La chronique des marchés de Vontobel au 14 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

2 minutes de lecture

Nasdaq -0,25%, SPX -0,40%, Dow -0,50%, Russell -0,68%, SOX +0,14%, Eurostoxx -0,48%, SMI -0,29%.

Ça bosse fort à Wall-Street qui poursuit ses révisions d’été. Cette semaine c’est géographie. Croyez bien que désormais chaque trader de downtown Manhattan sait placer la Turquie sur une carte. La tendance baissière se poursuit sur fonds de crise économique turque et de guerre commerciale. Il faut dire que le discours du président Erdogan de vendredi a inquiété plus d’un, et pas seulement des investisseurs. Les commentaires du président ont provoqué des retraits bancaires massifs. La Banque centrale de Turquie a du coup précisé de son côté qu’elle allait fournir toute la liquidité nécessaire aux banques locales, et qu’elle allait réduire les coefficients de réserves obligatoires en livres et en devises. Mais hier cela ne suffisait apparemment pas aux yeux du marché, la livre turque s’effondrant un peu plus et se «stabilisant» aux alentours de 7 livres pour un dollar. En parallèle, les CDS (Credit Default Swaps), qui sont des assurances que l’on peut acheter afin de se prémunir contre le défaut d’une société ou d’un Etat, les CDS sur la Turquie donc ont vu leur coût augmenter drastiquement hier à un niveau plus observé depuis 2008 (quelque chose a dû se passer cette année-là...). Le niveau actuel du CDS sur la Turquie traite à un niveau nettement plus élevé que celui de l’Argentine alors que les deux pays ont la même note de crédit, well…ce matin la livre turque se reprend quelque peu et rebondit de 6% à 6.48. C’est une étape mais, en l’état, le gouvernement Erdogan n’a pas annoncé de «master plan», la volatilité de la livre devrait probablement rester élevée tant que ce n’est pas le cas.

Revenons au marché des actions avec les secteurs des semi-conducteurs et les FAANGs (Facebook, Apple, Amazon, Netflix, Google) qui se portent bien et profitent que le monde entier n’a d’yeux que pour Ankara pour discrètement prendre la tangente vers le nord, l’indice NY Fang clôturant en hausse alors que le Nasdaq abandonne 0.25%. La volatilité tente un retour, l’indice VIX grimpant de 13% pour s’approcher des 15 points. C’est bien mais cela reste faible et il est beaucoup trop tôt pour la vendre, l’investisseur qui patientera jusqu’à 25 et donnera la vol à ce niveau devrait être récompensé. Parlons un peu de l’or, qui ressemble de plus en plus au «H» de Hawaï. Hier dans le contexte que nous connaissons, le métal jaune est délaissé, abandonné même et casse le niveau de 1200 dollars par once. La pseudo valeur refuge revient à son niveau de mars 2017. Les coupables de cet accès d’anémie ? Le dollar fort et les taux d’intérêts réels en hausse. Il se murmure par ailleurs dans le marché que la banque centrale de Turquie pourrait vendre de l’or pour défendre la livre. 

Tiens! Le bitcoin est brièvement repassé en-dessous des 6’000 dollars. A ce niveau un trader achèterait une demi position (just my view).

On reparle de Tesla et du Tweet d’Elon Musk. Cette fois-ci c’est le New York Times qui indique que, contrairement aux dires du CEO de Tesla, le conseil d’administration de la compagnie n’était pas au courant de son envie de privatisation. A ce propos, nous lançons ce jour un produit structuré sur Tesla avec une barrière se situant au-dessus de …420 dollars. N’hésitez pas à me solliciter à ce sujet.

Aujourd’hui nous suivrons les prix à l’importation et à l’exportation aux Etats-Unis, le PIB ( et le ZEW (climat des affaires) en Allemagne, en France le taux de chômage, qui ressort légèrement mieux que prévu et la production industrielle ainsi que le PIB en zone Euro. Mais surtout, nous suivrons ce qui se passe en Turquie, bien que l’on sente déjà une forme de détente à ce sujet dans le marché. Gardez l’œil rivé sur un indicateur, la livre, elle vous avertira si quelque chose se passe. 

Si l’on fait un point de la situation, la géopolitique a repris le dessus et les probabilités d’un règlement rapide de la crise turque sont faibles. Cela dit, c’est surtout la Turquie qui semble impactée et les fondamentaux de la plupart des autres marchés émergents sont solides, leurs banques centrales respectives veillant au grain de surcroit. Nous restons constructifs sur les marchés émergents. En parallèle les négociations sur le Brexit se poursuivent (si si). Cela dit cela patine, les protagonistes débattant de la date… Et sinon, l’économie américaine pète la forme, ses entreprises carburent à plein régime et rachètent leurs propres actions à tour de bras. Que demande le peuple de Wall-Street? Restons focalisés sur les fondamentaux (et achetons peut-être un peu d’euro contre franc, just my view).

Les marchés d’actions européens ouvrent en hausse de 0.6% ce matin, le sentiment s’améliore et un euro faible ne peut faire de mal aux indices du vieux continent. En Suisse, Straumann, que nous aimons, rend une belle copie et décolle de 3%... Rappelons-nous que la crise Turque est loin d’être résolue, rappelons-nous aussi que le PIB turc représente 1% du PIB mondial…

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