Jackson Hole: Thomas Jordan plaide pour l’indépendance des banques centrales

AWP

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Seul un mandat étroit est garant de l’indépendance d’une banque centrale, et cela implique de se tenir à l’écart de la politique, a martelé samedi le président de la BNS.

Une banque centrale doit se focaliser sur son mandat de stabilisation des prix et ce malgré les problèmes de société tels que le changement climatique ou le financement des retraites. Telle est la conclusion du discours de Thomas Jordan, président de la Banque nationale suisse (BNS), qu’il a tenu samedi à Jackson Hole, aux Etats-Unis, à l’occasion du symposium des banquiers centraux.

Seul un mandat étroit est garant de l’indépendance d’une banque centrale, et cela implique de se tenir à l’écart de la politique, a-t-il martelé. «Cette distance ne devrait pas ne devrait pas être abandonnée à la légère.»

Tant certains milieux politiques qu’une partie de l’opinion publique ont oeuvré en faveur de l’élargissement du mandat des banques centrales. En Suisse aussi, des interventions parlementaires ont été déposées, de même qu’une initiative populaire demandant le financement direct des retraites par la BNS.

Aussi légitimes que soient les objectifs de protection du climat, de lutte contre les inégalités ou de financement de la prévoyance, les résoudre avec des instruments de politique monétaire mettrait l’efficacité de celle-ci en danger à moyen et long terme, considère M. Jordan.

Premièrement, une banque centrale ne dispose pas d’instruments pour atteindre des objectifs de politique structurelle. Ainsi, en termes de politique climatique, favoriser les placements dans les titres «verts» peut favoriser les cours de ceux-ci dans l’immédiat, mais si la politique monétaire implique de vendre, alors les prix de marché chuteront.

Contrôle de la stabilité des prix

Il en va de même pour la lutte contre les inégalités. Une politique monétaire expansive favorise les petits revenus à court terme mais fait également grimper le prix des actifs, créant encore davantage d’inégalités. Le principal objectif de politique monétaire doit donc rester le contrôle de l’inflation, qui est sa principale contribution à la cohésion sociale.

Deuxièmement, il existe un risque de conflits d’intérêt inutiles si le mandat de politique monétaire est trop large. Car l’objectif de stabilité des prix pourrait être contradictoire avec d’autres objectifs, ce qui jetterait le doute sur la pertinence des mesures décidées.

Enfin et troisièmement, les questions de politique climatique et de répartition des richesses sont des décisions qui relèvent de la politique et donc de processus démocratiques. Ceci n’est pas compatible avec l’indépendance dont doit faire preuve une banque centrale.

Si l’indépendance d’une banque centrale n’est pas une loi naturelle ni une évidence politique, elle est le fruit de la conviction que la stabilité des prix constitue un objectif utile, a rappelé le président. Cet objectif ne peut être atteint à long terme qu’à travers une délégation de responsabilité à une banque centrale indépendante. Cette évidence repose sur des preuves scientifiques solides, a-t-il souligné.

L’enthousiasme du monde politique et de l’opinion publique pour un engagement plus large des banques centrales pourrait avoir un effet inverse à celui souhaité, met en garde M. Jordan, car sans indépendance, leurs moyens d’action se verraient limités. Il leur incombe donc de se prononcer en faveur d’un mandat étroit et de se tenir à l’écart des tâches qui relèvent du politique, conclut-il.

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