La Banque d’Angleterre maintient son taux d’intérêt à 0,75%

AWP

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La BoE pointe l’augmentation «considérable» des incertitudes autour du Brexit.

La Banque d’Angleterre a maintenu son taux d’intérêt à 0,75%, l’institution redoublant de prudence face à l’augmentation «considérable» des incertitudes autour du Brexit.

Ce maintien attendu a été décidé à l’unanimité des membres du Comité de politique monétaire (MPC) de l’institution, qui ont également annoncé la poursuite inchangée du programme de rachat d’actifs. En 2018, la BoE n’aura relevé qu’une seule fois son taux directeur, en août.

Le MPC «est clairement en mode 'wait and see' en attendant la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, fin mars», a commenté Howard Archer, économiste à EY ITEM Club, alors que la livre britannique n’a presque pas réagi à la publication.

Dans son communiqué jeudi, la banque centrale a souligné que «les incertitudes sur le Brexit ont augmenté de façon considérable depuis la dernière réunion du Comité» il y a sept semaines.

«L’investissement a chuté lors de chacun des trois derniers trimestres et va probablement rester faible à court terme», a souligné l’institution, jugeant que «la nouvelle intensification des incertitudes autour du Brexit, couplée à un ralentissement de l’économie mondiale, pèse également sur les perspectives de court terme» pour le Royaume-Uni.

A désormais moins de cent jours du Brexit, le pays va entamer la pause parlementaire de Noël sans accord de sortie et en pleine confusion sur la suite du processus de divorce avec l’UE, alimentant un certain marasme.

Incapable de trouver une majorité parlementaire pour approuver l’accord qu’elle a négocié avec Bruxelles, la Première ministre britannique Theresa May a reporté à janvier un vote au parlement sur son projet d’accord, initialement prévu le 11 décembre.

Mais rien ne dit que les fêtes de fin d’année vont faire changer d’avis les députés, et le flou le plus total règne sur l’issue du processus, avec divers scénarios allant d’une sortie brutale sans accord à un second référendum sur l’appartenance du pays ou non à l’UE.

Prévisions abaissées

Prudente, la Banque d’Angleterre a aussi abaissé sa prévision de croissance de 0,1 point pour le dernier trimestre de cette année, à +0,2%, évoquant un contexte économique international incertain et des inquiétudes sur la croissance mondiale.

Jeudi, les marchés mondiaux décrochaient d’ailleurs, au lendemain des lourdes pertes de Wall Street provoquées par des annonces de la banque centrale américaine jugées téméraires par les analystes.

La BoE a également revu à la baisse ses prévisions d’inflation, s’attendant désormais à une hausse de 1,75% sur un an en janvier, du fait du «déclin des prix du pétrole», qui ont perdu plus de 35% depuis début octobre.

Lors de sa précédente réunion, l’institution avait affirmé ne pas s’attendre à ce que la hausse des prix tombe en dessous des 2% en glissement annuel, le niveau qu’elle vise, au cours des trois prochaines années.

En novembre, l’inflation a déjà ralenti à 2,3% sur un an, son rythme le plus faible depuis le début 2017, selon l’Office des statistiques nationales (ONS). En octobre, elle s’était élevée à 2,4%.

Quelques heures avant l’annonce de la décision de la Banque d’Angleterre, l’ONS a fait état par ailleurs d’un rebond des ventes au détail de 1,4% en novembre sur un mois.

Si la vigueur de cet indicateur a surpris les analystes, qui tablaient sur une hausse de 0,3%, la prudence restait de mise: de l’aveu même de l’ONS, les changements de mode de consommation rendent difficiles à évaluer rapidement l’ampleur des ventes pendant la période ô combien cruciale des fêtes de fin d’année.

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