La Banque d’Angleterre poursuit sa pause sur les taux, trop tôt pour une baisse

AWP

2 minutes de lecture

La BoE a retardé ses objectifs de retour de l’inflation à 2% à la fin 2025 et a adopté un ton plus offensif que la Réserve fédérale américaine la veille.

La Banque d’Angleterre (BoE) a de nouveau laissé son taux directeur inchangé à 5,25% jeudi, dans un contexte économique morose au Royaume-Uni, mais prévient qu’il est «bien trop tôt» pour envisager une baisse, face à une inflation qui reste trop élevée.

«Nous avons gardé les taux inchangés ce mois-ci, mais nous continuerons de les surveiller de près afin de voir si de nouvelles hausses sont nécessaires», a déclaré le gouverneur de la BoE Andrew Bailey dans un communiqué.

«Il est bien trop tôt pour penser à des baisses de taux», a-t-il martelé lors de la conférence de presse suivant la décision. «Il n’y a pas de place pour la complaisance. Nous allons (...) faire en sorte que l’inflation retombe jusqu’à 2%».

En maintenant son taux, la BoE emboîte le pas à la Réserve fédérale américaine (Fed) qui a laissé ses taux inchangés à l’issue de sa réunion mercredi, et à la Banque de Norvège, qui a pris la même décision jeudi.

La Banque centrale européenne (BCE) s’est également prononcée en faveur d’une pause la semaine dernière, après dix hausses d’affilée.

L’inflation a stagné à 6,7% sur un an en septembre au Royaume-Uni, voyant sa baisse enrayée par le prix des carburants, et reste la plus élevé des pays du G7. Mais la BoE estime qu’elle baissera tout de même plus vite que prévu pour atteindre «environ 4,5%» d’ici la fin de l’année.

A plus long terme cependant, l’institution a retardé son objectif de retour de l’inflation à 2% à la fin 2025, alors qu’elle espérait auparavant atteindre sa cible au deuxième trimestre, et elle a adopté un ton perçu comme plus offensif que la Réserve fédérale américaine (Fed) la veille.

«Les pressions inflationnistes sous-jacentes restent élevées dans les économies avancées», soutenues au Royaume-Uni par la croissance des prix et des salaires, et les risques d’une hausse des prix de l’énergie en raison du contexte géopolitique incertain au Moyen-Orient, selon l’institution.

La livre monte

Le Comité de politique monétaire (MPC) «a voté à une majorité de 6 contre 3 pour le maintien de ses taux à 5,25%», trois membres se prononçant en faveur d’un rehaussement d’un quart de point de pourcentage, a précisé la banque centrale britannique dans les minutes de sa réunion.

«La nouveauté est que la BoE a décidé de souligner encore plus fortement qu’elle ne pense pas qu’elle réduira les taux d’intérêt avant longtemps», constate Paul Dales, de Capital Economics.

Un ton offensif qui dopait la livre: vers 13H45 GMT, la devise britannique prenait 0,48% face au billet vert, à 1,2195 dollar pour une livre.

Pour autant «de plus en plus d’éléments suggèrent que nous avons atteint le pic du cycle des taux d’intérêt» alors que «l’inflation diminue, le marché du travail ralentit et les effets des précédentes hausses sont toujours en train de se répercuter sur l’économie», ajoute Laith Khalaf, analyste chez AJ Bell.

La BoE a poursuivi jeudi une pause commencée en septembre, après un cycle de 14 tours de vis consécutifs qui avait porté son taux directeur à un plus haut niveau depuis début 2008.

«Les taux d’intérêts plus élevés fonctionnent et l’inflation baisse. Mais nous avons besoin de voir l’inflation continuer de baisser jusqu’à atteindre notre cible de 2%», a encore indiqué M. Bailey dans son communiqué.

La BoE avait peu de marge de manoeuvre jeudi, marchant sur un fil, en menant sa lutte contre l’inflation tout en cherchant à ménager une économie britannique qui voit ses perspectives s’assombrir.

L’autorité monétaire prévoit désormais que la croissance britannique sera plate au troisième trimestre de cette année, mais aussi sur l’ensemble de 2024, là où elle prévoyait précédemment de petites hausses du Produit Intérieur Brut (PIB).

La BoE précise qu’elle base ses prévisions sur les attentes du marché, qui entrevoit des taux inchangés jusqu’au troisième trimestre 2024, puis une baisse progressive jusqu’à 4,25% d’ici la fin 2026.

A lire aussi...