L’économie française devrait résister fin 2022, selon la Banque de France

AWP

2 minutes de lecture

Le PIB devrait croître très légèrement, de 0,1%, au quatrième trimestre dans un contexte de grande incertitude liée notamment à la crise énergétique.

L’économie française fait de la résistance: l’activité mesurée par l’évolution du PIB devrait croître très légèrement, de 0,1%, au quatrième trimestre dans un contexte de grande incertitude liée notamment à la crise énergétique, a indiqué jeudi la Banque de France.

Cette «bonne nouvelle», selon l’institution, s’appuie sur la résilience des entreprises alors que la France subit de plein fouet la flambée des prix de l’énergie depuis l’invasion de l’Ukraine et une inflation soutenue qui entame le pouvoir d’achat.

En novembre, «il y a une hausse de l’activité» dans l’industrie, les services marchands et le bâtiment, plus forte qu’anticipé le mois précédent, a déclaré Olivier Garnier, directeur général des Statistiques, études et international au sein de la Banque de France, en présentant l’enquête mensuelle de conjoncture de l’institution.

L’activité économique devrait continuer à progresser sensiblement dans les services en décembre, tandis qu’elle se stabiliserait dans l’industrie et se replierait légèrement dans le bâtiment, selon cette enquête menée auprès d’environ 8.500 entreprises entre fin novembre et début décembre.

«Globalement, il n’y a pas du tout de chute de l’activité en fin d’année», a souligné Olivier Garnier: le PIB devrait croître de 0,1% au quatrième trimestre, confirmant la prévision précédente d’une «très légère hausse».

«Bien sûr, c’est encore entaché d’incertitude», a-t-il ajouté, mais «on a une activité qui résiste bien, et même plutôt un tout petit mieux que prévu».

Incertitude élevée

Pour l’ensemble de l’année 2022, la Banque de France a confirmé sa prévision d’une croissance de 2,6%, identique à celle de l’Insee qui s’attend pour sa part à une stagnation du PIB au dernier trimestre.

Le gouvernement, qui a déployé une batterie d’aides pour soutenir les entreprises et les ménages, table lui sur une hausse de 2,7% du PIB cette année, avant un net ralentissement à 1% en 2023, un scénario jugé trop optimiste par de nombreux instituts économiques.

Pour le seul mois de novembre, la Banque de France estime que le PIB devrait être en hausse par rapport à octobre, puis qu’il restera stable en décembre.

Si l’activité ploie sans rompre fin 2022, les perspectives sont toutefois jugées plus incertaines à moyen terme, nuance la Banque de France, et le niveau d’incertitude demeure élevé, notamment sur le coût et la disponibilité de l’énergie.

Tablant jusqu’ici sur un cycle économique se résumant en trois «R» - résilience, ralentissement et reprise en 2024 -, la banque centrale présentera le 16 décembre ses prévisions pour les trois prochaines années, jusqu’en 2025.

Les difficultés d’approvisionnement et de recrutement s’atténuent en novembre, et les carnets de commandes restent globalement bien garnis, particulièrement dans l’aéronautique, les produits informatiques ou les machines, selon les répondants à l’enquête.

Dans un contexte de hausse des prix se poursuivant à un «rythme soutenu», la Banque de France a dit cependant rester attentive à la situation de trésorerie, qui se stabilise à un niveau «très bas» dans l’industrie, ainsi qu’à l’évolution des stocks.

Ces derniers ont grimpé à un niveau jugé «élevé» du fait d’une baisse de la demande ou de difficultés d’approvisionnement notamment, voire de craintes d’éventuelles pénuries d’énergie dans les prochains mois.

Baisse des marges

Quant à l’impact de la crise énergétique sur leur activité, les entreprises n’ont pas fait état de changement significatif par rapport à octobre, quand la Banque de France a commencé à les interroger sur ce sujet.

Ainsi, 24% d’entre elles disent avoir été affectées en novembre, dont 6% fortement. Elles sont toutefois 35% à s’attendre à un impact sur les trois prochains mois, et elles sont encore plus nombreuses à craindre pour leurs marges (52%).

Selon le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui s’exprimait jeudi devant la Toulouse School of Economics, les marges des entreprises absorberont «temporairement» une partie du choc des prix importés, avec un taux de marge attendu au plus bas en 2023 avant un retour progressif à son niveau pré-Covid en 2025.

Les ménages devraient aussi voir leur pouvoir d’achat reculer, modérément en 2022 et 2023, avant un rebond significatif les deux années suivantes.

A lire aussi...