Léger rebond pour l’emploi salarié en France début 2021

AWP

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L’emploi salarié privé a progressé de 0,3% entre fin décembre 2020 et fin mars 2021. Plutôt «une bonne surprise», selon l’Insee.

L’année 2021 a débuté sur une note plutôt positive pour l’emploi salarié, avec un léger rebond, sans toutefois rattraper son niveau d’avant-crise, après une année 2020 marquée par la destruction de plus de 320’000 emplois dans le secteur privé en France, sous l’effet du COVID-19.

Selon l’estimation provisoire de l’Insee publiée vendredi, l’emploi salarié privé a progressé de 0,3% entre fin décembre 2020 et fin mars 2021, soit 57’300 créations nettes d’emplois. Le trimestre précédent avait été marqué par un recul modéré de 0,1% (28’200 destructions nettes).

«Ce n’est pas mauvais. C’est même une bonne surprise. Nous avions prévu une légère baisse de l’emploi salarié au 1er trimestre» dans la dernière note de conjoncture en mars, a commenté auprès de l’AFP Sylvain Larrieu, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail à l’Insee.

«Il y a un léger rebond mais il faut quand même bien noter que l’on reste bien en dessous du niveau d’avant-crise», pour l’emploi comme pour l’activité, a-t-il ajouté.

A la fin du premier trimestre, l’emploi salarié se situe ainsi 1,3% sous son niveau de fin 2019 (soit -262’900 emplois), proche de son niveau de fin 2018, indique l’Insee.

Pour Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, «l’économie française récupère du choc du premier semestre 2020» progressivement, avec «à peu près 60% des pertes d’emploi qui avaient eu lieu aux premier et deuxième trimestre» rattrapées.

Dans le détail, l’intérim, boussole du marché de l’emploi, se stabilise au 1er trimestre, après trois trimestres consécutifs de hausse (+0,1%, soit +700 emplois). Il reste à 5,2% sous son niveau de fin 2019 (-41’200 emplois).

Hors intérim, l’emploi salarié privé augmente dans tous les secteurs.

Dans l’industrie, il progresse pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire (+0,2% au 1er trimestre, soit +4900 emplois). Mais il reste là aussi inférieur à son niveau d’avant crise (-1,7%, soit -52’800 emplois).

Dans le tertiaire marchand, hors intérim, l’emploi salarié progresse modérément (+0,2%, soit +27’000), tandis que dans la construction, qui reste «très dynamique», selon M. Larrieu, il augmente nettement (+1,2%, soit +16’800), dépassant son niveau d’avant-crise (+3,3% par rapport à fin 2019).

Enfin, l’emploi dans le tertiaire non marchand augmente de 0,3% (+7200), dépassant de 1,2% son niveau de fin 2019.

«Etre chirurgical»

A un an de l’élection présidentielle et alors que le virus persiste, l’avenir reste incertain, notamment sur ce qui va se passer lorsque l’Etat va débrancher progressivement l’arsenal d’aides (activité partielle, prêts garantis par l’Etat, fonds de solidarité...).

Après cette hausse surprise au premier trimestre, «il n’est pas impossible qu’il y ait pour une part un contre-coup», estime M. Larrieu. «La situation va dépendre principalement de la situation sanitaire: quel aura été le calendrier de levée des restrictions ? Est-ce que les entreprises auront confiance dans le retour à une activité normale dans les secteurs les plus touchés?», juge l’économiste de l’Insee.

Côté mesures de soutien, depuis le début de la crise, «le chômage partiel fonctionne très bien, dans la mesure où la baisse de l’emploi est beaucoup moins importante que la baisse d’activité», donc il faudra voir notamment les conditions de sortie du chômage partiel, dit-il. Celui-ci concernait encore en mars 12% des salariés du privé, soit 2,3 millions de personnes, selon la Dares.

«La perspective d’une sortie de crise peut laisser l’espoir de récupérer ces emplois perdus parce qu’on n’est pas dans une situation catastrophique», notamment au regard de la crise de 2008, souligne pour sa part Mathieu Plane.

«Dès que les conditions sanitaires vont se réaméliorer, étant donné que globalement le revenu des ménages a été préservé, que le tissu productif a été préservé, on peut s’attendre à un rebond assez fort de l’économie», dit-il. Mais en ce qui concerne les mesures de soutien, «il va falloir être chirurgical» prévient-il, car «une levée trop rapide risquerait un plongeon de certains secteurs avec un emballement sur les faillites et des risques sur l’emploi».

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