BoJ: diagnostic économique assombri, politique inchangée

AWP

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La BoJ se montre plus pessimiste que dans son précédent rapport. «Les exportations et la production ont été affectées par le ralentissement observé à l’étranger», souligne l’institution.

© Keystone

La Banque du Japon (BoJ) a assombri vendredi son diagnostic économique face au ralentissement de la conjoncture mondiale, sans pour autant assouplir sa politique monétaire déjà très généreuse dans le but de doper une inflation poussive.

Dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion de deux jours, elle se montre plus pessimiste que dans son précédent rapport de janvier, alors que des statistiques médiocres ont entretemps semé le doute.

«Les exportations et la production ont été affectées par le ralentissement observé à l’étranger», souligne l’institution tokyoïte, alors qu’elle les jugeait auparavant sur «une trajectoire ascendante».

La banque centrale, toujours très précautionneuse, ne cède pas pour autant à l’alarmisme. Elle considère que «l’économie va poursuivre son expansion modérée», malgré cet affaiblissement temporaire.

Le gouverneur Haruhiko Kuroda s’est voulu rassurant devant la presse. «Le gouvernement chinois a annoncé un plan de relance majeur, et les économistes prévoient un redressement de l’économie en seconde partie d’année», a-t-il affirmé.

M. Kuroda s’est récemment dit prêt à renforcer son soutien à l’activité si la situation devait se dégrader. Mais le moment n’est pas venu: la banque centrale a ainsi reconduit à l’identique son ambitieux programme qui consiste en une batterie de mesures, comme l’avaient pronostiqué les 46 économistes interrogés par l’agence Bloomberg News.

Elle mène depuis 2013 des rachats d’actifs en masse, pour un montant annuel officiellement situé autour de 80’000 milliards de yens (environ 726 milliards de francs), mais qui varie pour que le taux des obligations d’Etat à 10 ans se maintienne autour de 0%.

«La barre est haute»

L’objectif est que les investisseurs qui se défont de ces actifs, des banques le plus souvent, réinjectent dans l’économie les liquidités qu’ils obtiennent en échange. Les établissements bancaires sont censés prêter aux ménages et aux entreprises qui, à leur tour, doivent stimuler la croissance et l’inflation.

Dans la même optique, la banque centrale nippone a instauré des taux d’intérêt négatifs (-0,1%) sur certains dépôts de banques dans ses coffres, pour les dissuader d’y faire dormir de l’argent.

«Vu qu’il ne reste pas beaucoup d’outils à sa disposition, nous n’anticipons pas d’inflexion de sa politique, à moins que le yen ne s’envole soudainement ou que l’économie mondiale ne se détériore radicalement», a relevé dans une note Katsunori Kitakura, analyste de Mitsui Trust Asset Management.

En tout cas, «la question n’est plus si la BoJ va normaliser sa politique ultra-souple mais au contraire si elle peut faire plus pour soutenir l’économie», renchérit Darren Aw, du cabinet d’études Capital Economics.

«Toutefois, la barre est haute pour un assouplissement supplémentaire étant donné les inquiétudes sur la stabilité financière et sur l’efficacité de nouvelles mesures», ajoute-t-il.

Malgré l’offensive sans précédent de la banque centrale, l’inflation se situe en deçà de 1%, loin de l’objectif de 2% fixé avec le gouvernement. Face aux appels venant du ministre des Finances, Taro Aso, à davantage de flexibilité, le gouverneur Haruhiko Kuroda a défendu cette feuille de route.

«Il est important de parvenir à cette cible afin de remplir notre obligation de stabilité des prix», a-t-il déclaré devant la presse. «Il va sans dire que notre mission n’est pas seulement d’augmenter les prix de 2%, mais de mettre en place une économie dans laquelle les prix augmentent graduellement sous l’impulsion de l’expansion», a-t-il insisté.

Les différentes banques centrales des pays riches sont sur le qui-vive face aux perspectives économiques assombries.

La Banque centrale européenne (BCE) avait surpris la semaine dernière les observateurs en repoussant à 2020 le moment de relever ses taux d’intérêt et en lançant une nouvelle vague de prêts géants et bon marché aux banques.

Devant les nombreuses incertitudes, du Brexit aux tensions commerciales entre Pékin et Washington, la Réserve fédérale américaine (Fed) a elle aussi décidé de marquer une pause dans son processus de resserrement monétaire.

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