Après un premier semestre sous pression, Thales mise sur un solide rebond

AWP

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«Au second semestre, nous allons retrouver un niveau quasi normal de productivité pour les activités non touchées par la crise de la demande», a prévenu le PDG Patrice Caine.

Après avoir vu son bénéfice net plonger et ses ventes fondre au premier semestre, plombés par la crise sanitaire, Thales prévoit un rebond «significatif» du chiffre d’affaires au second semestre, dopé par une dynamique «solide» hors du secteur aéronautique.

Sur janvier-juin, le groupe de technologie et de défense a vu son bénéfice net s’effondrer de 88% sur un an à 65 millions d’euros, et son chiffre d’affaires fléchir de 5,4% à 7,8 milliards d’euros (-13,6% à périmètre et taux de change constants), selon des résultats publiés vendredi.

Sur le seul deuxième trimestre, ses revenus ont reculé de 20%. D’une part, il y a «la forte contraction du marché de l’aéronautique civile», avec une chute de la demande de l’ordre de 50%, un phénomène «pérenne» qui pourrait perdurer «au-delà de 2020», a observé le PDG Patrice Caine lors d’une conférence téléphonique.

D’autre part, la crise du Covid-19 et les mesures de confinement ont paralysé l’appareil de production de Thales et l’accès aux sites des clients; mais cela «n’a pas vocation à perdurer» et hors secteur aéronautique, «on voit une dynamique solide sur nos autres marchés», a-t-il assuré.

De fait, au premier semestre, la branche «défense et sécurité», principale activité du groupe, a nettement mieux résisté (-7,6% du chiffre d’affaires) que l’aérospatiale (-25,4%) ou les transports (-14,1%).

«Au second semestre, nous allons retrouver un niveau quasi normal de productivité pour les activités non touchées par la crise de la demande», assure M. Caine.

Thales a dévoilé vendredi des prévisions révisées pour l’exercice 2020: anticipant «une augmentation significative» du chiffre d’affaires sur juillet-décembre par rapport au premier semestre, il mise désormais sur des revenus annuels compris entre 16,5 et 17,2 milliards d’euros (contre 18,4 milliards sur l’exercice 2019).

Une reprise confortée par l’implantation géographique du groupe, dont 74% des effectifs se trouvent en Europe - où la crise sanitaire semble stabilisée, relève-t-on chez Thales.

L’entreprise pointe également son «plan global d’adaptation», qui doit lui permettre d’économiser «environ 800 millions d’euros» sur l’année.

«Succès historiques»

Certes, «on ne s’est pas prononcé sur la rentabilité, pour l’année 2020, de chacune de nos activités», insiste-t-on chez Thales. Pour autant, fin juin, le carnet de commandes consolidé était jugé «solide», à 31,7 milliards d’euros, soit «1,7 année de chiffre d’affaires».

«Le premier semestre a été très actif du point de vue commercial, avec des succès historiques dans l’observation environnementale depuis l’espace et dans le naval militaire. Les contrats correspondants étant en cours de finalisation, ils devraient être intégrés dans les prises de commandes des tout prochains mois», s’est réjoui Patrice Caine.

Thales Alenia Space se taille la part du lion dans les commandes passées début juillet par l’Agence spatiale européenne (ESA) pour la deuxième phase de son programme d’observation de la Terre Copernicus.

«Un quasi grand chelem», selon M. Caine, qui se montre cependant plus réservé sur le marché des télécoms civils: «On fera les comptes à la fin de l’année. J’ai plutôt tendance à dire: soyons prudents avant de dire que le marché est vraiment reparti».

Autre gros contrat, l’armée allemande a sélectionné en juin un consortium incluant Thales pour réaliser quatre frégates MKS180, «le plus important projet de l’histoire de la marine allemande», selon le groupe français.

Dans un contexte encore très incertain, un plan de relance spécifiquement dédié à l’industrie de la défense est-il néanmoins nécessaire en France?

La bonne exécution de la loi de programmation militaire reste «la priorité des priorités», mais «si en plus, le gouvernement pouvait aller plus loin et proposer des mesures additionnelles, (...) on s’en réjouirait. ça irait dans le bon sens», observe avec prudence le PDG.

De même, Thales fait le dos rond après le budget adopté mardi par les dirigeants de l’UE: le Fonds européen de défense, qui doit permettre de cofinancer par l’UE des projets industriels communs, sera doté de 7 milliards d’euros pour la période 2021-2027, nettement moins que prévu initialement.

«Mais ce sont des budgets très conséquents, sur plusieurs années (...) Il ne faut pas tirer de conclusions hâtives», tempère Patrice Caine.

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