Environnement: des avancées insuffisantes à Genève avant la COP15 en Chine

AWP

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«Le monde n’acceptera rien d’autre qu’un cadre mondial» important et qui change la situation, affirme la secrétaire exécutive de la Convention sur la biodiversité Elizabeth Maruma Mrema.

Les négociations durant deux semaines à Genève pour un cadre mondial de la biodiversité pour 2030, puis 2050, ne suffisent pas pour arriver à un compromis lors de la COP15 à Kunming, en Chine. Une nouvelle réunion aura lieu du 21 au 26 juin à Nairobi.

Les représentants de 196 parties «ont mené d’intenses discussions», après deux ans d’interruption des réunions présentielles en raison de la pandémie, a estimé mardi la secrétaire exécutive de la Convention sur la biodiversité (CDB), Elizabeth Maruma Mrema. «Il reste beaucoup à faire», admet-elle.

«Le monde n’acceptera rien d’autre qu’un cadre mondial» important et qui change la situation, a-t-elle ajouté. D’une approche des coprésidents, le texte est désormais celui de l’ensemble des parties, selon ceux-ci.

«Les négociations à Genève ont abouti à des avancées importantes», a dit à Keystone-ATS le chef de la délégation suisse et des affaires internationales de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), l’ambassadeur Franz Perrez. Il relève aussi que le texte discuté donnera le ton des travaux qui se poursuivront. Mais l’avancée est «insuffisante», ajoute-t-il, appelant à davantage d’efforts avec pour objectif des solutions.

La COP qui doit avoir lieu à la fin de l’été prochain, alors que la date n’a pas encore été officiellement annoncée. Les ONG sont déçues après la réunion de Genève.

«Nous devons malheureusement renoncer à un cadre mondial de la biodiversité ‘fait en Suisse’», a déploré à Keystone-ATS le responsable de la politique de la biodiversité à Pro Natura, Friedrich Wulf. Mais, selon lui, l’absence de consensus était évidente dès la première semaine.

Brésil et pays riches visés

Il estime encore possible un accord de taille à Kunming, à condition que des problèmes importants soient résolus. Parmi eux, le financement, l’intervention de l’Etat dans l’économie ou encore l’accès aux données des séquences numériques, qui divise.

Et le responsable de Pro Natura de critiquer aussi notamment l’attitude du Brésil, qui «doit arrêter de bloquer tout ce qui le contraint davantage et s’oppose à l’exploitation de ses ressources». Il s’en prend aussi aux pays riches qui doivent, selon lui, faire des concessions sur le financement et les séquences numériques.

En revanche, M. Wulf retient une unité sur l’importance de préserver les territoires et les espèces, notamment en arrêtant les pertes de biodiversité et en rétablissant même 20% des écosystèmes dégradés. Des dizaines de pays veulent protéger au moins un tiers des terres et des mers d’ici à 2030 au niveau mondial. Cet objectif est repris dans le texte négocié. «Un minimum», selon Greenpeace. Même si Pro Natura demande davantage de volonté des Etats riches.

Pour le WWF, un accord sur un cadre en Chine doit constituer une étape similaire aux efforts contre le réchauffement climatique. L’ONG est inquiète des avancées lentes ces deux dernières semaines.

«Il y a une convergence sur les missions et les objectifs», a dit un responsable. «Mais davantage d’ambition est requis», affirme-t-il, appelant à saisir l’urgence de la situation.

Divergence sur les suivis

A Genève, les discussions ont peu avancé un peu sur les questions financières. Des recommandations sur les ressources et un mécanisme ont été lancées, mais demanderont davantage d’efforts.

Il faudrait au moins 700 milliards de dollars par an pour honorer les objectifs en termes d’assistance, mais le montant n’est pas encore arrêté dans les textes. Il faut également rediriger plusieurs centaines de milliards de dollars de subventions dommageables.

Parmi les différents Etats partie, les pays riches insistent sur cette question, alors que ceux en développement demandent plutôt davantage de financement public pour honorer les objectifs. De même, un mécanisme d’application et de suivi ne fait toujours pas consensus, notamment s’il porte sur une évaluation de chaque pays. «Les avancées ont été très lentes» ces dernières semaines, selon le WWF.

Le menu était «complexe» et «dense» après deux ans d’interruption, ajoute l’ONG. Pas moins de trois entités dans le cadre de la CDB se sont réunies pendant deux semaines à Genève, multipliant les discussions.

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