Brexit: la BoE temporise sur l’«urgence nationale»

AWP

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Sans surprise, la Banque d’Angleterre a maintenu son taux directeur à 0,75% et la poursuite du programme de rachat d’actifs.

La Banque d’Angleterre (BoE) s’est inquiétée jeudi de l’impact économique des incertitudes d’un Brexit dont les contours sont totalement flous et qui créent une situation d’«urgence nationale» selon le patronat et les syndicats.

A huit jours de la date théorique de la sortie de l’UE, la banque centrale a sans surprise maintenu son taux directeur à 0,75% et gardé intact son programme de rachat d’actifs.

La BoE a évoqué de récentes données économiques «mitigées», jugeant que «les incertitudes autour du Brexit continuent de peser sur la confiance et l’activité économique à court terme».

La banque centrale a reconnu qu’en raison du Brexit il lui était plus difficile que d’habitude de tirer, à partir des données économiques de court terme, des conclusions sur l’évolution de la croissance à moyen terme.

Le flou sur le Brexit l’empêche en outre de planifier une hausse des taux limitée et graduelle que la Banque envisage pour respecter son objectif d’une inflation à 2%.

Lors de sa dernière réunion en février, la Banque d’Angleterre avait sévèrement abaissé ses prévisions de croissance pour les années à venir, anticipant une progression du Produit intérieur brut de 1,2% et 1,5% pour 2019 et 2020 (contre 1,7% pour les deux années précédemment).

Elle a souligné jeudi que «la variation des attentes à propos de la nature potentielle et de la date de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a continué à générer de la volatilité sur les actifs britanniques, et particulièrement sur la livre».

Celle-ci s’est appréciée d’environ 3% depuis la dernière réunion en février, reflétant les espoirs d’un accord final entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, malgré les nombreux obstacles.

La Première ministre britannique Theresa May a officiellement demandé à l’Union européenne un report du Brexit au 30 juin, mais Donald Tusk, le président du Conseil européen, a conditionné ce report à l’approbation par les députés britanniques de l’accord négocié entre Londres et Bruxelles, qu’ils ont déjà massivement rejeté à deux reprises.

Nouvelle approche

Lors d’un sommet à Bruxelles, les dirigeants européens vont examiner cette demande de report qui suscite également des remous au sein du Parlement britannique.

Les milieux économiques craignent toujours pour leur part un Brexit sans accord, qui serait le scénario du pire pour eux et pourrait créer un choc sur l’économie.

Dans une lettre adressée à Theresa May et publiée juste à l’ouverture du sommet européen, l’organisation patronale CBI et la confédération syndicale TUC ont supplié la Première ministre de changer d’approche sur le Brexit, alertant sur une situation d’«urgence nationale».

Signe que la perspective d’une sortie sans accord est prise au sérieux, environ deux tiers des entreprises britanniques ont effectué des démarches en vue d’un tel scénario, et 80% se disent «prêtes» à un Brexit «sans accord ni transition» le 29 mars, contre 50% en janvier, selon une enquête réalisée par la BoE.

«Il y a cependant toujours une minorité significative, un peu moins d’un tiers, qui n’a effectué aucune démarche», a néanmoins souligné l’institution.

Parmi les chefs d’entreprises qui disent ne pas s’être préparés, presque la moitié jugent qu’un Brexit sans accord n’aura aucun effet sur leur activité.

Néanmoins, selon les résultats, parmi les 300 chefs d’entreprise interrogés, la majorité pensent toujours qu’un Brexit dur conduira à une chute de l’emploi et de l’investissement au cours des 12 prochains mois, même s’ils sont légèrement plus optimistes sur son ampleur par rapport aux dernières enquêtes.

Les différents secteurs tentent de se préparer au mieux à un Brexit sans accord. Le gendarme britannique de la finance, la FCA, offrirait par exemple la possibilité aux banques et sociétés d’assurance européennes de continuer à proposer leurs services au Royaume-Uni.

La responsable internationale de FCA, Nausicaa Delfas, a expliqué jeudi à l’AFP qu’un millier d’entreprises européennes s’étaient enregistrées à cet effet, sur plusieurs milliers qui possèdent un passeport financier européen.

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