COP26: appel nuancé à limiter les financements des énergies fossiles

AWP

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Les projets de textes ne parlent plus que de subventions aux «énergies fossiles inefficaces», laissant une marge de manoeuvre.

La présidence de la COP26 a dévoilé à Glasgow plusieurs projets de textes révisés. L’objectif reste de demander aux Etats des efforts dès l’année prochaine. Un appel à accélérer la sortie du charbon et des subventions aux énergies fossiles a été nuancé.

A quelques heures de la fin de la réunion, qui pourrait toutefois se prolonger au-delà de l’horaire prévu à 18h00 (19h00 en Suisse), les négociations s’intensifient. «Nous avons négocié une bonne partie de la nuit», a affirmé à Keystone-ATS le chef de la délégation suisse, l’ambassadeur Franz Perrez.

Le président de la COP26 Alok Sharma a publié vendredi matin des projets de textes presque aussi ambitieux que les premiers mis sur la table mercredi. Certains redoutaient que les indications sur le charbon et les énergies non renouvelables ne passent pas la rampe des premières consultations, notamment sous la pression de l’Arabie saoudite.

Or, aussi bien le projet de document final que celui de la décision politique qui l’accompagne les maintiennent. Pour la première fois de manière aussi claire, si ces textes peuvent être adoptés par consensus, les Etats sont appelés à accélérer la sortie du charbon et la fin des subventions aux énergies non renouvelables.

Mais des nuances ont été ajoutées. Seul le charbon dont l’impact n’est pas atténué par des technologies permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre est désormais mentionné. De même, les projets de textes ne parlent plus que de subventions aux «énergies fossiles inefficaces», laissant une marge de manoeuvre.

Insuffisant pour les ONG

Une approche «affaiblie», selon Greenpeace International. Sa directrice exécutive a estimé que le nouveau projet de document final «pourrait être mieux, devrait être mieux». «Ce n’est pas l’accord que les citoyens espéraient à Glasgow», a-t-elle dit.

De son côté, le WWF a dénoncé un recul sur de nombreuses aspects par rapport au premier projet de mercredi. Il appelle à rétablir l’appel sur tout le charbon et les énergies fossiles.

Jeudi, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait averti les gouvernements que des promesses valaient peu sans une sortie des énergies non renouvelables. Les projets de textes appellent toujours à une réduction de 45% des émissions en 2030 par rapport à 2010 et à une neutralité carbone d’ici 2050. Alors même que la Chine et l’Arabie saoudite ne prévoit celle-ci que pour 2060 et l’Inde pour 2070.

Autre injonction maintenue, les pays devront revenir dès l’année prochaine avec des plans plus ambitieux pour s’aligner sur les objectifs de l’Accord de Paris. Les efforts pour limiter à 1,5°C, 2°C maximum, le réchauffement climatique d’ici 2100 sont en effet insuffisants.

L’enthousiasme après les annonces de dirigeants la semaine dernière a laissé place à la dure sanction des évaluations. Les promesses actuelles des Etats permettraient au mieux d’atteindre 1,8°C, même si l’étude considérée comme la plus sérieuse arrive plutôt à 2,4°C. L’ONU avait conclu lundi que ces contributions récentes ne changeraient pas vraiment son estimation d’un réchauffement de 2,7°C.

Pas de chiffre sur les finances

Depuis une dizaine de jours, la COP26 aura montré le fossé énorme entre ce format où un consensus doit être trouvé entre près de 200 Etats et les attentes immédiates des activistes et des ONG. La réunion en elle-même «n’arrêtera pas le changement climatique», a dit cette semaine le gouvernement britannique.

Parmi les autres questions à régler, le projet de document final regrette que les Etats riches n’aient pas honoré leur promesse de mobiliser 100 milliards de dollars publics et privés par an dès 2020 pour aider les pays en développement. Il leur demande de le faire jusqu’en 2025, date à laquelle un nouveau mécanisme est censé être décidé. En revanche, des propositions chiffrées pour le financement dès 2030 ne font plus partie du projet de décision.

Sur l’article 6 concernant le marché des réductions d’émissions de gaz à effet de serre qu’un pays peut faire en finançant des projets à l’étranger, le Brésil a obtenu le compromis qu’il cherchait. Un système uniforme pour éviter le double comptage ne sera pas établi avant 2031, dit le projet de décision.

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