Léger rebond du prix du blé en Europe, faible écho du Moyen-Orient

AWP

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Vers 15h30, la céréale du pain s’échangeait autour de 237 euros la tonne, en hausse d’un euro par rapport à la veille, sur l’échéance de décembre, la plus proche.

Les prix du blé grimpaient légèrement mercredi sur le marché européen dans un contexte global assez peu affecté par les conflits, de l’Ukraine au Moyen-Orient, du moment que les échanges ne sont pas directement touchés, estiment des analystes.

«La frappe sur un hôpital de Gaza, qui a fait mardi des centaines de morts - et dont les parties israélienne et palestinienne se renvoient la responsabilité -, peut expliquer le léger rebond du blé observé sur Euronext», a commenté Damien Vercambre, de la maison de courtage Inter-Courtage.

Mercredi après-midi, vers 13H30 GMT sur le marché européen, la céréale du pain s’échangeait autour de 237 euros la tonne, en hausse d’un euro par rapport à la veille, sur l’échéance de décembre, la plus proche.

Ce sursaut a entraîné celui du maïs qui s’échangeait à 202,5 euros la tonne (+1,25 euro) sur l’échéance de novembre.

«La prise en compte du risque d’escalade au Proche-Orient est très prudente», les marchés restant hésitants et plutôt orientés à la baisse ces derniers jours, sous la pression des blés russes et ukrainiens, peu chers, a jouté M. Vercambre.

Les opérateurs sont toutefois attentifs aux fluctuations du pétrole, de nouveau en hausse mercredi, à son plus haut niveau depuis dix jours.

«Les indices des matières premières continuent d’être fortement influencés par le complexe énergétique dans son ensemble», souligne Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

Double incidence

«Cette anxiété sur le marché pourrait se traduire par une volatilité historique, quelque chose que nous n’avons probablement plus vu depuis plus de 40 ans, comme l’embargo pétrolier de 1973 ou la révolution islamique (iranienne) de 1979», a-t-il ajouté.

Pour Sébastien Poncelet, analyste à Agritel (Argus Media), «on est encore loin de 1973», quand, à la suite de la guerre du Kippour entre Israël et ses voisins arabes, les pays du Golfe avaient réduit leur production et que l’Arabie saoudite avait imposé un embargo aux Etats-Unis.

Mais, prévient-il, «s’il y a demain une tension sur l’approvisionnement, cela aura des répercussions».

Les prix du pétrole ont une double incidence sur le marché des grains: d’une part sur les coûts de transport et de production, et d’autre part sur le marché spécifique des oléagineux (colza, tournesol, soja...) qui sont pour une large part transformés en agrocarburant.

Depuis des semaines, la tendance générale est à la baisse sur le marché des oléagineux, orientation confortée par l’importance des stocks d’huile de palme en Malaisie, deuxième producteur mondial, où la production atteint son pic saisonnier.

Mais deux facteurs pèsent désormais en soutien des prix: l’inquiétude liée au pétrole, qui a vu légèrement monter les cours du colza en Europe et l’ajustement à la baisse des estimations de production mondiale de soja par le ministère américain de l’Agriculture, qui a fait monter les cours à la Bourse de Chicago.

Rien de nouveau en mer Noire

Tous ces mouvements sont toutefois de faible ampleur: sur une semaine, les cours varient peu, et les opérateurs ont «appris à attendre», relève Edward de Saint-Denis, courtier chez Plantureux & Associés.

«On avait coutume de dire que les marchés +achètent la rumeur et vendent les faits+. Aujourd’hui cet adage ne tient plus. Les opérateurs ont été échaudés par la guerre en Ukraine. Au début, le moindre tir de missile faisait bondir les cours, aujourd’hui, rien ne bouge vraiment si l’approvisionnement n’est pas affecté», explique-t-il.

Sur le marché du blé, «il n’y a rien de bien nouveau», relève Sébastien Poncelet: «On a vu l’Égypte acheter du grain russe à 260 dollars la tonne, un prix encore en dessous du plancher non officiel russe (...), l’Algérie achète à près de 90% russe».

Les prix russes exercent une «pression à la baisse», qui est «contrebalancée par les achats chinois» de blé et de soja, probablement américain, explique-t-il.

L’appétit chinois pour le soja américain est notamment lié à «des problèmes de sécheresse au Brésil» qui permet aux graines américaines d’être «extrêmement» compétitives, indique Michael Zuzolo.

Par ailleurs, «on a en mer Noire une situation inchangée», note Edward de Saint-Denis, qui constate que la guerre en Ukraine «n’empêche pas les produits agricoles de sortir».

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