Les réserves de la BNS trop fluctuantes pour financer l’Etat, assène Thomas Jordan

AWP

1 minute de lecture

Lors d’un exposé à l’Université de Lucerne, le président de la banque nationale a martelé l’importance de l’indépendance de son institution pour la bonne conduite de son mandat de stabilité des prix.

Les récentes contre-performances financières de la Banque nationale suisse (BNS) offrent au président de sa direction générale Thomas Jordan un argument supplémentaire pour défendre l’indépendance de son institution à l’égard des milieux politiques. Le banquier central helvétique en chef a martelé derechef l’importance de cette indépendance pour la bonne conduite du mandat de stabilité des prix de la BNS, à l’occasion d’un exposé à l’Université de Lucerne.

L’institut d’émission a certes établi un cadre évolutif de redistribution des réserves constituées au cours des années de vaches grasses, mais ces versements sont depuis 2021 plafonnés à six milliards de francs par année, contre 2 milliards à partir de 2016 puis 4 milliards à compter de 2019.

Les 103 milliards accumulés en fin d’année dernière ont amené certains observateurs à surestimer le potentiel de redistribution de la BNS et à considérer leur plafonnement trop bas, assène M. Jordan dans le scripte de son discours.

Ces gains ont toutefois été réduits à peau de chagrin sur les six premiers mois de l’exercice en cours. Chute de cours des actions et relèvements de taux d’intérêts à l’échelle mondiale ont plombé la performances des actions et obligations détenues par la BNS, générant un déficit colossal de 95 milliards.

M. Jordan y perçoit une démonstration de la pertinence du plafonnement et de l’échelonnement des éventuelles redistributions à la Confédération et aux cantons, plutôt que d’un reversement unique et intégral des réserves.

Premières mesures contre l’inflation dès fin 2021

Revenant sur la politique monétaire à proprement parler, le banquier central assure que son institution a réagi dès la fin de l’année dernière aux pressions inflationnistes qui se précisaient alors déjà à l’étranger. La BNS avait lors de son examen de situation de décembre décrété qu’une certaine appréciation du franc - longtemps combattue - pouvait désormais être tolérée. Le phénomène atténue en effet le renchérissement des importations, limitant subséquemment la hausse générale des prix.

Le taux d’inflation de 3,5% constatée au mois d’août représente nonobstant une valeur nettement supérieure à la fourchette de 0% à 2% considérée comme synonyme de stabilité des prix. Les deux hausses successives de 50 puis 75 points de base du taux directeur arrêtées en juin puis en septembre - portant celui-ci à 0,5% - risquent de s’avérer insuffisantes pour juguler ce renchérissement et la BNS n’exclut pas de devoir à nouveau procéder à des relèvements à moyenne échéance.

Si elle jouit désormais d’une certaine marge de manoeuvre, la valorisation du franc demeure observée de près par l’institution, qui se réserve la possibilité d’influer sur son appréciation en accroissant ou en délestant ses considérables réserves de devises.

A lire aussi...