La croissance suisse stagne en fin d’année 2022, pas de récession en vue

AWP

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«En début d’année, la croissance était encore solide, mais un premier ralentissement est intervenu à l’été suivi d’un refroidissement conjoncturel attendu» sur les derniers mois de 2022, indique Eric Scheidegger du Seco.

L’économie suisse a marqué le pas en fin d’année dernière, freinée par une conjoncture mondiale morose et une situation géopolitique instable. Sur l’ensemble de 2022, la croissance helvétique a aussi ralenti. Une récession est cependant pour l’heure exclue.

«En début d’année, la croissance était encore solide, mais un premier ralentissement est intervenu à l’été suivi d’un refroidissement conjoncturel attendu» sur les derniers mois de 2022, a résumé Eric Scheidegger, directeur suppléant du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco).

Au quatrième trimestre 2022, le produit intérieur brut (PIB) de la Confédération est en effet resté à l’arrêt (0,0%) comparé au partiel précédent et après avoir modestement crû de 0,2% au 3e trimestre, selon des données non corrigées des événements sportifs.

Cette évolution est inférieure aux prévisions des économistes sondés par l’agence AWP, qui tablaient sur une croissance trimestrielle comprise entre +0,1% et +0,3% au dernier partiel 2022.

Sur l’ensemble de l’année écoulée, le PIB a crû de 2,1%, après avoir accéléré de 4,2% en 2021, a indiqué le Seco dans un communiqué. Cette annonce est conforme aux prévisions de croissance des économistes fédéraux publiés en décembre derniers.

«Le rattrapage post-Covid semble largement terminé (et) il ne reste plus beaucoup de potentiel» à ce niveau, a ajouté M. Scheidegger lors d’une conférence de presse.

«Le contexte international difficile a freiné l’industrie manufacturière et, partant, les exportations. La demande intérieure est quant à elle restée soutenue», a détaillé le Seco. Selon l’administration fédérale, «si la conjoncture a été marquée par la reprise après la crise du coronavirus, elle a aussi fait les frais de la situation tendue en Europe en matière d’approvisionnement énergétique et de l’assombrissement de l’environnement international».

Les exportations ont en effet nettement ralenti la cadence (-1,7%) entre octobre et décembre derniers, après avoir vigoureusement accéléré le trimestre précédent (+9,7%). Les importations de biens (-1,5%) ont suivi la même trajectoire, après une solide performance au 3e trimestre (+2,2%). La consommation des ménages (+0,3%) a quant à elle marqué le pas, alors que celles des administrations publiques (+0,3%) s’est à peu près maintenue.

Pas de premier trimestre 2023 négatif

Dans le secteur du tourisme, la reprise se poursuit après la crise du coronavirus. «Les touristes étrangers ont été plus nombreux à revenir en Suisse», la valeur ajoutée dans le domaine de l’hôtellerie-restauration ayant encore progressé (+1,5%), tout en restant inférieure de 5% comparé à fin 2019.

En décembre dernier, le Seco anticipait pour 2023 un PIB en hausse de 0,7% et de 1,9% en 2024. «L’évolution actuelle de l’économie est à peu près conforme aux estimations», a ajouté M. Scheidegger, renvoyant aux prochaines prévisions du Seco le 16 mars.

«Nous ne tablons actuellement pas sur une récession cette année», a ajouté le responsable, disant ne pas s’attendre à un premier trimestre négatif. Les craintes au niveau de l’approvisionnement énergétique de la Suisse se sont estompées, mais de nouveaux risques pourraient resurgir l’hiver suivant.

Ces prévisions optimistes sont étayées par le baromètre KOF. L’institut de recherches conjoncturelles a estimé mardi que les perspectives économiques de la Suisse poursuivent sur la voie de l’embellie. L’indicateur des chercheurs zurichois a pris en février 2,6 points au regard du mois précédent, progressant pour un 3e mois d’affilée et retrouvant à 100 points sa valeur moyenne à long terme.

Les indicateurs sectoriels liés à la consommation et à l’exportation ainsi que, de manière moins prononcée le secteur financier, émettent des signaux favorables, quand ceux des autres domaines demeurent quasiment stables, ont noté les experts du KOF. Seule l’hôtellerie-restauration a subi une légère dégradation de sa situation.

La consommation privée est restée un «contributeur positif important», malgré un ralentissement de cet indicateur, ont estimé les économistes de Credit Suisse dans un commentaire. L’effet de rattrapage post-Covid devrait continuer à s’estomper, mais les dépenses des ménages devraient tout de même soutenir la croissance en 2023.

VP Bank a rappelé que l’inflation, bien que plus faible que dans les pays voisins, a pesé sur la consommation. Les investissements dans les biens d’équipement se sont par contre avérés beaucoup plus solides. L’année 2023 devrait afficher une «faible dynamique» en matière de croissance.

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