Les députés reprendront mercredi l’examen de l’accord conclu avec l’UE, dont l’adoption semble très compromise. Verdict le 15 janvier, selon la BBC.
Les vacances parlementaires terminées, la Première ministre Theresa May replonge cette semaine dans les affres du Brexit et tentera une nouvelle fois de convaincre les députés britanniques de ne pas enterrer l’accord de sortie de l’UE conclu avec Bruxelles.
Les débats sur ce texte doivent avoir lieu mercredi et jeudi à la Chambre des Communes et pourraient se prolonger jusqu’à vendredi. Mais son adoption demeure très compromise tant il est décrié à la fois par les «Brexiters» et les europhiles.
Interrogé par l’opposition, le gouvernement conservateur a refusé de préciser la date à laquelle aurait lieu le vote sur l’accord, provoquant la colère du leader du Parti travailliste, Jeremy Corbyn.
«A moins de trois mois de l’échéance, ce n’est plus l’heure de se cacher ou de fuir», a-t-il fulminé : «cette question déterminera l’avenir du Royaume-Uni» et ne devrait donc pas être réglée «par les manoeuvres internes du Parti conservateur».
Selon la BBC, le vote aura lieu le 15 janvier. Mais le ministre chargé du Brexit, Stephen Barclay, a seulement confirmé qu’il aurait lieu la semaine prochaine.
Initialement prévu pour le 11 décembre, il avait été reporté à la dernière minute par Theresa May pour éviter une défaite annoncée.
Sans accord au jour du Brexit, le 29 mars, le Royaume-Uni mettra fin de manière désordonnée à plus de quatre décennies d’appartenance à l’UE, un scénario redouté par les milieux économiques.
La Première ministre a mis en garde dimanche sur la BBC contre les conséquences imprévisibles que pourrait avoir un rejet de l’accord.
«Si l’accord n’est pas voté (...), nous nous retrouverons alors en terrain inconnu (...) Je ne pense pas que quiconque puisse dire exactement ce qui pourrait alors se passer», a-t-elle dit.
«Pas de négociations»
Pour tenter d’amadouer les députés, elle a affirmé que le Parlement pourrait jouir d’un rôle plus important dans les négociations à venir sur la future relation commerciale entre Londres et les 27.
Elle a également évoqué des mesures, sans en préciser la nature, concernant l’Irlande du Nord, une manière de tendre la main au parti ultra-conservateur nord-irlandais DUP, dont le soutien lui est indispensable pour obtenir la majorité absolue au Parlement.
«Jusqu’à présent, les problèmes fondamentaux qui font de cet accord un mauvais accord ne semblent pas avoir été réglés», a cependant estimé dimanche le député du DUP Nigel Dodds, qualifiant de «poison» une disposition du texte destinée à empêcher le rétablissement d’une frontière physique entre l’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord.
Ce «filet de sécurité» prévoit la création d’un «territoire douanier unique» englobant l’UE et le Royaume-Uni, avec un alignement plus poussé pour l’Irlande du Nord.
Theresa May a déclaré qu’elle continuait à travailler avec Bruxelles pour obtenir des assurances susceptibles de convaincre les députés, après s’être déjà entretenue avec des dirigeants européens pendant la période de Noël, notamment avec ceux de la France, de l’Allemagne et de l’UE.
«Comme toujours, cela a été constructif», a commenté lundi un porte-parole de la Première ministre.
Le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a toutefois répété qu’il n’y avait «pas de négociations, parce que tout ce qu’on a sur la table c’est ce que nous considérons comme donné, acquis, et approuvé».
L’opération de persuasion s’annonce particulièrement ardue pour Theresa May, dont l’autorité a été sérieusement entamée en décembre par un vote de défiance organisé au sein de son parti, auquel elle n’a survécu que péniblement.
Signe des divisions, 209 députés de tous bords lui ont écrit pour lui demander d’exclure l’option d’un «no deal».
A l’opposé, l’ex-chef de la diplomatie britannique Boris Johnson, héraut du Brexit, a affirmé dans le Telegraph qu’un Brexit sans accord correspondait «au plus près» au vote des Britanniques au référendum de 2016.
La date du Brexit se rapprochant à grands pas, le gouvernement accélère les préparatifs en prévision d’une éventuelle sortie sans accord.
Lundi, un test logistique impliquant 89 camions a été organisé à partir d’un aéroport désaffecté du Kent (sud-est de l’Angleterre) pour déterminer comment éviter les embouteillages qui pourraient accompagner le rétablissement de contrôles douaniers.
«Il est positif qu’un plan soit préparé mais l’ampleur limitée du test d’aujourd’hui requiert de le répéter pour mesurer correctement l’impact de milliers de camions», a cependant réagi le directeur de l’association britannique du transport routier de fret(RHA) Richard Burnett.