Les marchés restent dominés par le climat d’incertitude géopolitique et économique, amplifié par le retour en force du risque protectionniste. Le point focal demeure la date du 4 juillet, fin du moratoire de 90 jours sur les droits de douane décidée par Donald Trump. La tension politique croissante, notamment autour de la relation Trump-Musk, a accentué la volatilité, illustrée par la baisse marquée de Tesla et plus généralement du Nasdaq. Ces tensions ont temporairement éclipsé la reprise des négociations sino-américaines.
Le scénario de stagflation s’installe aux Etats-Unis
L’économie américaine donne des signes clairs de ralentissement. L’incertitude liée à la politique économique gèle les décisions d’investissement, freine les embauches et pèse sur la confiance des entreprises. Les commandes industrielles, après une phase de surchauffe alimentée par l’anticipation tarifaire, se contractent à nouveau. Les prix des intrants continuent d’augmenter, pesant sur les marges des entreprises.
La dynamique de l’emploi confirme ce diagnostic, seuls 37’000 postes privés ont été créés en mai selon l’enquête ADP, très en deçà des attentes (110’000). Le rapport officiel montre également un ralentissement avec 139’000 créations nettes d’emplois et un taux de chômage stable à 4,2%. La consommation faiblit, notamment dans le segment de la consommation discrétionnaire affecté par la prudence des ménages.
En parallèle, l’inflation reste modérée à ce stade, mais l’impact différé des nouveaux tarifs douaniers devrait se faire sentir d’ici la fin de l’été. Le scénario de stagflation s’installe progressivement comme le scénario central.
Sur le plan budgétaire, l’actuel projet de budget maintiendrait le déficit autour de 7% du PIB, malgré une volonté affichée de réduire les dépenses. Le prolongement des baisses d’impôts combiné à de nouvelles hausses tarifaires (env. 1% du PIB) constituent une entrave supplémentaire à la croissance 2025. Le dollar américain pâtit de cette défiance, -9% contre le franc suisse depuis le début de l’année.
La BCE baisse ses taux
La BCE a abaissé ses taux directeurs de 25 points de base, portant le taux de dépôt à 2%. Cette décision, largement anticipée, reflète une transition du régime de désinflation à celui de stabilisation, l’inflation revenant autour de l’objectif de 2%. Néanmoins, la BCE adopte un ton prudent face à la fragilité du commerce mondial.
L’Allemagne illustre cette dualité, des commandes industrielles en hausse en avril (+0,6% m/m, +4,5% y/y), mais avec une contraction simultanée de la production industrielle (-1,4%) et des exportations (-1,7%), notamment vers les Etats-Unis (-10,5%). L’excédent commercial s’en trouve fortement réduit (14,6 milliards d'euros contre 21,3 milliards en avril).
Les révisions à la baisse des prévisions de croissance mondiale par l’OCDE (2,9% pour 2025-26) et des bénéfices (S&P 500 à +9% contre +14% en janvier) renforcent le sentiment de faible visibilité. Sur le marché obligataire, les discussions autour du budget américain continuent d’exercer une pression sur les taux.
Sur la semaine écoulée, tous les indices majeurs ont progressé; l’indice S&P 500 de 1,50%, le Nasdaq de 1,97%, le Stoxx Europe 600 de 0,92% et le SMI de 1,14%.
L’essentiel en bref