Brexit: May toutes griffes dehors contre un second référendum

AWP

2 minutes de lecture

Un nouveau scrutin entraînerait des dégâts irréparables pour l’intégrité de notre vie politique, prévient la Première ministre britannique Theresa May.

© Keystone

Theresa May a sèchement rejeté lundi les appels qui se multiplient au Royaume-Uni pour un second référendum sur le Brexit, perçu comme une possible solution à l’impasse politique découlant de l’hostilité envers l’accord de divorce conclu avec Bruxelles.

«Ne rompons pas la confiance du peuple britannique en essayant d’organiser un nouveau référendum» sur le Brexit, qui «entraînerait des dégâts irréparables pour l’intégrité de notre vie politique», a dit la Première ministre britannique dans une déclaration aux députés à la chambre des Communes.

Ce deuxième référendum «ne nous avancerait probablement pas plus» et «diviserait encore notre pays au moment même où nous travaillons pour l’unir», a-t-elle ajouté.

Elle a précisé que le vote sur l’accord conclu avec Bruxelles se déroulerait dans la troisième semaine de janvier, soit entre les 14 et 20 janvier.

Le Royaume-Uni s’est prononcé à 52% en faveur d’une sortie de l’UE lors d’un référendum en juin 2016. Le Brexit doit se concrétiser le 29 mars prochain mais l’accord de divorce conclu en novembre avec Bruxelles à l’issue d’âpres négociations peine à convaincre les députés de tous bords politiques, qu’ils soient partisans d’un Brexit sans concessions ou défenseurs du maintien dans le club européen.

Poursuite des discussions?

Confrontée à la probabilité d’un cuisant échec, Theresa May a repoussé à janvier le vote sur l’accord, initialement prévu le 11 décembre.

Le risque d’un rejet du texte demeure toutefois très élevé: la dirigeante conservatrice est ressortie affaiblie d’un vote de confiance organisé au sein de son propre Parti conservateur, et elle n’a pas réussi à obtenir de nouvelles munitions pour convaincre le Parlement auprès des dirigeants européens réunis en sommet à Bruxelles la semaine dernière.

Mme May avait alors indiqué qu’elle poursuivrait les discussions avec l’UE afin d’obtenir des «assurances» sur l’accord, notamment une disposition destinée à éviter le retour d’une frontière physique entre l’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord, et son porte-parole a affirmé lundi que les échanges se poursuivaient «à tous les niveaux».

Elle a répété lundi que «des clarifications supplémentaires» de la part de l’UE sont «possibles».

Aucune rencontre avec des dirigeants britanniques ne figurait toutefois à l’agenda de l’UE, a indiqué lundi le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas. «Le Conseil européen a fourni les clarifications qu’il était possible de donner à ce stade, aucune nouvelle réunion n’est donc prévue avec le Royaume-Uni».

Face aux divisions, de plus en plus de voix plaident pour un second référendum, dans l’opposition comme chez les conservateurs.

«Trahison»

Theresa May a toujours rejeté cette éventualité, qui trahirait selon elle la volonté du peuple britannique. Seules alternatives à son accord selon elle: un Brexit sans accord, potentiellement dévastateur pour l’économie britannique, ou pas de Brexit du tout.

Durant le week-end, elle est montée au créneau contre un second référendum et s’est écharpée avec l’ancien chef de gouvernement travailliste Tony Blair, l’accusant de chercher à «saper» le Brexit. «Je n’ai jamais perdu de vue mon devoir, à savoir mettre en oeuvre le résultat du référendum», a-t-elle insisté.

Tony Blair, au pouvoir de 1997 à 2007, a lui considéré comme «irresponsable (...) d’essayer de convaincre de force les députés d’accepter un accord qu’ils considèrent comme franchement mauvais en menaçant de quitter l’Union européenne sans accord s’ils ne suivent pas la ligne».

Comme Theresa May, l’ex-chef de la diplomatie et fervent Brexiter Boris Johnson a estimé qu’un second référendum «provoquerait un sentiment de trahison instantané, profond et permanent», lundi dans le Daily Telegraph.

Devant le spectre d’un rejet de l’accord, une troisième voie est défendue par plusieurs ministres: donner au Parlement la possibilité de voter de manière indicative sur différentes options possibles pour le Brexit, du maintien d’une relation très étroite avec l’UE à une sortie sans accord.

Dernier en date à plaider en ce sens, le ministre des Entreprises Greg Clark a estimé lundi sur la BBC que le Parlement devrait avoir son mot à dire pour mettre fin à l’«incertitude» si l’accord de Mme May était recalé.

Le porte-parole de Mme May a cependant déclaré qu’aucun vote de la sorte n’était prévu.

A lire aussi...