Faisant face à une conjoncture difficile dans la construction, en particulier en Allemagne, Geberit a vu ses revenus fléchir l’an dernier. Le spécialiste st-gallois des équipements sanitaires, touché par la vigueur du franc, a réalisé un chiffre d’affaires de 3,08 milliards de francs, en repli de 9,1%. La marge opérationnelle (Ebitda) est attendue à 30%.

Exprimé en devises locales, le repli s’est inscrit à 4,8%, les effets de change ayant pesé à hauteur de 147 millions de francs sur les ventes, a indiqué mercredi le groupe établi à Rapperswil-Jona. Les hausses de prix de 8% ont aussi contribué à limiter le tassement, alors que les volumes écoulés ont atteint un niveau nettement moins élevé qu’en 2022 en raison d’un effet de base et de l’évolution négative de la branche du bâtiment en Europe. En termes organiques, la contraction a atteint 4,8%.

La performance s’est révélée en ligne avec les attentes des analystes. Sondés par l’agence AWP, ces derniers avaient tablé sur des revenus moyens de 3,08 milliards de francs. La baisse organique des ventes était quant à elle attendue à 5,4%.

Sur le seul dernier trimestre 2023, les ventes ont en revanche augmenté de 4,1% à 694 millions de francs, poursuivant l’évolution observée durant le partiel précédent. A taux de change constant, la croissance s’est hissée à 8,3%, les hausses de prix y contribuant à hauteur de 2 points de pourcentage.

Fort repli en Allemagne

En novembre dernier, la direction avait confirmé ses objectifs de chiffre d’affaires pour 2023, à savoir un recul des ventes en monnaies locales à un taux à un chiffre dans le milieu de la fourchette.

Dans le détail, les affaires européennes, lesquelles représentent de 90% de l’ensemble, ont particulièrement souffert face à un environnement «exceptionnellement difficile», les ventes se contractant de 6% en monnaies locales, a souligné le groupe des rives du lac de Zurich. Sur l’important marché allemand, les revenus ont chuté de plus de 10% en monnaies locales. De conséquents tassements ont aussi touché l’Europe de l’Est (-9,4%), l’Autriche (-8,4%) et le Nord de l’Europe (-6%). En Suisse, la baisse s’est affichée à 4%.

L’évolution s’est révélée plus favorable en Europe de l’Ouest, les ventes progressant de 1,9% en Italie et d’à peine 0,4% en Grande-Bretagne, en Irlande, en France et dans la péninsule ibérique. Tous les types de produits ont cependant subi une contraction.

En dépit d’un environnement de marché très difficile, avec des volumes nettement plus faibles, la marge opérationnelle est attendue à un niveau nettement supérieure à celle de l’année précédente, et ce, grâce à la grande flexibilité des usines et de la logistique, indique Geberit. Le groupe note aussi l’effet favorable de la baisse significative des prix de l’énergie. La marge au niveau du résultat opérationnel avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebitda) devrait ainsi se fixer à 30% pour l’ensemble de l’année 2023, alors que le groupe indiquait jusqu’alors viser les 29-30%.

Affaiblissement de la construction de logements

Evoquant l’exercice en cours, Geberit s’attend à une poursuite de l’affaiblissement de la conjoncture dans le secteur du bâtiment. En dépit de ce contexte, l’entreprise st-galloise entend continuer à grignoter des parts de marché. L’inflation et des taux d’intérêts élevés continueront de freiner la demande en Europe, en particulier dans le domaine des nouvelles constructions, a relevé le directeur général du groupe Christian Buhl, lors d’une conférence téléphonique.

Sur les neuf premiers mois de 2023, les permis de construire ont chuté de 20% sur le Vieux Continent, la baisse affectant particulièrement l’édification de logements. Dans le secteur de la rénovation, qui contribue à environ 60% du chiffre d’affaires de Geberit, une évolution plus robuste est attendue.

Ces informations n’ont guère convaincu les investisseurs. L’action Geberit a fini la séance en forte baisse de 4,9% à 490,80 francs, alors que l’indice SMI a lâché 0,72%.