Les acteurs du secteur se réuniront à partir de samedi et jusqu’à mercredi à Monaco pour Les Rendez-Vous de Septembre.
Enfin une embellie! La réassurance, dont le rôle est d’assurer les assureurs, semble se porter un peu mieux, notamment grâce aux augmentations de tarifs, mais les négociations avec les assureurs restent tendues face à la multiplication des catastrophes naturelles.
Les acteurs du secteur se réuniront à partir de samedi et jusqu’à mercredi à Monaco pour Les Rendez-Vous de Septembre, grand-messe annuelle de la réassurance, dont le marché mondial était estimé à 386 milliards de dollars en 2022.
L’occasion de «contextualiser» les enjeux, selon Jean-Phillippe Dogneton, directeur général de Macif, qui s’est exprimé auprès de l’AFP, et selon qui, assureurs et réassureurs vont avoir «des choses à se dire».
Il y a un an, les assureurs sont «revenus groggy», se remémore le patron de Macif.
De manière générale, la profession a ainsi dû payer bien plus cher pour être moins bien protégée.
Si M. Dogneton dit comprendre le rééquilibrage souhaité par les réassureurs, après une série d’années difficiles pour le secteur, il en critique la «rapidité» et la «brutalité».
Peinant à atteindre l’équilibre, le secteur de la réassurance a considérablement augmenté ses prix, avec des hausses annuels à deux chiffres, même si les évolutions peuvent considérablement varier selon les zones géographiques ou les types de contrats.
A titre d’exemple, Axa XL réassurances, filiale d’Axa dédiée à cette activité, a fait état d’une hausse des prix de 6,3% au premier semestre, tandis Swiss Re, numéro 2 du secteur, a communiqué sur une hausse des prix de 21% dans la branche dommage, pour les renouvellements de contrats de juillet.
A la faveur de ces évolutions, l’agence de notation S&P Global a récemment identifié «une inversion de tendance» pour la réassurance, dont les perspectives sont passées de négatives à stables, a souligné lors d’une conférence de presse Marc-Philippe Juilliard, directeur assurance pour l’agence de notation S&P.
Pour Fitch, autre grande agence de notation, les perspectives sont passées de «neutres» à «positives».
Outre l’augmentation des tarifs, la réassurance a pu profiter, selon M. Juilliard, du «relèvement des taux d’intérêt».
«Pour le moment, on peut dire que le premier semestre a été relativement modéré en termes de catastrophes naturelles, pour celles qui sont mises à la charge des réassureurs», a-t-il également noté.
Selon le réassureur Swiss Re, les catastrophes naturelles ont coûté sur les six premiers mois de l’année 50 milliards de dollars à l’ensemble du secteur de l’assurance, contre 48 en 2022 sur la même période.
Mais cette légère augmentation est surtout due à l’explosion du nombre de périls dits «secondaires», dont les réassureurs se détournent, laissant donc aux assureurs traditionnels une part croissante de la prise en charge de ces sinistres.
Les périls secondaires sont les sinistres de moyenne intensité, comme la grêle ou les incendies de forêt, et s’opposent aux périls dits «primaires» que sont par exemple les séismes ou les ouragans.
La réassurance reprenant des couleurs, les discussions pourront-elles être plus apaisées cette année? Rien n’est moins sûr.
Face aux critiques de certains assureurs, Nicolas Boudias, directeur général de l’Association des professionnels de la réassurance en France (Apref), a répondu lors d’une conférence de presse: «arrêtez de râler et payez le bon prix».
Ces dernières années, «la réassurance rapportait moins que l’assurance», rappelle de son côté Bertrand Labilloy, vice-président de l’Apref et directeur général de CCR Re.
Selon eux, si le durcissement des conditions des contrats commence à porter ses fruits, le secteur va avoir besoin de plusieurs années pour véritablement sortir la tête de l’eau, en témoigne la baisse de 15% entre 2021 et 2022 du capital disponible dans la réassurance, du jamais vu.
Selon M. Juilliard de S&P, pour 2024, «on ne va peut-être pas avoir des augmentations (de prix) aussi fortes que l’année dernière, mais on ne s’attend pas à ce que le marché fasse marche arrière».
Avec des assureurs de plus en plus demandeurs de protection et des réassureurs qui cherchent à réduire leur exposition, le rapport de force est pour l’heure en faveur des seconds.