Geberit en perte de vitesse en 2022

AWP

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La multinationale st-galloise a vu sur les 12 derniers mois ses recettes nettes reculer de 2%, alors que les grossistes ont vidé leurs stocks et les prix de l’énergie et des matières premières ont pris l’ascenseur.

Le spécialiste des installations sanitaires Geberit a fait face à une année 2022 difficile, marquée par un déstockage massif chez ses clients, des effets de changes négatifs et une envolée du prix des matières premières. Malgré un contexte qui restera délicat, la société basée à Jona a confirmé ses objectifs à moyen terme.

Sur l’exercice écoulé, l’entreprise - qui fabrique notamment des lavabos, des systèmes de chasse d’eau pour toilettes et des raccords de tuyauterie - a expliqué avoir fait face à une envolée des prix des matières premières de 19% comparé à 2021, alors que ceux de l’énergie ont doublé. Sur le seul quatrième trimestre, la hausse a atteint 11% sur un an, mais a commencé à montrer des signes de ralentissement (-1%) comparé au partiel précédent.

Pour contrer cette situation, Geberit a effectué plusieurs relèvements «extraordinaires» des prix d’environ 9%. Les grossistes avaient cependant anticipé ces augmentations de tarifs et garni leurs stocks au premier semestre pour ensuite les vider en seconde partie d’année, ce qui s’est répercuté par des volumes en forte baisse à partir de juillet. La tendance à la rénovation observée pendant la pandémie de coronavirus a également perdu de son ampleur.

Le directeur général de Geberit, Christian Buhl, s’attend cependant à ce qu’»une grande partie du déstockage chez les grossistes soit terminée».

Sur les 12 derniers mois, la multinationale st-galloise a vu ses recettes nettes reculer de 2% à 3,39 milliards de francs. Les taux de change ont pesé à hauteur de 234 millions, la monnaie helvétique ayant évolué sur la seconde partie de 2022 sous la parité avec l’euro.

Hors variation des cours de changes, les recettes ont cependant augmenté de 4,8%. La marge brute d’exploitation (Ebitda) est quant à elle attendue autour de 27% sur l’exercice écoulé, après 30,9% en 2021.

Ces chiffres correspondent aux attentes de la société au niveau de la marge Ebitda, alors qu’ils manquent le coche pour la croissance. En novembre, Geberit avait en effet dit tabler pour 2022 sur un taux de croissance en monnaies locales «à un chiffre, dans le haut de le fourchette». Ils sont également inférieurs aux prévisions des analystes interrogés par l’agence AWP qui s’attendaient en moyenne à des ventes de 3,48 milliards de francs et une croissance organique de 6,7%.

Le recul a été encore plus marqué au seul quatrième trimestre, où le chiffre d’affaires de Geberit s’est élevé à 667 millions de francs, en baisse de 13,6% sur un an et en repli de 7,2% hors effets de changes. Sur la période, le groupe a relevé ses tarifs de 13%.

Investisseurs indécis

«Le quatrième trimestre (2022) a été difficile et nous nous attendons aussi pour 2023 à un environnement compliqué», a ajouté le directeur général lors d’une conférence de presse téléphonique. Au premier trimestre 2023, les prix des matières premières devraient être à peu près comparables au niveau en fin d’année dernière. Mais les différents relèvements de tarifs devraient soutenir cette année le chiffre d’affaires de 6% à 7%. Des réductions de prix ne sont pour l’heure pas prévues.

La direction s’est par ailleurs déclarée «confiante» de pouvoir atteindre les objectifs financiers qu’elle s’est fixée à moyen terme, soit une croissance moyenne annuelle des ventes nettes de 4% à 6% hors effets de changes et une marge Ebitda de 28% à 30%.

Geberit a fait face au déstockage des grossistes, mais également à un changement dans les tendances de rénovation avec un intérêt accru pour le chauffage, en raison de la crise énergétique, au dépens des installations sanitaires, a souligné Vontobel dans un commentaire. Point positif, le groupe a maintenu son objectif de marge Ebitda d’environ 27% en 2022, en raison d’une stabilisation des tarifs des matières premières en fin d’année et de nouvelles hausses des prix effectuées en octobre, ont remarqué les analystes.

Baader Helvea a pour sa part dit dans une note s’attendre «à un départ plutôt difficile en 2023, en raison de la faible activité de construction en Europe». S’ajoutent à cela l’inflation et les taux d’intérêt qui pourraient peser sur le demande.

A la Bourse suisse, l’action Geberit s’est effritée de 1,4% à 489,70 francs, dans un SMI en repli de 0,95%.

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