La Banque d’Angleterre pourrait serrer encore la vis face à l’inflation

AWP

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La BoE n’achète plus de nouvelles obligations, et elle a affirmé qu’elle cesserait de renouveler celles qui arriveraient à expiration quand son taux directeur atteindra 0,5%.

La Banque d’Angleterre (BoE) pourrait décider jeudi de remonter à nouveau son taux directeur pour contrer une inflation qui dépasse ses prévisions, agissant plus vite que la BCE et la Fed, estiment des analystes.

Après avoir été pris par surprise par la hausse des taux de la BoE en décembre, les investisseurs estiment désormais qu’avec une inflation qui a atteint 5,4% sur un an en décembre, au plus haut depuis 1992, la Banque sera obligée d’agir.

L’institution monétaire, qui vise officiellement 2% d’inflation, n’a pas remonté ses taux lors de deux réunions consécutives depuis 2014.

Sanjay Raha, analyste à la Deutsche Bank, se demande même si la BoE n’est pas déjà en retard, en raison de l’inflation mais aussi d’un manque de travailleurs sur le marché de l’emploi britannique.

La BoE, qui a été en décembre la première banque centrale d’un pays du G7 à remonter son taux, prend en tout cas de vitesse la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a tout juste signalé lors de sa première réunion de 2022 qu’elle comptait faire de même en mars.

Et surtout, la Banque centrale européenne (BCE), qui annoncera sa décision de politique monétaire le même jour que la BoE, n’a pour l’instant pas indiqué qu’elle comptait relever ses taux cette année.

Les dernières interventions en date des patrons des deux institutions monétaires en janvier justifient ces divergences de politiques.

Là où le gouverneur de la BoE Andrew Bailey s’est inquiété de voir les prix de l’énergie rester «plus haut, plus longtemps» en raison de la crise ukrainienne, la présidente de la BCE Christine Lagarde a estimé que «les moteurs de l’inflation devraient perdre de la vigueur dans le courant de l’année».

QE: le début de la fin?

La BoE a également pris la Fed et la BCE de vitesse sur son programme de rachats d’actifs (quantitative easing, ou QE), d’une taille de 895 milliards de livres.

La Banque britannique n’achète plus de nouvelles obligations, et elle a affirmé qu’elle cesserait de renouveler celles qui arriveraient à expiration quand son taux directeur atteindrait 0,5%, ce qui pourrait arriver dès jeudi en cas de hausse.

«Nous partons du principe que le comité de politique monétaire (MPC) s’en tiendra à son plan, mais il y a une chance qu’il prenne peur», préviennent les analystes de Capital Economics.

«Ce serait la toute première fois que la Banque s’engagerait dans un resserrement de son bilan, depuis le début du programme de QE il y a plus d’une décennie», insiste M. Raha, de Deutsche Bank.

«Au final, pour le Comité de politique monétaire (MPC), la vigueur et le nombre des hausses en 2022 dépendra de l’équilibre à trouver entre lutte contre l’inflation et coût pour la croissance», estime-t-il.

Certains indicateurs décevants publiés dans les deux derniers mois (croissance qui freine au troisième trimestre selon les données officielles, activité en déclin en décembre en raison d’Omicron selon l’indice PMI) incitent cependant les analystes de Pantheon Macroeconomics à la prudence.

«Nous pensons qu’une hausse des taux est probable, mais le marché table sur une probabilité de 95%, ce qui est trop élevé», préviennent-ils.

Le MPC a déjà pris à contre-pied le marché lors de ses deux dernières réunions, conservant un taux ultra-bas en novembre quand une action était attendue et le relevant en décembre quand les investisseurs ne s’y attendaient plus.

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