Wall Street est une vieille fille romantique qui adore les happy end. Exit décembre 2018, place à un cru rare, décembre 2019, du moins jusqu’à ce vendredi 20 décembre. Hier les indices applaudissent des deux mains la confirmation par le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin, que l’accord de «phase 1» sera signé début janvier avec Pékin. Ceci implique donc un allègement des sanctions douanières à l’encontre de la Chine, c’est donc bon pour le commerce global et, in fine, le sentiment des investisseurs. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, la chambre basse des Etats-Unis valide le nouvel accord de libre-échange entre le Mexique, le Canada et les USA. Il n’en faut pas plus au marché pour se mettre en orbite à nouveau, les indices S&P500 (SPX), Nasdaq100 (NDX) et Dow Jones atteignant tous trois d’énièmes records historiques à la cloche. Le Russell2000 (RTY), des petites capitalisations US, traite une fois encore à son plus haut niveau en 52 semaines, rappelons que le RTY est considéré par beaucoup comme un indicateur avancé. Les actions de marchés émergents ne sont pas en reste avec l’ETF EEM (iShares MSCI Emerging Markets) qui atteint lui aussi son top en 52 semaines. On observe des couvertures de positions à découvert (short) dans le secteur de la tech et, en parallèle, les fonds passifs (ETFs) sont massivement acheteurs dans le SPX. Notons enfin que ce dernier clôture à son plus haut du jour, cette fin d’année ressemble à s’y méprendre à une situation dite de FOMO (Fear Of Missing Out). Les indices d’actions réalisent de telles performances cette année que bon nombre de gérants, trop peu ou pas exposés à cette classe d’actifs, doivent prendre le train en marche, même si leurs performances seront forcément peu flatteuses. Et dans ce contexte de recherche désespérée de rendement, on peut aussi mentionner l’acronyme TINA (There Is No Alternative… but stocks) car où donc ailleurs que dans les actions peut-on actuellement trouver quelque rendement que ce soit? Dans les produits structurés certes, cela dit ces produits concernent une population plus initiée que la moyenne.

Revenons au marché. Ces hausses quotidiennes, ces records historiques ne sont pas sans conséquences. La plupart des indices d’actions sont entrés en territoire suracheté. Selon l’analyse technique de Tom Demark, le SPX a envoyé un signal de vente cette semaine, la volatilité est historiquement basse avec un indice VIX à 12,50, ce qui peut indiquer qu’une certaine complaisance s’est installée dans le marché. Un autre indicateur de sentiment, le CSFB Fear Barometer traite à ses plus hauts récents. Ce n’est pas anecdotique, le CSFB est un excellent indicateur avancé, en l’occurrence d’un top du marché. Alors si l’on se met à faire le point sur les performances annuelles des indices (SPX +27,86%, NDX +36,51%, Eurostoxx50 +24,58%, SMI +25,46%) et qu’on y ajoute les valorisations actuelles, on pourrait être tenté de tout vendre pour voir venir. Une approche raisonnable probablement. Cela dit, on sous-estime souvent l’incroyable capacité des marchés d’actions à se comporter au mépris de toute logique. De plus les banques centrales inondent la planète de liquidités et ne semblent pas prêtes à fermer le robinet, même si la Fed fait actuellement une pause. Dans un tel contexte, on peut tout à fait conserver ses positions en actions en les protégeant au moyen d’une option dite «put». C’est simple à implémenter, transparent et cela ne coûte actuellement pas cher car la volatilité est faible et ça permet à tout un chacun de rester investi tout en passant des fêtes sereines.

Le rendement de l’emprunt US à 10 ans reste stable, à 1,92%, notons que la courbe US des taux n’avait plus été aussi pentue depuis une année, les espoirs de retour de la croissance alimentent le fantasme de l’inflation à nouveau. L’or ne bouge quasiment plus, l’once traite à 1477 dollars, le pétrole reste demandé, le WTI Light Crude est à 61,17 dollars le baril mais semble tout de même peu à même d’aller beaucoup plus haut en l’état. Le dollar reste relativement fort, la paire eur/usd à 1,1120. Le sentiment général du marché est bon et le franc suisse s’apprécie contre euro, à 1,0887, allez comprendre…

Facebook pourrait être confronté à une fuite de données massive, que le groupe étudie, après un signalement de chercheurs en cybersécurité. Nestlé a retenu l'offre de l'espagnol Casa Tarradellas pour la cession de 60% de Herta, en conservant 40% des parts, sur la base d'une valorisation de 690 millions d’euros pour 100% du capital. Grâce à un retour en grâce auprès des investisseurs, Tesla a franchi le cap des 400 dollars en bourse, soit un doublement depuis les plus bas 2019 remontant au mois de juin. Le vaccin de Merck contre la fièvre Ebola approuvé par la FDA. Nike a annoncé un bénéfice et un chiffre d'affaires trimestriels supérieurs aux attentes, mais ses ventes en Amérique du Nord ont été inférieures aux prévisions, si bien que le titre perd 2% hors séance. La justice suisse a repoussé l'appel de Swisscom concernant l'amende de 186 millions de francs infligée au «cartel de l'ADSL». Lindt & Sprüngli renforce sa direction générale. Dufry va exploiter quatre boutiques de plus à l'aéroport de Singapour.

Dépenses de consommation françaises (sorties plus faibles qu’attendu) et PIB britannique du troisième trimestre dans sa version finale (10h30) sont au programme en matinée. Aux Etats-Unis, la dernière lecture du PIB du troisième trimestre est aussi au menu (14h30), comme les revenus et dépenses des ménages, les prix à la consommation «core» et l'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan dans sa version finale (16h00).

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé avec Tokyo qui recule de 0,20% à la cloche, le dollar/yen traite à 109,37. Hong Kong progresse de 0,07%, Shanghai rend 0,4% et Séoul gagne 0,35%. En Europe, les marchés ouvrent en très légère hausse alors que le future SPX traite proche de son équilibre.

Nous sommes le troisième vendredi du mois, c’est donc jour d’expiration d’options et de futures. C’est également aujourd’hui que les indices d’actions vont être rebalancés avec des entrées et sorties de titres. On peut donc s’attendre à quelque résurgence de volatilité.

 

L’actualité des marchés va faire une pause et reviendra vous ennuyer, en pleine forme, dès le lundi 6 janvier. Passez de très belles fêtes de fin d’année.