Logitech plonge en Bourse après le départ surprise de son CEO

AWP

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A 13h30, la nominative du groupe de périphériques informatiques décrochait de plus de 10% à 51,88 francs, lanterne rouge d’un SMI en repli de 0,24%.

Logitech était copieusement boudé mercredi à la Bourse suisse, après avoir surpris son monde la nuit dernière en annonçant la démission avec effet immédiat de son directeur général (CEO) Bracken Darrell. Dans l’attente du remplacement de celui qui aura passé plus de dix ans à la tête du groupe valdo-californien, la nomination de l’administrateur Guy Gecht pour assurer l’intérim n’a pas suffi à rassurer les investisseurs et la communauté financière.

A 13h30, la nominative Logitech décrochait de près de 10,6% à 51,88 francs, lanterne rouge d’un SMI en repli de 0,24%. Quelque deux millions d’actions avaient déjà changé de main, soit près de quatre fois le volume journalier moyen. Le titre restait cependant considérablement éloigné du plus bas à 42,07 francs enregistré l’automne dernier.

Décadence et grandeur

Lorsque Bracken Darrell en a repris les commandes en avril 2012, le fabricant de périphériques informatiques traversait une crise profonde. Après avoir manqué le tournant des smartphones et des tablettes, le groupe avait vu son action tomber à 7 francs et nombreux étaient les experts qui lui prédisaient alors une fin imminente.

La nomination de ce vétéran de l’électroménager (Whirlpool) et des biens de consommation (Procter & Gamble) avait étonné à l’époque. Contre toute attente, l’Américain est parvenu à redresser la barre, en insufflant à la multinationale un nouveau souffle et en recentrant sa palette de produits vers le consommateur. Une réorientation qui a permis à Logitech en quelques années de rivaliser avec les grands du secteur comme Apple, Microsoft ou encore JBL.

Après une perte de près d’un quart de milliard de dollars en 2013, l’entreprise a renoué avec les bénéfices l’année suivante, et a enregistré une croissance ininterrompue de ses revenus depuis 2016. En 2020, l’essor du télétravail en raison de la pandémie de Covid-19 s’est traduit par une explosion de la demande, faisant de Logitech un des grands gagnants de la crise sanitaire, même si l’entreprise a depuis dû faire face à des difficultés d’approvisionnement.

Les surperformances régulières du groupe par rapport aux attentes du marché ont alors valu à l’action Logitech de grimper jusqu’à 120 francs. La consécration arrive mi-2021 avec l’accession du titre au SMI des valeurs vedettes de la Bourse suisse, au détriment de la porteur Swatch.

Raisons obscures

Contactée par AWP, la direction de Logitech n’a pas souhaité communiquer plus de détails quant aux raisons du départ soudain de son CEO, se contentant de précisé que celui-ci intervenait à la demande de l’intéressé. Vu l’ancrage du groupe à la fois en Suisse romande et en Californie, la recherche du successeur de Bracken Darrell s’effectuera à l’international.

Dans la foulée de l’annonce, la Banque cantonale de Zurich (ZKB) a dégradé à «pondérer au marché» sa recommandation pour le titre dont elle préconisait jusqu’ici l’achat, déplorant l’absence de «raison effective» pour justifier le départ de l’Américain, ainsi que le manque de visibilité qui entoure la suite de l’exercice 2022/23.

«Après une performance fulgurante pendant la pandémie, les fondamentaux sont actuellement dans un processus de normalisation qui pourrait se prolonger au moins jusqu’en 2024», estime la ZKB, qui signale l’existence de moteurs de croissance structurels, mais dont on ignore le calendrier de lancement et l’incidence attendue sur les revenus.

Moins alarmiste, Vontobel estime que si la démission de Bracken Darrell est abrupte, elle n’est pas une surprise totale au vu de la multiplication des signaux laissant présager un changement. La banque de gestion zurichoise s’attend à ce que Logitech maintienne le cap actuel et campe sur sa recommandation d’achat (buy) au vu de l’hégémonie du groupe sur ses marchés clés, ainsi que des moteurs structurels de demande.

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