La chronique des marchés de Vontobel au 4 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq +1,13%, SPX +0,97%, Dow +1,11%, Russell +1,7%, SOX +2,34%, Eurostoxx +0,54%, SMI +0,32%.

Wall Street termine superbement sa semaine, les indices S&P500 (SPX) et Dow Jones atteignant tous deux de nouveaux records historiques à la cloche. On termine la séance au plus haut du jour, les acheteurs n’ont peut-être pas terminé leur travail. C’est la statistique des créations d’emplois aux Etats-Unis au mois d’octobre qui donne du courage aux bulls (haussiers). Le chiffre est sans appel avec 128'000 nouveau postes créés contre 85'000 attendus. De plus le chiffre du mois précédent est nettement révisé à la hausse, de 136'000 à 180'000. Le taux de chômage reste extrêmement faible à 3,6%. Notons que les indices PMI Markit US manufacturier (directeurs d’achats) et ISM manufacturier manquent tous deux les attentes mais tout le monde s’en fiche. On ne regarde que le positif, c’est ainsi, la psyché du marché semble toute rose actuellement. Il faut dire que qui vous savez, empêtré dans cette épine du pied que constitue la procédure de destitution à son encontre, a adouci son discours et fait tout pour que le dossier de la guerre commerciale avec Pékin progresse. C’est dans cette optique que le Secrétaire au Trésor Steven Mnuchin déclare que les Etats-Unis et la Chine travaillent dur afin de parvenir à un accord. Son collègue au commerce, Wilbur Ross, en rajoute une couche en indiquant son optimisme que les Etats-Unis vont conclure un accord de «phase une» avec la Chine ce mois de novembre. A Pékin on se met au diapason et les autorités annoncent avoir trouvé un «consensus de principe» avec les Etats-Unis lors d’une conversation téléphonique. Sur le front des résultats de sociétés, on peut dire que la semaine fut excellente, cette fameuse semaine de tous les dangers avec une énorme quantité de sociétés du SPX sur le front. La poussière retombe et l’on constate que, sur les 358 firmes de l’indice S&P500 s’étant livrées à l’exercice de la publication de leurs résultats, 60,3% ont battu les attentes des analystes sur la partie des revenus alors que 79,6% d’entre elles ont fait mieux qu’attendu sur la partie du bénéfice, c’est vraiment très bon. Les esprits chagrins argueront du fait que les attentes avaient été nettement réduites. Certes et en même temps le marché fonctionne ainsi, qui veut simplement que les consensus soit battu. Vendredi nous avons aussi droit à deux discours de membres de la Fed (Rosengren et Williams), qui indiquent pour le premier qu’une politique monétaire encore plus expansionniste n’est pas nécessaire et, pour le second, que l’économie des Etats-Unis est forte et dans une bonne position. Cela aussi plait aux intervenants, qui apprécient la confiance de ces banquiers centraux dans l’économie car, depuis quelques temps, tout le monde a compris que la Fed n’hésitera pas une nano-seconde à dégainer une nouvelle baisse de taux si l’économie montre de nouveaux signes de détérioration.

Résumons, les statistiques économiques sont mitigées mais le marché ne regarde que le côté éclairé de la force, les résultats de sociétés sont excellents, les banquiers centraux en mode confiants et le happy-end de la saison une de la série «Donald vs Pékin» semble de plus en plus proche.

Dans ce contexte, le SPX réalise une hausse de 1,5% sur la semaine, la quatrième positive d’affilée. Les indices Russell2000 et des Transports décollent de 1,7% et 2% respectivement, un excellent signe car ils constituent tous deux des indicateurs avancés et nous indiquent que «l’armée suit les généraux sur la colline», ce qui est plutôt rassurant n’est-ce pas? La volatilité baisse encore, l’indice VIX recule de 6,9% à 12,30. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte à 1,74% (1,69% vendredi matin), les intervenants se débarrassant de cette valeur dite refuge. Le pétrole est soutenu, le baril de WTI Light Crude à 56 dollars. L’or reste au-dessus des 1500 dollars par once. Sur le front des secteurs, l’énergie surperforme alors que les utilitaires font du surplace. Attention aux «market internals», ces indicateurs ignorés du plus grand nombre tels que le ratio put/call, qui revient à un plus bas et nous indique que les investisseurs se sont débarrassés pour la plupart de leurs options puts (droit de vendre) et donc de leur protection contre une baisse du marché. Sur la partie du  Crédit, il faut également rester très attentif, le TED Spread s’est dangereusement écarté, qui indique que les prêteurs craignent de plus en plus des faillites en grand nombre aux Etats-Unis. 60% des entreprise américaines sont désormais notées BBB, chiffre qui a doublé en dix ans…Le moment semble donc opportun de protéger son exposition aux actions si on ne l’a pas déjà fait. Cette vague haussières des indices d’actions est superbe, on peut s’y maintenir, mais en portant un gilet c’est nettement mieux.

Saudi Aramco a lancé son IPO sans préciser le calendrier exact, mais une cotation initiale est envisageable en décembre à Ryad, où 1 à 2% du capital seraient placés, sur la base d'une capitalisation qui atteindrait 1500 milliards de dollars, soit plus qu'Apple ou Facebook, mais moins que les espoirs initiaux de l'Arabie Saoudite, qui avoisinaient 2000 milliards. Google a annoncé vendredi le rachat de Fitbit pour 2,1 milliards de dollars. McDonald's a congédié son CEO, Steve Easterbrook, à cause d'une relation amoureuse avec un membre du personnel de l'entreprise, ce qui est interdit par le code éthique du géant américain. Les compagnies aériennes américaines ont prévu des démonstrations de sécurité avant le retour en exploitation du Boeing 737MAX, notamment en organisant des voyages avec des dirigeants à bord. Berkshire Hathaway est assis sur un trésor de guerre record, mais Warren Buffett ne trouve pas de grosses cibles intéressantes. Under Armour fait l'objet d'une enquête comptable aux Etats-Unis. NZZ révèle qu'UBS Group pourrait payer moins que prévu dans le scandale de l'évasion fiscale en France, en se basant sur une décision de la Cour de cassation estimant que les tribunaux français doivent calculer les amendes sur la base des impôts effectivement soustraits et non sur la base des fortunes dissimulées.

La lecture finale des indices PMI manufacturiers est attendue ce matin dans plusieurs pays d'Europe et dans la zone euro. A 16h00, les investisseurs prendront connaissance des commandes d'usine aux États-Unis. Par ailleurs, la nouvelle patronne de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, doit réaliser une première sortie publique dès ce soir lors d'un discours en l'honneur de Wolfgang Schäuble à Berlin.

Cette semaine le flux de nouvelles va ralentir. Nous suivrons notamment la décision de la Banque d’Angleterre, les discours de 10 membres de la Fed, de nouvelles statistiques économiques en Chine et la suite des résultats de sociétés aux Etats-Unis avec, en vedette, Walt-Disney. Sur le front des statistiques économiques, nous nous concentrerons sur l'ISM des services demain et l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan vendredi.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices applaudissent Wall Street des deux mains et emboîtent son pas, à l’exception de Tokyo, qui est fermée pour la journée…Hong Kong progresse de 1,7%, l’indice HSI a cassé sa moyenne mobile à 200 jours. À Shanghai, on avance de 0,58% et Séoul avance de 1,43%, là également l’indice phare Kospi a cassé sa 200 jours. En Europe, les indices débutent la journée sur une note positive, d’environ 0.6% alors que le future SPX progresse encore de 9 points.

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