurent les députés en assurant que l’administration pourrait gérer l’exécution budgétaire selon sa discrétion – une affirmation qui pourrait être contestée en justice selon le Wall Street Journal. Un lobbying intensif, des appels nocturnes et des interventions directes auprès de réfractaires comme le député Thomas Massie ont finalement permis de faire progresser le texte, avec seulement une poignée de républicains s’y opposant.
Tandis que les démocrates critiquent cette loi en la jugeant favorable aux riches et nuisible aux soins, les républicains mettent en avant la sécurisation des frontières et les réductions d’impôts pour la classe moyenne. Le projet inclut des coupes dans les dépenses reportées et des allègements fiscaux immédiats pour les pourboires et les heures supplémentaires. Malgré des tensions et des négociations acharnées au sein du parti, la détermination de Trump et son influence au sein des républicains auront finalement permis de faire parvenir le texte sur son bureau à temps, renforçant son contrôle sur le parti à l’approche des élections de mi mandat de 2026.
Le budget des Etats-Unis sera donc promulgué aujourd’hui par Trump. L’étape suivante pour le marché est de déterminer qu’en penser et ce sont les obligations qui vont s’y coller. Si ce marché s’inquiète de l’augmentation prévue sur dix ans de 3300 milliards de dollars de la dette publique américaine (actuellement à 36'000 milliards de dollars soit 127% du PIB), il se mettra à vendre les bons du Trésor US et enverra les rendements américains vers le nord. Le timing est ennuyeux, le très important rapport mensuel sur l’emploi en juin aux Etats-Unis est sorti hier, qui a montré que la première économie du monde crée toujours plus d’emplois que prévu et que son taux de chômage recule à 4,1%, les économistes prévoyaient 4,3%. Ces chiffres tendent à ne pas «décrédibiliser» la récente hausse des indices d’actions, ils confirment en parallèle la posture attentiste de la Fed et forcent les intervenants à se poser la question suivante: les rendements obligataires ont-ils atteint un niveau plancher à court/moyen terme le 1er juillet? Ajoutez à cela la guerre tarifaire en cours du grand blond, qui dresse un écran total d’absence de visibilité quant à l’inflation et vous obtenez un marché des Fed Funds qui retourne sa veste en l’espace de moins de 24 heures. Hier matin il prédisait quasiment 100% de probabilités d’une baisse de 25 points de base par la Fed lors de sa réunion du 17 septembre. Ce matin tout cela s’est évaporé à 71%. Le marché y croit donc beaucoup moins et c’est un problème potentiel à ne pas sous-estimer, la Fed reste et de loin le seul véritable chef d’orchestre du grand concert boursier.
Résumons: le nouveau budget des Etats-Unis va faire considérablement augmenter leur dette, la Fed pourrait bien rester attentiste encore un moment et rien ou presque n’est résolu ou clair dans le guerre commerciale en cours. La géopolitique est un pataquès total et il nous reste à découvrir les résultats trimestriels de sociétés dans un peu moins de deux semaines. En parallèle, les marchés d’actions, tech en tête, bénéficient d’un momentum rare, ils ne semblent pas bon marché mais le positionnement de bon nombre d’investisseurs est plutôt prudent et l’appétit au risque plus vorace que jamais, voyez Nvidia qui se rapproche des 4000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Cela peut sembler surréaliste, en même temps son PEG (Price/Earnings to Growth) est de 1,07, un niveau absolument pas exagéré en apparence.
L’adoption du budget va poser la question du plafond de la dette diront certains rabat-joie empêcheurs de monter en rond, le joyeux royaume des actions y prêtera-t-il attention?
Et puis la guerre commerciale suit son cours. Trump, peut-être légèrement euphorique à l’idée de promulguer sa jolie loi ce jour, fait savoir qu’il enverra des lettres aujourd’hui à 10-12 pays pour leur annoncer des droits de douane unilatéraux en vue de l’échéance du 9 juillet, une sorte de bande-annonce de ce qui va vous arriver si vous ne mettez pas un genou à terre devant le big boss (ou alors vous pouvez acheter son parfum «Victory» à 250 dollars les 100 ml, ça lui fera plaisir). On se demande qui recevra ces lettres, l’Union Européenne? Le Japon? Le Canada? La Corée du Sud? L’Inde? Peux pas dire, le chef de l’Etat ajoute qu’il parle ici de tarifs oscillant entre 10 et 70%.
À Wall Street les indices S&P500 (SPX) et Nasdaq100 (NDX) clôturent donc à de nouveaux records historiques pendant que les volumes d’échanges s’effondrent de près de 50% (les autres 50% sont partis dans les Hamptons). Le podium du jour du SPX se compose de la tech, des financières et des industrielles. L’idée que la Fed puisse à nouveau se planquer derrière les rideaux ne semblent même pas effleurer des taureaux indéboulonnables, les mastodontes de la tech sont tous en hausse sauf un, je vous laisse deviner lequel, petit indice, son ticker commence par «TS» et se termine par «LA». Les petites capitalisations se portent mieux, le Russell2000 (RTY) poursuit sa reprise, sa moyenne mobile à 200 jours rétrécit chaque jour un peu plus dans le rétroviseur, le niveau de 2300 points approche, clôture hier soir à 2249 pts. La volatilité baisse encore, sur les actions mais aussi sur les obligations, on peut en déduire que soit les intervenants ont couvert leurs positions, soit ils sont en train de s’endormir et de devenir complaisants.
Sur le front obligataire, le rendement du 10 ans US clôture à 4,35%, aurait-il «bottomé» à 4,19% le 1er juillet? Quoi qu’il en soit il casse sa 200 jours et termine hier pile sur sa 100 jours. Au chapitre des monnaies, le dollar se stabilise à 1,1772 contre euro, pendant que l’or récupère un chouia de terrain et revient à 3342 dollars l’once. Le pétrole se hisse juste au-dessus des 67 dollars le baril de WTI Light Crude.
La Chine annulera une partie du prochain sommet de l'UE, selon l’agence Bloomberg. Par ailleurs, des collaborateurs de M. Trump étudient la possibilité d'un voyage en Chine cette année et évalueront l'intérêt des entreprises à s'y joindre.
Au menu macro-économique du jour, les commandes d'usines en Allemagne et la production industrielle en France occuperont le terrain en matinée.
Nestlé Waters a remplacé sa microfiltration chez Perrier. AMS-Osram prolonge une ligne de crédit renouvelable jusqu'en septembre 2027. Apple envisage de lancer un service cloud pour les développeurs, selon The Information. Boeing décroche un contrat de 2,8 milliards de dollars pour la construction de satellites aux USA. Petrobras va investir 6,1 milliards de dollars dans des projets de raffinage et de pétrochimie au Brésil.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo grappille 0,06% à la cloche, Hong Kong rend 0,63%, Shanghai gagne 0,32%, Séoul recule de 1,99% et le Nifty50 égare 0,13%. Le future SPX abandonne 0,5% et l’Europe ouvre en repli de 0,7%.
Pas de Wall Street aujourd’hui, célébrations du 4 juillet oblige, la journée sera calme sur les marchés.
Le président américain Donald Trump surprend une fois de plus son public en annonçant son intention d’organiser un gala de l’UFC dans les jardins de la Maison-Blanche pour célébrer le 250e anniversaire de l’indépendance des États-Unis, le 4 juillet 2026. Révélée d’abord par le New York Post, l’information est confirmée par Trump lors d’un discours en Iowa, où il affirme avec enthousiasme que «l’UFC se battra sur les pelouses de la Maison-Blanche», estimant que l’événement pourrait accueillir jusqu’à 25’000 spectateurs.