GB: la BoE tentée par une hausse de taux face à l’inflation

AWP

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Si elle passe à l’action et remonte son taux, elle prendra ainsi de vitesse d’autres grandes banques centrales, comme la Fed américaine et la Banque centrale européenne.

La Banque d’Angleterre (BoE) pourrait relever son taux directeur jeudi pour la première fois depuis août 2018 pour contrer l’accélération de l’inflation, au risque de peser sur la reprise économique.

Si elle passe à l’action et remonte son taux, elle prendra ainsi de vitesse d’autres grandes banques centrales, comme la Fed américaine et la Banque centrale européenne.

L’enjeu pour la BoE est d’éviter que la hausse récente des prix déclenche un cycle d’inflation difficile à maîtriser.

Au Royaume-Uni, l’inflation a atteint 3,1% sur un an en septembre et le gouvernement s’attend à ce qu’elle accélère encore pour dépasser temporairement 5% en 2022, avant de reculer et d’atteindre 4% en moyenne sur l’année.

Dans la presse britannique, l’inquiétude sur les prix qui accélèrent fait les gros titres, entre factures d’électricité et prix à la pompe, coût de la volaille et des jouets en hausse à l’approche de Noël...

Et Richard Hughes, président de l’OBR (organisme budgétaire britannique), a affirmé lundi que la pression inflationniste pourrait s’installer à plus long terme, notamment à cause des pénuries de travailleurs, qui incitent les employés à demander des salaires plus élevés dans les secteurs concernés.

Le Royaume-Uni fait en effet l’objet de pénuries de biens et de travailleurs, comme c’est aussi le cas en Europe et aux Etats-Unis mais elles sont exacerbées Outre-Manche par le Brexit.

La Banque d’Angleterre, qui vise une inflation à 2%, pourrait donc choisir de remonter son taux directeur, à un plus bas historique de 0,1% depuis le début de la pandémie de Covid-19.

Faucons contre colombes

«Nous nous attendons à ce qu’une courte majorité (6-3) du comité monétaire vote pour une hausse des taux», estiment ainsi les économistes de Deutsche Bank.

Plusieurs membres de l’institut se sont en effet inquiétés de la hausse de l’inflation depuis leur dernière réunion.

Huw Pill, le nouveau chef économiste de la BoE, a évoqué un «changement de régime» à venir dans un interview fin octobre, tandis que le gouverneur Andrew Bailey a affirmé une semaine avant que la Banque pourrait «devoir agir» contre l’inflation.

Pas sûr pour autant qu’une hausse soit garantie dès novembre, préviennent certains analystes: d’autres membres du comité monétaire, les économistes Catherine Mann et Silvana Tenreyro, ont au contraire indiqué qu’elles voulaient avoir une vision plus claire des perspectives britanniques avant de changer leur fusil d’épaule.

Un débat entre «faucons» et «colombes», comme les observateurs du marché surnomment respectivement les partisans d’une politique monétaire dure et ceux d’un soutien à l’économie plus long, est probable, et son résultat n’est pas garanti, prévient Samuel Tombs, économiste chez Pantheon Macroeconomics.

«La BoE va devoir agir, mais pas tout de suite», estime-t-il, jugeant que l’institut «peut attendre 2022 car la reprise tangue et l’inflation n’est pas si élevée».

Les pénuries de biens et de travailleurs qui dopent l’inflation pèsent également sur l’activité. En août, le PIB britannique restait inférieur de 0,8% à son niveau d’avant la pandémie, même si le pays devrait renouer avec ce seuil début 2022, selon les données gouvernementales.

Enjeu de réputation

La BoE pourrait craindre un choc sur le marché si elle s’abstenait de remonter son taux après avoir persuadé les investisseurs qu’elle allait le faire.

En 2014, le gouverneur Mark Carney avait été vertement critiqué pour avoir envoyé des signaux contradictoires aux investisseurs, des élus britanniques comparant la Banque à un «petit ami pas fiable», surnom dont la Banque voudra sûrement se défaire.

La Norvège et la Nouvelle-Zélande sont pour l’instant les deux seules nations du G10, qui rassemble dix des devises les plus échangées au monde, à avoir relevé leurs taux.

Les observateurs surveilleront après la décision le ton adopté par la BoE dans son rapport et par le gouverneur lors de sa conférence de presse.

«En septembre, le comité de politique monétaire avait évoqué +un resserrement modeste de la politique monétaire+», souligne Paul Dales, analyste chez Capital Economics.

Si cette phrase reste telle quelle dans le communiqué de novembre, cela pourrait signifier que le marché, qui table sur de multiples hausses dans les prochains mois, s’est laissé emporter, estime-t-il.

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