Le groupe de médias TX Group va biffer 28 postes au sein de la rédaction romande de 20 minutes, y compris lematin.ch et Sport-Center, et sept à celle de 20 Minuten côté alémanique. La société invoque un chiffre d’affaires en baisse. Les collaborateurs concernés seront soutenus par un plan social.

«Afin de maintenir une base économique durable et de permettre des investissements dans l’innovation, des mesures de réduction des coûts sont nécessaires. Cela implique la suppression probable de 35 postes au total, sous réserve du résultat de la procédure de consultation en Suisse romande», écrit le groupe 20 Minuten, filiale de TX-Group.

La rédaction de 20 minutes, qui comprend également la rédaction de lematin.ch et l’agence Sport-Center, est avec 104 collaborateurs l’une des plus grandes rédactions de Suisse romande, rappelle le groupe. «Il y a environ deux ans, l’effectif a été augmenté de 20 postes. Cependant, le chiffre d’affaires escompté qui en découlait n’a pas été atteint. Au lieu de cela, on a assisté à un net recul».

«C’est pourquoi la taille de la rédaction en Suisse romande doit être adaptée. Vingt-huit collaborateurs seront vraisemblablement concernés par la suppression de postes», annonce le groupe. «Grâce à une simplification de la structure de la rédaction, à l’introduction d’une méthode de travail transversale ainsi qu’aux nouvelles possibilités technologiques et à la collaboration au sein du groupe, l’offre rédactionnelle reste riche», explique-t-il.

Les ressources de la rédaction de 20 Minutes continueront à dépasser largement celles des offres concurrentes, souligne TX-Group. Les mesures en Suisse romande sont soumises aux résultats de la procédure de consultation, qui sera lancée «immédiatement». Les collaborateurs concernés seront soutenus par un plan social, assure-t-on.

En fin de journée, la Société des collaborateurs (SDC) des gratuits, 20 Minutes et Lematin.ch, s’est dit «atterrée». «L’ampleur des licenciements, inimaginables, nous sidère», écrit-elle. La SDC est dans «l’incompréhension par rapport à la stratégie de la direction». «TX Group poursuit sa politique d’enterrement du journalisme en Suisse romande», déplore-t-elle.

Du côté alémanique, la rédaction de 20 Minuten emploie 145 personnes. «Afin de réduire la base de coûts, une suppression de postes au sein de la rédaction est également inévitable. Sept collaborateurs sont concernés, trois collaborateurs doivent en outre réduire légèrement leur taux d’occupation. Un plan social est également appliqué en Suisse alémanique», poursuit le communiqué.

«Nous devons réduire nos coûts afin d’établir une base durable pour une croissance future. Je regrette beaucoup qu’il ne soit plus possible d’éviter des suppressions de postes», a déclaré Bernhard Brechbühl, CEO du groupe 20 Minuten, cité dans le communiqué.

«Nous continuerons à proposer une offre de contenu très riche dans toute la Suisse, 24 heures sur 24. Avec nos marques fortes, notre portée, notre excellente équipe et notre part élevée de chiffre d’affaires numérique, nous sommes très bien placés pour relever les défis de la transformation avec succès», affirme-t-il.

Grâce à la concentration sur la valeur ajoutée journalistique, la part du chiffre d’affaires numérique s’est développée et la marque a consolidé sa position de leader en Suisse, explique encore le groupe. «La transformation numérique reste toutefois exigeante: les chiffres d’affaires numériques en hausse ne peuvent pas compenser les chiffres d’affaires imprimés en baisse», note-t-il.

«Les recettes publicitaires numériques de la Suisse sont principalement captées par les géants mondiaux de la technologie. En conséquence, le chiffre d’affaires d’exploitation du groupe 20 Minuten a diminué d’environ un cinquième depuis 2019 (de 147 millions en 2019 à 115 millions de francs en 2022)», peut-on lire dans le communiqué.

L’association professionnelle des journalistes impressum s’est dit «sous le choc» et «dénonce avec force» la décision de TX Group de supprimer 35 postes. «TX Group perpétue ses coupes inconsidérées et irresponsables dans le journalisme», critique-t-elle dans un communiqué, parlant d’»un nouveau coup de massue porté en particulier dans la production journalistique francophone».

«Comment TX Group peut-il justifier de telles mesures alors même que le titre est largement bénéficiaire?», s’interroge Etienne Coquoz, secrétaire central d’impressum pour la Suisse romande. «C’est simplement inconcevable d’exiger les mêmes prestations avec une équipe amputée de près de 25% en Suisse romande», s’indigne-t-il. De son côté, syndicom exige «l’arrêt immédiat de ces mesures de licenciement scandaleuses (...) dans ces deux journaux rentables».

Il y a un mois, c’est Tamedia, entreprise du groupe, qui avait annoncé la suppression d’une trentaine d’emplois en Suisse romande, principalement au sein des rédactions de 24 Heures et de la Tribune de Genève. Des discussions sont en cours dans le cadre de la procédure de consultation.