La chronique des marchés de Vontobel au 18 décembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq +0,10%, SPX +0,03%, Dow +0,11%, Russell +0,46%, SOX +0,47%, Eurostoxx -0,73%, SMI -0,03%.

Wall Street ne suit pas l’exemple de Boeing et se laisse encore porter un peu plus haut, dans de bons volumes d’échanges. Les indices S&P500 (SPX), Dow Jones et Nasdaq100 (NDX) atteignent tous trois de nouveaux records historiques à la cloche. Le très suivi indice des petites et moyennes capitalisations, le Russell 2000, atteint son plus haut niveau en 52 semaines. Hier ce sont deux statistiques économiques encourageantes (mises en chantier et production industrielle) aux Etats-Unis qui incitent les intervenants à poursuivre leurs achats. Le secteur de l’acier est emporté vers le nord par Worthington Industries (WOR +8,78%) après ses résultats. Les semi conducteurs profitent de deux commentaires encourageants d’analystes, chez Piper et Wedbush, les titres chinois liés à internet permettent aux réseaux sociaux de passer une bonne séance, les banques profitent des taux obligataires qui remontent, Goldman Sachs est d’ailleurs relevée par Wells Fargo, les compagnies pharmaceutiques sont également recherchées, encouragées par Eli Lilly (LLY +1,99%) qui relève ses objectifs de croissance. La volatilité remonte quelque peu ce qui indique que les intervenants achètent de la protection, l’indice VIX en progression de 1,2% à 12,29. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans gagne un tick par rapport à hier matin et se situe à 1,87%, l’or stagne à 1474 dollars par once et le pétrole reste soutenu, à 60,46 dollars le baril de WTI Light Crude. Le dollar fait une pause, la paire eur/usd à 1,1139. En parlant de monnaies, notons la livre sterling qui chute à 1,3124 contre le billet vert, le marché craint à nouveau que le Brexit ne se réalise sans accord entre Londres et l’Union Européenne.

En observant la configuration technique des principaux indices d’actions, on constate que le S&P500, le Russell2000, l’Eurostoxx50 et le Nikkei225 envoient tous un signal de vente aujourd’hui (Tom Demark 9-13-9 Buy Exhaustion). Une consolidation voire un léger recul ces prochaines séances ne constituerait pas une surprise, le marché est «bien nourri» cette année.

Regardons Boeing d’un peu plus près. Le constructeur aéronautique américain a pris acte lundi que son avion vedette n'était pas près de revoler en annonçant la suspension de la production à partir de janvier, et pour une durée indéterminée. Le 737 MAX est cloué au sol depuis mi-mars après deux accidents ayant fait 346 morts. Et alors que Boeing a martelé que son avion revolerait avant la fin de l'année, la FAA, le régulateur américain, a douché ses espoirs la semaine dernière. À priori, en Europe on pourrait se réjouir des déboires de l’avionneur de Chicago, Airbus ne devrait-elle pas en profiter? Dans la réalité il n’en est rien, bien au contraire. Tout d’abord le carnet de commandes d’Airbus est plein. Il faut savoir par ailleurs que 600 sous-traitants gravitent autour de la famille 737, beaucoup d’entre eux sont des petites et moyennes entreprises et risquent beaucoup en l’absence de leur principal client. Prenez la France par exemple, le parisien Safran est un des équipementiers de Boeing. Le groupe fabrique tous les moteurs des 737 en partenariat avec General Electric (GE). L’arrêt de la production du 737 Max va obliger Safran à réduire fortement sa production, qui pourrait descendre à 30 moteurs par mois, soit l’équivalent de 15 Max, contre 42 aujourd’hui. De l’autre côté du miroir, on retrouve par exemple Ryanair, la compagnie aérienne à bas coûts, qui ne vole que sur des Boeing 737 – 800 et attend désespérément la livraison de plusieurs avions, dont elle ne verra pas la couleur avant longtemps. Des avions qui patientent dans le stock de Boeing, qui devient si gros que la firme a placé des 737 Max sur le parking voitures de ses propres employés. 400 modèles se serrent actuellement sur ses parkings…Pire encore, pour autant que cela se vérifie. Selon Oxford Economics, la crise de Boeing pourrait avoir un impact sur le PIB des Etats-Unis de 0.5% l’an prochain. C’est énorme et on sait bien que lorsque l’Oncle Sam éternue, c’est toute la planète qui s’enrhume.

FedEx décroche post-clôture après un nouvel avertissement sur ses résultats. La filiale américaine de BAE Systems décroche un contrat géant de 17 milliards de dollars avec le renseignement américain. Ford prévoit de créer 3000 emplois dans le Michigan après l'accord avec le syndicat UAW. Nvidia a décroché des contrats auprès des géants chinois de la technologie, Alibaba, Baidu et Didi, pour leur fournir des processeurs. Amazon renforce son réseau de logistique aérienne en faisant appel à Sun Country Airlines pour opérer 10 avions-cargos. Beike, une jeune pousse financée par Tencent, pourrait entrer en bourse en 2020. Tesla pourrait abaisser de 20% le prix de ses véhicules en Chine dès l'année prochaine, pour créer un choc de consommation.

L'indice Ifo de confiance des milieux d'affaires allemands monopolisera l'attention ce matin à 10h00. Il sera suivi des chiffres de l'inflation au Royaume-Uni (10h30) et en Europe (11h00). Aux Etats-Unis, ce sont surtout les stocks pétroliers qui seront scrutés (16h30). Deux banquiers centraux de la Fed doivent aussi prononcer des allocutions lors de manifestations publiques, tandis que Christine Lagarde doit ce matin (9h30) introduire la cérémonie de la BCE en l'honneur de Benoît Coeuré.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé avec Tokyo qui recule de 0,55% à la clôche, Hong Kong qui traite à l’équilibre, Shanghai qui recule de 0,18% et Séoul qui est également inchangée. En Europe, les marchés ouvrent pile à l’équilibre alors que le future SPX ne bouge pas. Bref…on s’ennuie ferme sur les places financières du globe et cela sent à plein nez le début de la fin de l’année.

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