La directrice de la Confederation of British Industry Carolyn Fairbairn fait monter la pression à quelques jours d’un vote crucial du Parlement britannique.
La principale organisation patronale britannique a prévenu qu’un Brexit sans accord serait «ingérable», haussant le ton à quelques jours d’un vote crucial du Parlement britannique qui pourrait causer de l’agitation sur les marchés financiers.
«Ne nous y trompons pas, une absence d’accord est ingérable. Et elle n’est certainement pas souhaitable», a déclaré Carolyn Fairbairn, directrice générale de la CBI, selon des extraits d’un discours qu’elle a prononcé vendredi en fin de matinée à Bristol (sud-ouest de l’Angleterre) et publiés par l’organisation.
L’organisation patronale fait monter la pression avant le vote prévu mardi au Parlement britannique sur l’accord négocié par Londres et Bruxelles à propos de la sortie de l’UE.
Il n’est pas du tout certain que la Première ministre Theresa May obtienne l’aval des députés britanniques, ce qui pourrait alimenter d’autant l’incertitude et les craintes d’un divorce sans concession, scénario du pire pour les milieux d’affaires.
Le secteur financier s’attend à passer une nuit agitée mardi soir après le vote qui promet de nourrir la volatilité sur le marché, avec la livre sterling en première ligne.
Comme c’est généralement le cas avant des événements à risque, les banques et courtiers prévoient des dispositifs particuliers pour être capables de répondre aux requêtes de leurs clients et de les aider à traverser les possibles turbulences.
Le géant Barclays va mobiliser davantage de personnel à Londres, New York et Singapour, en particulier pour ses équipes spécialisées dans les devises. Le courtier en ligne AJ Bell s’est également préparé à être sollicité davantage que d’habitude tandis que la société financière Hargreaves Lansdown a prévu d’augmenter de 40% les moyens dédiés à ses clients si besoin.
Mais au-delà des soubresauts sur les marchés, les milieux d’affaires craignent surtout les conséquences économiques d’un Brexit sans accord.
Et elles «seraient profondes, étendues et durables», a prévenu Mme Fairbairn, évoquant un déclin de 8% du Produit intérieur brut, avec un impact certain sur la vie quotidienne des Britanniques.
«La responsabilité d’assurer une sortie ordonnée est désormais entre les mains du Parlement. Chaque parlementaire est démocratiquement choisi pour préserver la sécurité et la prospérité du pays. Et la semaine prochaine, ce sera un test», selon la dirigeante patronale.
La CBI n’a eu de cesse depuis de longs mois de mettre en garde contre les risques d’un Brexit sans accord, compte tenu des liens étroits de nombreuses entreprises britanniques avec le continent.
Une coupure brutale avec l’UE signifierait le rétablissement immédiat des contrôles douaniers, sans compter la possible panique des milieux financiers qui pourraient se débarrasser en masse des actifs britanniques.
«Les entreprises feraient face à de nouveaux coûts et droits de douane. Nos ports seraient perturbés, privant les entreprises des pièces dont elles ont besoin pour fournir leurs clients. Les accords commerciaux avec des pays comme le Japon, la Corée du Sud et la Turquie seraient perdus», car le Royaume-Uni en jouit actuellement via l’UE, détaille Carolyn Fairbairn.
De son côté, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a estimé vendredi à Bucarest qu’une absence d’accord serait «une catastrophe», estimant que «tous les efforts» devaient être faits pour l’éviter.
L’avertissement de la CBI intervient en outre au lendemain des propos du ministre des Entreprises, Greg Clark, expliquant qu’un Brexit sans accord serait «une situation désastreuse», contredisant la position officielle du gouvernement conservateur qui n’exclut pas une telle hypothèse.
Fin 2018, la vénérable et d’ordinaire prudente Banque d’Angleterre (BoE) avait dressé un tableau particulièrement inquiétant en cas d’absence d’accord, anticipant un possible effondrement de 25% de la livre, une chute du PIB et une remontée en flèche du taux de chômage et de l’inflation.
Anticipant des tensions en cas de perturbations de l’économie, la police britannique recommande désormais aux commerçants de renforcer leur dispositif de sécurité pour faire face à d’éventuelles pénuries de biens qui conduiraient les clients à se ruer dans les magasins.