Paris a reculé de 1,43%, Francfort de 1,33%, Milan de 1,64%, Londres de 1,01%. A Zurich, le SMI a cédé 0,98%.
Trois brutales chutes entrecoupées de deux maigres rebonds: malgré les mesures des autorités suisses et américaines, le secteur bancaire a conclu une semaine noire par un nouveau plongeon vendredi, plombant l’ensemble des marchés.
Les inquiétudes se concentrent avant tout sur Credit Suisse en Europe, qui a chuté de plus de 8% vendredi, et sur First Republic aux Etats-Unis, qui lâche 26,5%. Sur la semaine, leur valorisation en Bourse a dévissé respectivement de plus de 25% et de près de 70%.
Plus globalement, l’indice des banques européennes a chuté de 2,85% vendredi, creusant ses pertes à 11,47% sur la semaine, la plus forte depuis six mois. Les pertes hebdomadaires ont été encore plus notables pour Société Générale (-16,94%), Commerzbank (-19,53%), ING (-14,76%), Standard Chartered (-14,30%) et Unicredit (-14,31%).
Les banques américaines étaient sur la voie d’une seconde chute de plus de 10% sur la semaine en moyenne, particulièrement les enseignes régionales et de taille moyenne, les investisseurs se demandant «qui sera la prochaine à avoir besoin d’aide», selon Craig Erlam, analyste d’Oanda.
«La valeur d’une banque, c’est la confiance qu’on lui porte et on a besoin de la restaurer», explique Vincent Juvyns, membre de l’équipe stratégie mondiale de JP Morgan AM.
La tendance a balayé les indices européens, qui avaient pourtant tenté un rebond à l’ouverture: Paris a reculé de 1,43%, Francfort de 1,33%, Milan de 1,64%, Londres de 1,01%. A Zurich, le SMI a cédé 0,98%.
Wall Street évoluait aussi en baisse, également échaudée par le repli plus fort qu’attendu de la confiance du consommateur américain, qui se situe toujours à des niveaux historiquement bas. Vers 16H50 GMT, le Dow Jones reculait de 1,07%, l’indice S&P de 1,01% et le Nasdaq de 0,80%.
Les mesures prises jusque-là, comme les 30 milliards de dollars de dépôt de onze grandes banques américaines au sein de First Republic, ou celles des banques centrales plus tôt dans la semaine, ne sont parvenues à ramener le calme que quelques heures.
Les investisseurs restent effrayés par une possible contagion à d’autres établissements, après la faillite éclair de la Silicon Valley Bank (SVB) la semaine passée. Sa maison mère, SVB Financial, a annoncé vendredi avoir déposé le bilan.
Le chef économiste de l’OCDE a écarté toute «crise systémique» pour éloigner le spectre de la crise financière de 2008. L’institution a relevé ses prévisions de croissance pour 2023 et 2024.
«Etablir des parallèles entre le secteur bancaire et des banques en particulier, avec les crises précédentes nous paraît injustifié», estiment aussi les analystes de RBC.
Mais la grande fébrilité des investisseurs se lisait partout: le marché des emprunts d’Etats a connu la volatilité la plus forte depuis 2008, avec une forte baisse des rendements.
L’or évoluait à son plus haut niveau depuis avril 2022, à 1.960 dollars l’once alors que les prix du baril de pétrole dévissaient d’environ 12% sur la semaine, pour évoluer à leur plus bas niveau depuis quinze mois.
Signe de tensions financières, les banques américaines auraient emprunté ces derniers jours 164,8 milliards de dollars auprès de la Réserve fédérale américaine, selon l’agence d’informations financières Bloomberg.
Credit Suisse a aussi reçu le soutien de la banque nationale suisse pour renforcer ses liquidités. L’hypothèse d’un rachat a refait surface, selon des analystes, mais son rival UBS refuse pour l’heure d’y prendre part, d’après Bloomberg.
La Banque centrale européenne (BCE) devait réunir vendredi son organe de surveillance des banques en zone euro pour un «échange de vues» sur le secteur, a appris l’AFP. C’est la seconde fois que cet organe est convoqué cette semaine hors du calendrier habituel.
Toutes ces turbulences ont alimenté les spéculations sur un assouplissement des positions des banques centrales à l’égard de l’inflation afin d’éviter une grave récession.
La BCE a toutefois réaffirmé jeudi sa détermination en relevant ses taux d’intérêt directeurs de 0,5 point de pourcentage supplémentaire. Les investisseurs attendent désormais la décision de la Fed, prévue mercredi.
Gagnant de la semaine, le bitcoin a bondi de 23% pour dépasser les 26.400 dollars, porté par l’hypothèse d’un assouplissement monétaire.