Licenciements chez Tamedia: les rédactions manifestent à Lausanne

AWP

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Les manifestants ont crié leur colère et leur désarroi face à la suppression de 56 postes dans les titres payants et gratuits de TX Group. A Zurich également.

Quelque 150 collaborateurs des rédactions romandes de Tamedia ont débrayé mardi à Lausanne. Les manifestants ont crié leur colère et leur désarroi face à la suppression de 56 postes dans les titres payants et gratuits de TX Group. A Zurich, environ 250 employés de l’éditeur alémanique sont également descendus dans la rue.

La manifestation a réuni des collaborateurs de 24 Heures, de la Tribune de Genève et de la rédaction T (rédaction commune des titres romands de Tamedia), qui ont perdu 28 postes dans une restructuration annoncée en septembre dernier, ainsi que leurs collègues de 20 minutes, du lematin.ch et de Sport-Center, informés la semaine dernière de la suppression de 28 emplois également dans leurs rédactions Objectif de l’éditeur: économiser six millions.

La mobilisation a débuté en fin de matinée à la gare de Lausanne. Sous une pluie battante, «un temps d’enterrement», selon un journaliste», un cortège formé d’environ 150 collaborateurs, selon Keystone-ATS, a rejoint la «Tour Edipresse», siège des rédactions.

Manque de reconnaissance

Devant les manifestants, le journaliste Julien Baumann a déploré, au nom de 20 minutes, lematin.ch et Sport Center, que «TX Group se sépare en cours de route des premiers de cordée pour atteindre plus rapidement les sommets». Il a dit le «profond désarroi» de la rédaction devant ce «manque manifeste de reconnaissance» et a demandé à TX Group, de «limiter la casse». Car 28 licenciements, c’est près d’un quart de la rédaction qui disparaît sur les bords du Léman.

En ce qui concerne les rédactions payantes, «nous perdons aujourd’hui 28 collègues», dont environ une moitié par le biais de retraites anticipées, a indiqué le journaliste Erwan Le Bec, représentant de la Coordination des rédactions. Il a rappelé qu’»en 2009, Edipresse comptait 1500 employés. Aujourd’hui, il reste à peine 400 collaborateurs pour le périmètre concerné».

Le rédacteur a dénoncé un groupe qui n’a «pas d’autre objectif que le profit à tout prix», et dont la politique mène au «grounding de la presse romande».

Pas entré en matière

Lors de la période de consultation, «il n’y a eu aucune discussion, aucune concession» de la part de l’éditeur, a dénoncé pour sa part Mélanie Schröter, secrétaire syndicale chez Syndicom. «Pire, pendant cette consultation alibi, Tamedia a annoncé une nouvelle restructuration.»

Le syndicat exige que Tamedia, entreprise prospère, «revienne à la raison». Les rédactions sont depuis longtemps déjà soumises à une forte pression pour économiser et souffrent d’une pénurie de personnel, souligne Syndicom.

Anthony Bellanger président de la Fédération internationale des journalistes, représentant 600’000 professionnels des médias, est venu dire sa solidarité avec les rédactions touchées. «Quand on distribue 47 millions aux actionnaires, on n’a pas le droit de licencier», a-t-il lancé.

Et le Syndicat suisse des mass médias d’ajouter dans un communiqué: qu’avec la publication de journaux régionaux dont le contenu ne se distingue plus qu’à l’exception de quelques pages, le paysage médiatique suisse devient de plus en plus un produit identique. TX Group y contribue en fusionnant des rédactions et en supprimant des emplois.

Politiques en soutien

Plusieurs personnalités politiques de gauche ont également apporté leur soutien aux collaborateurs. Parmi eux, le conseiller national et candidat au Conseil des Etats Raphaël Mahaim. Le Vert a réitéré son appel aux gouvernements romands, leur demandant de «se réveiller» face au démantèlement de la presse romande et au danger encouru par la démocratie.

Dans un communiqué, les Vert-e-s genevois ont dit leur solidarité avec les personnes touchées, ainsi que leur inquiétude pour l’avenir de ce secteur largement fragilisé. Ils demandent que le Conseil fédéral et l’Assemblée fédérale élaborent rapidement une nouvelle proposition d’aide à la presse, après celle refusée par le peuple en 2022.

Débrayage à Zurich

En Suisse alémanique, où une trentaine de licenciements ont été annoncés, environ 250 employés ont protesté devant le siège de TX Group, selon le syndicat Impressum. Les collaborateurs ont remis à la directrice générale de Tamedia, Jessica Peppel-Schulz, une lettre ouverte. Cette missive exige la fin des mesures d’économie, une véritable vision rédactionnelle et, de la part des actionnaires, le renoncement à leurs dividendes.

De son côté Tamedia Suisse romande affirme dans un communiqué que les mesures actuellement mises en œuvre pour ses titres payants seront toutes «accompagnées par les prestations d’un plan social solide, négocié en 2021 entre les partenaires sociaux».

La société se dit consciente de «sa responsabilité d’employeur et d’éditeur par rapport à l’engagement pris de continuer à fournir un journalisme de grande qualité en Suisse romande dans un environnement en profonde transformation digitale».

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